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RDC: la Justice, une nécessité pour guérir des blessures des violences sexuelles

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Le viol est certainement ce qu’il y a de plus traumatisant comme violence pour une femme. En 2020, avec le coronavirus la LIZADEEL (Ligue de la zone Afrique pour la défense des droits des enfants, Etudiants et Élèves) a enregistré plus des cas que les années précédentes à cause du confinement. A Kinshasa, de 2018 à 2019 deux cas de viol ont été enregistré par jour. 

En République démocratique du Congo, les survivantes de ces viols continuent de vivre dans la peur. Elles ne guérissent pas complètement car la justice n’a pas été rendue à cause de plusieurs facteurs, notamment le manque des moyens financiers, les menaces proférées par les violeurs, le manque de confiance en la justice ou encore la stigmatisation de la communauté. Toutes ces contraintes font que les victimes ne portent pas plainte et ne guérissent pas de leurs blessures à cause de leur silence.

C’est le cas de Sarah qui vit le traumatisme de son agression depuis 24 ans. « J’avais été kidnappée par des militaires au coin de mon avenue parce que j’étais en pantalon. Ils m’ont séquestrée pendant trois jours et m’ont violée. C’était en 1997 à l’entrée de l’Alliance des Forces Démocratique pour Libération du Congo. Je me suis échappée le quatrième jour. C’était horrible, j’avais mal, j’avais faim, mes vêtements immaculés de sang, je n’avais plus de force », nous a confié Sarah qui, apparemment, n’est pas encore complètement guérie de ses blessures.

Sarah a été enlevée avec son amie Jocelyne, avec qui elles ont été embarquées dans le véhicule. « C’était dur, j’avais très peur parce que j’étais vierge », nous a confié Sarah, d’une voix tremblante avec les larmes aux yeux!
« Mes parents n’ont pas voulu porter plainte car ils n’étaient pas certains de l’aboutissement du dossier, en plus je ne connaissais pas mes violeurs. La seule chose dont nous avions la certitude c’est qu’ils étaient des militaires de l’AFDL. C’était très difficile pour mes parents car ils devaient aussi faire face aux qu’en dira-t-on des gens du quartier. Couverte de honte, je ne pouvais plus sortir dans la rue. J’ai vécue ce traumatisme pendant plusieurs années. J’ai souffert de la gastrite aiguë à cause de cette situation. Aujourd’hui, grâce à Dieu et à ma famille, je ne suis plus gênée de raconter mon histoire, mais je n’ai pas pardonné mes agresseurs. J’espère qu’ils sont tous morts », a-t-elle souhaité.

Des victimes de viol il y en a tous les jours. Par exemple : Jenny 16 ans a été violée par son propre père pendant plusieurs années depuis l’âge de 9 ans. Mélodie, une orpheline de 12 ans, violée en début du mois de février par le mari de sa tante et Naomi violée par son voisin.

Comme beaucoup d’autres femmes, ce viol a bouleversé la vie de mademoiselle Sarah. Quelques années après cet acte odieux, la famille de son fiancé s’était opposée à son union parce qu’elle avait été violée. « Cela fait vingt quatre années depuis ce douloureux événement, j’ai tourné la page. Je suis mariée et heureuse dans mon mariage alors que, beaucoup de personnes n’avait pas cru que nous serions heureux avec mon mari. Mon souhait est que justice soit faite un jour! », a-t-elle conclu.

(Les noms des survivantes sont des noms d’emprunt)

Un accompagnement juridique pourrait elle aider la victime à guérir ?

Interrogée à ce sujet, maitre Alexandre Lukonde Muleka, avocate bénévole et présidente de l’ONG « ELLE pour ELLE » nous a confié que les victimes éprouvent de la joie et se sentent réconforter quand leurs violeurs sont traduits en justice. Malheureusement, plusieurs obstacles font que les dossiers n’aboutissent pas. « Très souvent les familles préfèrent de petits arrangements pour éviter, semble-t-il, des menaces, de couvrir de honte leurs enfants et in fine de ternir l’image de leurs familles. Nous, entant qu’avocat bénévole et défenseuse des droits des femmes, nous ne demandons rien aux familles en termes d’honoraires. Dans la plupart des cas, nous recevons des familles qui n’ont pas des moyens financiers. Il est ainsi difficile pour nous de travailler de manière efficiente car certaines démarches judiciaires exigent que nous payions de l’argent.», nous a fait savoir l’avocate.

Selon cette défenseuse des droits de femmes, le viol en soit dégrade la femme, allusion faite a l’article 170 du code pénal de la RDC dans son alinéa 1. Dans ce cas, il est important que la victime soit suivie et assistée afin qu’elle ait confiance en elle et guérisse.

Pour Julie Kay, assistante psychosociale à la LIZADEEL, sa structure fait de son mieux pour arriver au niveau du jugement. « Nous déconseillons souvent aux familles les arrangements car, ils rendent encore leurs enfants plus malades qu’avant », déclare-t-elle.

