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Analyses et points de vue

Tribune : « Tribalisme » et « Corruption », 2 maux majeurs qui gangrènent la société RD Congolaise ( Par Daniel Kuezina TONDUANGU)

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Une de mes analyses sur le tribalisme vient d’être republiée par Congoprofond.net (le tribalisme, péché originel de la vie socio-politique congolaise) ; ce début de campagne électorale en RDC m’offre l’opportunité de revenir sur une autre tribune que j’ai publiée en décembre 2018 : une charte de bonne conduite pour l’élite congolaise.

L’histoire de la RDC balbutie en permanence, tant qu’on n’aura pas tiré des leçons de notre passé, on ne pourra jamais amorcer un développement harmonieux et intégral.

Je voudrais dans cette petite tribune, revenir sur un extrait du discours du feu le Président Mobutu prononcé le 25 novembre 1977 lors des assises du deuxième congrès ordinaire du Mouvement Populaire de la Révolution(MPR), l’ancien parti unique ; celui qu’on appelait le Président-Fondateur y dénonçait pour la première fois le mal zaïrois :

Je le cite :

« Qu’est-ce qui ne va pas ?

Bien des choses, aux yeux de plusieurs observateurs. Mais à mon sens, le cœur du mal zaïrois réside moins dans les symptômes que nous avons stigmatisés à maintes reprises que dans une profonde inversion de toutes nos valeurs, « Paix, Justice, Travail ». Tels sont les maîtres-mots de notre République. Ils représentent l’objectif de toute la Nation et leur matérialisation rendrait certainement tangible le bonheur individuel et collectif. 

Et, à cette devise constitutionnelle, le Mouvement Populaire de la Révolution a ajouté un autre : « Servir et non se servir ». Or, que voyons-nous dans la vie de chaque jour, parmi les cadres aussi bien que parmi les militants du Parti ? Juste l’inverse. »

Le Président Mobutu va citer quelques exemples qui sont encore d’actualité :

  1. Tel cadre du parti, aussitôt promu à un poste de responsabilité, transforme la caisse de son département en portefeuille privé. Deux mois, parfois moins, après sa promotion, il s’empresse de monter, sous le couvert de son épouse ou d’un membre de sa famille, un commerce honteusement lucratif.
  2. Tel responsable, chargé de la gestion d’un service public, qu’il s’agisse d’une école, d’un hôpital ou d’une entreprise d’Etat, transforme la gestion en mécanisme sophistiqué destiné à voler purement et simplement les biens de la Nation.
  3. De retour d’un voyage lucratif à l’étranger, entièrement payé et souvent « surpayé » par les deniers publics, tel cadre du Parti arrive à l’aéroport de N’Djili avec la valise et les malles pleines d’objets de luxe importés et brandit ses titres pour échapper aux formalités douanières.
  4. Des responsables d’organismes d’Etat se transforment directement ou sous un prête-nom quelconque, en fournisseurs attitrés de nourriture, de matériaux de construction ou de fournitures surfacturés qu’ils vendent à leurs organismes à un prix défiant toute imagination.

Plus loin le Président Mobutu renchérit, face à ces maux, il faut reconnaitre que, trop souvent, l’Etat et le Parti n’ont toujours pas réussi à décourager les mauvais, ni à encourager les bons. Pourquoi ? simplement, parce que, d’une part, l’Etat est considéré par plusieurs cadres comme un instrument d’enrichissement individuel et que, d’autre part, le peuple -en partie découragé et en partie complice – a cessé d’exercer son droit de contrôle sur ses gouvernants lorsque, à travers des liens particuliers, de famille ou d’amitié, il encourage les vols des deniers et des biens publics, ses propres biens.

Et malheureusement, dans leur course effrénée vers la gabegie, le détournement ou l’incompétence, trop de cadres se cachent volontiers derrière le Président-Fondateur pour se créer, pour ainsi dire, une immunité juridique et politique abusive.

