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RDC: nominations au Conseil d’Etat et à la Cour constitutionnelle

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Le Chef de l’Etat a procédé, le week-end dernier, à des nominations au sein du Conseil d’Etat et de la Cour constitutionnelle. Il a nommé Dieudonné Kaluba Dibwa, Kalume Yasengo et Kamulete Badibanga à la Cour constitutionnelle.

Dieudonné Kaluba Dibwa était parmi les avocats de la République dans le procès de 100 jours et est professeur de droit à l’Université de Kinshasa, avocat à la Cour de cassation et à la Cour pénale internationale.

Si Kaluba vient du quota présidentiel en remplacement du juge président démissionnaire Benoît Lwamba, les deux autres proviennent du Conseil supérieur de la magistrature et remplacent les juges Jean Ubulu et Noël Kilomba qui ont été promus présidents à la Cour de cassation.

Le magistrat David-Christophe Mukendi, siégeant à la Cour de cassation depuis 2013, succède au défunt Thambwe Kaniki à la tête de la Cour de cassation.

Le juge président du procès de 100 jours de Kamerhe et consorts, Pierrot Bakenge est nommé président du Tribunal de grande instance de la Gombe. Le juge Pierrot Bankenge avait remplacé le juge Yanyi Ovungu (décédé) au procès des 100 jours.

Ilunga Tshamakeji quitte l’Equateur pour présider la Cour d’appel de la Gombe.

Nombreuses autres permutations avec promotions ont été également opérées au sein de la magistrature au niveau des provinces et à Kinshasa, au terme des ordonnances.

Parmi ces nominations, il y a aussi celles qui se sont opérées au sein de la magistrature militaire. Le général de brigade John Ngoy Wa Kabila fait partie des officiers généraux promus en qualité d’avocat général. Homme de confiance, cet officier supérieur a fait office d’officier d’ordonnances de Joseph Kabila Kabange, ancien président de la RDC, pendant plus de 10 ans.

Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET

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Valentin Yves Mudimbe s’en est allé, mais sa parole demeure : l’Afrique orpheline d’un géant de la pensée

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Ce jour, la République Démocratique du Congo, l’Afrique et le monde intellectuel viennent de perdre un monument. Valentin Yves Mudimbe, philosophe, écrivain et penseur hors pair, s’est éteint aux États-Unis, laissant derrière lui une œuvre aussi dense que subversive, une parole aussi lucide qu’indomptable.

Né en 1941 à Jadotville (actuelle Likasi), en RDC, Valentin Yves Mudimbe fut l’un des intellectuels africains les plus influents du XXᵉ et du XXIᵉ siècle. Professeur émérite à l’Université Duke, anthropologue, linguiste et romancier, il a marqué les sciences humaines par sa critique radicale des épistémologies coloniales et sa déconstruction des discours dominants sur l’Afrique.

Son œuvre majeure, The Invention of Africa (1988), reste un texte fondateur des études postcoloniales. Mudimbe y démontre comment l’Afrique a été « inventée » par le regard occidental, à travers des catégories de savoir qui ont nié ses propres logiques de pensée. Pour lui, « l’Afrique n’existe pas en dehors des représentations qui la constituent », une thèse qui a révolutionné la manière d’appréhender le continent.

Yves Mudimbe n’était pas seulement un théoricien : c’était un penseur du soupçon, toujours en éveil face aux illusions des idéologies, qu’elles soient coloniales, nationalistes ou néolibérales. Dans L’Odeur du père (1982), il explore les contradictions des élites africaines post-indépendances, dénonçant leur aliénation mimétique. Son roman Entre les eaux (1973) questionne la tension entre engagement politique et spiritualité.

Il a révélé sa propre trajectoire de prêtre jésuite devenu philosophe laïc. Ses travaux sur Foucault, Derrida et les structuralistes européens en font un passeur exceptionnel entre les traditions intellectuelles africaines et occidentales. Pourtant, il refusait toute étiquette : « Je ne suis ni un afrocentriste, ni un occidentaliste. Je suis un penseur de la fracture, de l’entre-deux », disait-il.

Aujourd’hui, alors que l’Afrique est confrontée à de nouveaux défis – néocolonialismes économiques, crises démocratiques, guerres d’influence –, la pensée de Mudimbe reste d’une brûlante actualité. Son questionnement sur « les conditions de production du savoir africain » invite à repenser l’université, la recherche et les médias du continent. Il laisse derrière lui des disciples à travers le monde. Des chercheurs qui continuent de déconstruire les récits hégémoniques.

« Mudimbe nous a appris à douter, à interroger nos propres certitudes ». La RDC en deuil mais l’Afrique en héritage, conclut le polymathe, cet autre géant de la pensée post-coloniale. Le Congo pleure l’un de ses plus grands fils, mais son héritage est impérissable. Dans un pays souvent meurtri par l’amnésie historique, Yves Mudimbe rappelait que « la mémoire est un acte de résistance ».

Alors que les hommages affluent du monde entier – de Paris à Johannesburg, de Dakar à New York –, une certitude s’impose : Yves Mudimbe est mort, mais sa parole, elle, ne mourra jamais. « Les mots ne sont pas innocents. Ils portent en eux la violence de l’histoire. » — Valentin Yves Mudimbe

TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR

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