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Justice

RDC : la situation des droits humains se détériore au fil des ans

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Les inondations et naufrages dans l’ouest, l’insécurité en permanence dans la partie Est, la République démocratique du Congo a du mal à en découdre avec ce signe indien qui poursuit sa population depuis trois décennies. Avec comme conséquence : de millions des vies fauchées par la barbarie humaine, le pillage éhonté de ses ressources naturelles, les déplacements de millions des personnes et de milliers d’autres qui prennent la route de l’exil pour espérer survivre. 

Alors qu’on croyait que cette sombre page de l’histoire du Congo sera tournée avec l’alternance pacifique au pouvoir, l’arrivée de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo à la tête de ce géant d’Afrique centrale n’a pas du tout arrêté ce cycle infernal. La résurgence du Mouvement du 23 mars (M23) en 2022 et de l’alliance fleuve Congo (AFC) en 2024, avec le soutien du voisin Rwandais et subtilement de l’Ouganda, ont empiré non seulement la situation humanitaire, mais aussi celle des droits fondamentaux des populations.

Exactions, dysfonctionnement de la justice

Depuis la chute de ville de Bunangana il y a plusieurs mois, et tout récemment celles de Bukavu et Goma, les exécutions sommaires, les atteintes à la propriété privée, la chasse à l’homme sont quotidiennement enregistrées dans le Nord-Kivu. En Ituri, un conflit communautaire entre Hema et Lendu décime chaque jour des vies innocentes. La présence des minerais dans ces zones tant convoitées par des miliciens et leurs soutiens alimente aussi le conflit. Dans ces zones où l’autorité de l’Etat est quasiment absente, les cours et tribunaux sont en majorité à l’arrêt ou encore c’est un dysfonctionnement absolu. Le personnel judiciaire vit la peur au ventre, craignant pour sa sécurité. Les justiciables n’ayant pas obtenu gain de cause devant une juridiction sont prêts à en découdre avec un magistrat ou un inspecteur judiciaire en recourant aux actes de vengeance privée.

Dans les provinces sous contrôle gouvernemental, la situation des droits humains laisse aussi à désirer. Plusieurs rapports des organisations de la société civile notent des arrestations arbitraires par les services d’intelligence sous des prétextes fallacieux. La justice qualifiée de « malade » par le président Tshisekedi demeure toujours sous la botte de plus puissants. Au cours du mois de février 2025, l’Observatoire de la liberté de la presse en Afrique (OLPA) et Partenaire pour la Protection intégrée (PPI) ont publié un rapport de monitoring sur la situation de liberté de presse. Ils ont recensé plus ou moins 133 cas d’atteintes à la liberté de presse en 2024. Le Sud-Kivu, le Nord—Kivu l’Ituri et Kinshasa sont en tête avec respectivement 34 cas, 25, 21 et 9 cas. Les journalistes kinois Jacques Asuka et patrick Lokala ont passé plusieurs jours derrière les barreaux. Au cours du premier semestre de l’année en cours, la situation semble se détériorer avec plusieurs journalistes en clandestinité ou arrêtés en secret. Human Rights watch a aussi déploré plusieurs attaques contre les professionnels des médias et des acteurs politiques et sociaux. Un artiste engagé nommé Delcat Indengo a été froidement abattu par le M23 à Goma. Dans la capitale Kinshasa, des politiciens sont arrêtés et privés des visites par des renseignements militaires. C’est le cas de l’ex-président de la centrale électorale Daniel Ngoy Mulunda. Me Médard Palankoy Lakwas, avocat de son état est également aux arrêts. Dans un passé récent, Salomon Idi Kalonda, Jean-Marc Kabund et tant d’autres ont passé plusieurs mois en prison à cause de leurs opinions politiques.