C‘est ainsi que les critiques justifiées d’une fraction du peuple à l’égard des responsables publics sont facilement présentées par ces derniers comme des attaques subversives contre le régime ou, encore contre la personne du Président-Fondateur.

Ce rappel du discours de Monsieur Mobutu nous met devant une évidence le mal zaïro-congolais est ancien…

Le peuple Congolais est appelé bientôt à choisir ses dirigeants pour un nouveau cycle, il doit savoir que l’histoire de la RDC ne s’écrit pas sur une feuille de brouillon, tous les rendez-vous manqués sont payés cash et les conséquences sur le devenir de ce sous- continent sont irréversibles, et plongent le pays dans le marasme général.

C’est pourquoi il faut exiger une charte de bonne conduite pour les futurs élus de la République.

Fait à Rosoy, le 20/11/2023 (après un séjour Kinshasa pour le congrès de l’Afmed (Association des amis et anciens de la Faculté de médecine de l’UNIKIN)

Daniel Kuezina TONDUANGU


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Tribune : « Quand la RDC nourrit le monde, mais pas sa population » ( Par Rodrigue BENAYEMO BABUNDA, Philosophe et penseur engagé) 

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Située au cœur du continent africain, la République Démocratique du Congo (RDC) est un pays regorgeant d’innombrables richesses. Ses ressources naturelles, variées et abondantes, font d’elle l’une des terres les plus prometteuses du monde. Ses vastes forêts, ses lacs poissonneux, ses terres fertiles et son sous-sol regorgeant des minerais stratégiques en sont des preuves éloquentes. Pourtant, cette richesse contraste violemment avec les conditions de vie de sa population, majoritairement plongée dans la misère. Comment expliquer qu’un pays si riche reste l’un des plus pauvres du monde par la qualité de vie de sa population ? La RDC semble prisonnière d’un système que je qualifie d’« interdits invisibles », entretenu par des forces étrangères et des intérêts économiques mondiaux qui empêchent son développement.

Une terre d’abondance piégée dans les paradoxes

La RDC, surnommée à juste titre le “scandale géologique”, est un trésor sur Terre. Avec plus de 60 % des réserves mondiales de coltan, 80 % des réserves mondiales de cobalt, ainsi que des gisements de cuivre, d’or, et de diamants, le pays est une véritable mine d’or pour l’industrie mondiale.

Ces minerais sont indispensables à la fabrication d’appareils technologiques tels que les smartphones, les batteries électriques et les ordinateurs. Pourtant, ces matières premières sont exportées brutes, laissant le Congo dépouillé de ses richesses et dépendant des produits finis à des prix exorbitants. Les interminables conflits armés qui endeuillent les populations depuis plus de deux décennies, provoquant l’exode rural et tant de crises pluridimensionnelles dans la partie Est du pays, cachent et révèlent en même temps cette volonté machiavélique des multinationales de semer la terreur en vue d’exploiter en toute illégalité les terres riches en minerais.

Prenons l’exemple du coltan, un minerai utilisé pour la fabrication des iPhones, l’un des symboles de modernité. Les multinationales exploitent cette ressource au prix d’une main-d’œuvre locale sous-payée et dans des conditions souvent déplorables. Les enfants mineurs qui sont envoyés dans des mines, s’exposant à des radiations toxiques, sont l’image de cette jeunesse sacrifiée vivant sans espoir d’un lendemain meilleur que son pays est un pays « solution » aux questions liées l’avancée technologique, grâce à la richesse de son sous-sol. Il est donc incompréhensible que les bénéfices de ces nombreuses richesses ne reviennent ni au pays ni à sa population, mais à des entreprises étrangères et à des réseaux informels qui prospèrent sur l’instabilité politique de la région.