(Les noms des survivantes sont des noms d’emprunt).

L’apport du gouvernement dans la prise en charge et suivi des victimes

A en croire Florence BOLOKO, directrice générale et experte en genre au ministère du Genre, de la Famille et de l’Enfant, le gouvernement de la RDC a mis en place, sous sa supervision, depuis 2009 une agence nationale de lutte contre les violences sexuelles faites aux femmes, à la jeune et à la petite fille, AVIFEM en sigle. Il existe aussi un numéro d’appel 122 pour dénoncer le viol.

S’agissant de la responsabilité du gouvernement dans la lutte contre l’impunité, Florence Boloko précise qu’un projet dénommé « justice, autonomisation et dignité pour la femme et la fille congolaise », a été mise en place. Il s’agit des centres intégrés des services multisectoriels (CISM ) qui ont pour mission: la prise en charge médicale, psychosociale, juridique et la réinsertion socioéconomique des victimes.

La prise en charge psychologique, un pas vers la guérison de la victime ?

Apres avoir subi un viol, la victime développe souvent des troubles psychiques qui l’empêchent d’avoir une vie sociale satisfaisante. Nera Chanera Kanyinda, psychologue social et des organisations, membre de la société civile, a déjà reçu plusieurs cas de viols dans le cadre de l’association « Ma voisine », dont certains ont abouti en justice, alors que la majorité n’a pas abouti pour plusieurs raisons.

« La dénonciation est une conséquence psychologique des faits. Souvent la femme victime n’a plus confiance en elle. Elle a l’impression qu’elle n’a plus d’importance dans la société et que sa vie ne vaut plus la peine. Il est difficile qu’elle puisse dénoncer. Généralement, elle croit protéger le peu qui lui reste de sa dignité. Notre travail est de remettre la personne en confiance pour l’aider à dénoncer afin que justice soit faite car, la justice contribue aussi à son rétablissement psychosocial », a conclu le psychologue.

Parfois ce sentiment nait de l’humiliation et l’indignité que constitue le viol, crée un blocage pour la guérison de la victime. Des plaidoyers ont été menés par les organisations des droits de l’homme de sorte que l’État s’implique pour accorder la réparation aux victimes des viols.

Elda Along/ congoprofond.net


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Campagne 2023: Analyse du comportement controversé de la RTNC et le silence du CSAC en période électorale

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En période électorale en République démocratique du Congo (RDC), la diffusion impartiale de l’information est cruciale pour garantir l’équité entre les candidats. Cependant, des préoccupations ont été soulevées quant au comportement de la Radiotélévision nationale congolaise (RTNC) et au silence de la Commission de surveillance de l’audiovisuel et de la communication (CSAC). Cet article examine objectivement ces préoccupations et met en lumière les implications sur l’impartialité des institutions et le favoritisme présumé en faveur d’un candidat, en l’occurrence Félix Tshisekedi.

Le rôle de la RTNC en période électorale

La RTNC est la principale chaîne de télévision suivie dans toute la RDC, et en période électorale, son rôle est crucial pour assurer une couverture équitable des candidats. Cependant, des allégations ont été formulées selon lesquelles la RTNC aurait accordé un traitement de faveur au candidat Félix Tshisekedi, en lui permettant d’apparaître en direct, tandis que ses concurrents n’auraient pas bénéficié de la même opportunité. Ces allégations soulèvent des inquiétudes légitimes quant à l’impartialité de la chaîne et son respect des principes démocratiques.

Le silence du CSAC

La Commission de surveillance de l’audiovisuel et de la communication (CSAC) est l’organe chargé de veiller au respect des normes éthiques dans le secteur de l’audiovisuel en RDC. Cependant, le silence abasourdissant de la CSAC face aux allégations concernant le comportement de la RTNC en période électorale est préoccupant. La CSAC a la responsabilité de garantir l’équité et l’impartialité dans la couverture médiatique des élections, et son silence remet en question son rôle et son indépendance.

Implications sur l’impartialité des institutions

Les faits rapportés concernant le comportement controversé de la RTNC et le silence de la CSAC soulèvent des préoccupations plus larges quant à l’impartialité des institutions en RDC. Dans une démocratie fonctionnelle, il est essentiel que les médias publics agissent de manière impartiale et fournissent une couverture équitable à tous les candidats. De même, les organes de régulation doivent faire preuve d’indépendance et d’intégrité pour garantir des élections libres et équitables.

Le comportement controversé de la RTNC en période électorale et le silence de la CSAC face à ces allégations jettent une lumière inquiétante sur l’impartialité des institutions congolaises. La diffusion équitable de l’information et la garantie d’élections libres et équitables sont des éléments essentiels pour renforcer la démocratie en RDC. Il est impératif que des mesures soient prises pour enquêter sur ces allégations, garantir l’impartialité des médias publics et renforcer l’indépendance des organes de régulation. Seule une véritable transparence et un engagement en faveur de l’intégrité permettront de rétablir la confiance du public dans ces institutions clés.

TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain


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