Au Congo, il semble que chaque scrutin apporte ses malheurs. Ceux qui prennent les armes contre les autorités établies brandissent toujours l’argumentaire de la mauvaise organisation des élections qui aurait laissé un gout d’inachevé et une grande frustration dans le paysage politique. Depuis le scrutin de 2006, les congolais ont vécu les affrontements entre l’armée loyaliste et les militaires du MLC (Mouvement de libération du Congo) de Jean-Pierre Bemba en pleine centre-ville de Kinshasa, causant plusieurs morts parmi les civils, les élections subséquentes ont laissé la même impression. On se souvient que plusieurs cadres du MLC de l’époque ont été activement recherchés et traqués par les dignitaires du régime Kabila dont la plupart sont devenus aujourd’hui tshisekedistes, même si plusieurs d’entre eux restent astucieusement fidèles au Raïs Kabila tout en clamant haut et fort qu’ils ont changé de camp. Le scrutin de 2011 a aussi laissé les marques indélébiles de la chasse à l’homme contre les partisans de Tshisekedi père, candidat malheureux en 2011. Plusieurs violations des fondamentaux de ces concitoyens ont été documentés par la société civile. Il est clair depuis 2006 à nos jours, la situation des droits de l’homme au pays peine à s’améliorer surtout quand on reprend les mêmes et on recommence. Certains individus demeurent extrêmement puissants et prêts à éliminer toute voix discordante. Les règlements des comptes dans le paysage politique congolais demeurent d’actualité et la justice congolaise mène rarement des enquêtes qui aboutissent à une issue concluante. Il est important que l’Etat congolais qui est actuellement membre du Conseil des droits de l’homme de Nations Unies siégeant à Genève, envoie un signal fort en direction de tous sur les progrès en matière des droits humains du nord comme au Sud et de l’Est à l’ouest.

KM

 

 

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Massacre de Komanda : Le ministère public réclame de lourdes peines contre 2 officiers des FARDC et de la PNC

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La Cour militaire opérationnelle de l’Ituri a poursuivi, ce lundi, le procès très attendu sur le massacre de Komanda, survenu dans la nuit du 26 au 27 juillet dernier. Ce drame, qui a coûté la vie à plus de trente-neuf civils, continue de susciter une vive émotion au sein de la population. L’audience du jour était consacrée aux réquisitions du ministère public et aux plaidoiries des parties.

Deux officiers congolais se trouvent au centre de ce dossier : le colonel Gere Kengu, commandant second chargé des opérations et renseignements au sein des FARDC, et le commissaire supérieur adjoint Kangamina Tshabela Noël, alors commandant de la PNC à Komanda.
Le premier est poursuivi pour violation de consignes et vente présumée de munitions, tandis que le second répond du seul chef de violation de consignes.

Dans son réquisitoire, le ministère public a demandé 20 ans de servitude pénale principale à l’encontre du colonel Gere Kengu, et 8 ans contre le commissaire Kangamina Tshabela Noël. Il a également requis leur exclusion définitive de l’armée et de la police.
Cependant, l’auditeur militaire supérieur, le colonel Joseph Makelele, a reconnu que l’accusation de vente de munitions de guerre n’était pas suffisamment établie.

« Nous l’incriminons parce qu’il n’a pas agi ou a agi mollement », a déclaré le colonel Makelele, reprochant au colonel Gere son manque de réaction face à l’attaque, alors que la mise en place des patrouilles relevait directement de sa responsabilité.

Selon le ministère public, cette inaction aurait permis aux assaillants de frapper sans réelle résistance. Le colonel Gere ne serait intervenu qu’aux alentours de 4 heures du matin, plusieurs heures après le début de l’assaut.

Du côté de la défense, les avocats des deux officiers ont plaidé l’innocence totale de leurs clients.
Les conseils du colonel Gere ont insisté sur son dévouement militaire et rejeté toute idée de négligence : « On ne peut pas parler de faute alors qu’il a agi dans le respect des ordres et des moyens dont il disposait », ont-ils affirmé, soulignant l’absence de consigne formelle de patrouille au moment des faits.

La défense du commissaire Kangamina Tshabela Noël a tenu le même cap, estimant que leur client n’avait enfreint aucune directive et demandant son acquittement pur et simple.

En dernière position, les deux prévenus ont pris la parole pour clamer leur innocence.  « Je suis innocent et je demande mon acquittement », a déclaré le colonel Gere Kengu.
« Je n’ai violé aucune consigne. Je demande simplement mon acquittement », a ajouté le commissaire Kangamina Tshabela Noël.

Très suivi en Ituri, ce procès symbolise la quête de justice dans une région encore meurtrie par des années de violences. Le verdict est attendu dans les prochains jours.
Le compte à rebours est désormais lancé.

Vérité Johnson

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