Les paradoxes ne s’arrêtent pas là. La RDC abrite le lac Tanganyika, réputé pour sa biodiversité aquatique. C’est l’un des lacs les plus poissonneux au monde. Pourtant, le Congo importe du poisson d’autres pays notamment la Namibie. Ce choix absurde illustre une dépendance créée et maintenue par des dynamiques externes : produire localement mettrait en danger d’autres marchés, ce qui semble inacceptable pour certaines puissances étrangères.

Dans le domaine agricole, le constat est similaire. Le Congo possède 80 millions d’hectares de terres arables, mais il continue d’importer des denrées alimentaires de base. La population subit ainsi une insécurité alimentaire chronique, alors même que le pays pourrait nourrir toute l’Afrique.

La main invisible des puissances étrangères

Cette situation tragique n’est pas le fruit du hasard. Depuis l’époque coloniale, la RDC a été perçue non comme une nation souveraine, mais comme un réservoir de richesses à exploiter. Les grandes puissances et les multinationales ont su maintenir cette logique en orchestrant une dépendance économique et politique.

Le pays semble pris dans une toile où chaque dirigeant, une fois au pouvoir, doit se plier à des règles tacites venant d’ailleurs. Les décisions des dirigeants congolais semblent souvent alignées sur des agendas dictés par des acteurs extérieurs. Ces derniers, motivés par la préservation de leurs intérêts, veillent à ce que la RDC ne développe pas d’infrastructures capables de transformer localement ses ressources.

Les présidents qui se succèdent paraissent incapables de rompre ces chaînes invisibles, soit par manque de volonté, soit par crainte de représailles économiques ou politiques.

Un autre levier de cette mainmise est l’instabilité. Les conflits armés dans l’est du pays, alimentés par des groupes armés locaux et étrangers, permettent aux puissances intéressées de poursuivre l’exploitation illégale des ressources minières. Pendant ce temps, l’État congolais, affaibli, reste incapable d’assurer sa souveraineté sur l’ensemble du territoire.

Éveiller les consciences pour briser les chaînes

Pour sortir de cette impasse, il est essentiel que le peuple congolais prenne conscience de son rôle-clé dans le redressement du pays. La RDC possède non seulement des ressources naturelles inestimables, mais également un capital humain jeune et dynamique.
Une première étape est de renforcer les institutions et de garantir la transparence dans la gestion des ressources. Cela implique de lutter contre la corruption, souvent instrumentalisée par les puissances étrangères pour maintenir le statu quo.

L’État congolais doit également prioriser la création d’infrastructures locales : des usines de transformation, des filières agricoles modernes et des industries pour exploiter les ressources minières sur place.

Par ailleurs, il est temps de revoir les partenariats internationaux. La RDC devrait s’allier avec des nations émergentes prêtes à établir des relations économiques équilibrées. La diversification des partenariats pourrait réduire la dépendance vis-à-vis des anciens colonisateurs et des multinationales.

Enfin, le rôle de la société civile est crucial. Les Congolais, qu’ils soient dans le pays ou dans la diaspora, doivent s’unir pour exiger des réformes, dénoncer les injustices et promouvoir des projets innovants. L’éducation et la sensibilisation des jeunes générations sur les enjeux économiques et politiques du pays seront des leviers essentiels pour bâtir un Congo plus souverain et prospère.

La République Démocratique du Congo est une nation au potentiel immense, mais elle est maintenue dans une pauvreté artificielle par des intérêts externes. Ses ressources naturelles, au lieu d’être un levier de développement, sont devenues une malédiction, alimentant conflits et dépendance. Toutefois, tout n’est pas perdu. En unissant ses forces et en adoptant une vision stratégique, le Congo peut se libérer de cette emprise et devenir une véritable locomotive économique pour l’Afrique. Le réveil des consciences et l’action collective sont les clés pour transformer ce “paradis enchaîné” en une terre de prospérité et d’autonomie.

Manille, le 04 janvier 2025
Rodrigue BENAYEMO BABUNDA,
Philosophe et penseur engagé


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