Société
Makala piégée par l’amateurisme : le pont « Eden Lumbu » s’écroule pour la 2ème fois en 8 mois

Le pont « Eden Lumbu », situé sur l’avenue Kananga et censé relier les quartiers Mabulu I et Mfidi dans la commune de Makala, s’est de nouveau effondré dans la nuit du 13 au 14 juin 2025, à la suite d’une pluie torrentielle. Une catastrophe qui sonne comme une répétition tragique : c’est la deuxième fois en huit mois que cet ouvrage s’écroule, révélant de graves défaillances techniques et soulevant des accusations de mauvaise gestion.
Derrière ce pont, un nom : Eden Edwige, députée provinciale et membre de l’Alliance des Congolais Progressistes (ACP). Son initiative, saluée au départ comme un acte de générosité politique, est désormais pointée du doigt pour son exécution bâclée. Le premier écroulement du pont avait eu lieu dès le 18 novembre 2024, à peine deux semaines après son inauguration en grande pompe.

le pont Eden Edwige écroulé le 18 novembre 2024
« Ce pont est une honte pour notre commune. Il n’a jamais été construit dans les règles de l’art », s’indigne un habitant de Mabulu I, au micro de CONGOPROFOND.NET. Et d’ajouter : « La fondation est instable, le béton utilisé est de mauvaise qualité. On a l’impression qu’on nous a refourgué un pont en carton. »
Quand l’amateurisme tue la confiance
Selon les riverains, le pont aurait été bâti avec du béton de briquetiers, inadéquat pour une infrastructure censée supporter un trafic constant. Si la députée Edwige Eden a mis les moyens, disent-ils, l’ingénieur en charge des travaux aurait détourné l’objectif pour satisfaire des intérêts personnels.
« On n’a vu ni matériaux appropriés ni équipements dignes d’un chantier sérieux », explique un autre témoin, également maçon de métier. « Le premier pont, construit il y a plus de trente ans, tenait encore debout. C’est incompréhensible. »

le pont Eden Edwige en pleine construction en 2024
Une avenue vitale coupée
L’avenue Kananga n’est pas une simple artère secondaire : elle est vitale pour les habitants de Makala. Chaque jour, enfants, travailleurs et commerçants l’empruntent pour rejoindre écoles, marchés et autres services. Son interruption par l’effondrement du pont paralyse la vie locale.
« Nos enfants risquent leur vie à chaque traversée. Ce pont peut tuer », alerte un parent. La population réclame désormais des comptes. Certains exigent la reconstruction de l’ancien pont, modeste mais fiable, d’autres demandent une nouvelle infrastructure aux normes.
Appel aux autorités
« Trop, c’est trop », lâche un jeune manifestant sur place. « Il faut que notre élue réagisse, que le gouverneur prenne ses responsabilités. Makala n’est pas une zone d’expérimentation pour ingénieurs douteux. »
L’affaire du pont Eden Lumbu illustre tristement les dérives d’un certain clientélisme politique où le geste supplante la compétence, et où la visibilité prévaut sur la durabilité.
Exaucé Kaya/CONGOPROFOND.NET
À la Une
Lubumbashi : D’anciens Kulunas fabriquent 2.100 bancs pour les écoles de Katuba et du camp Vangu

Un geste hautement symbolique pour l’avenir de la jeunesse du Haut-Katanga. Le lieutenant-général Jean-Pierre Kasongo Kabwik a procédé ce jeudi à la remise officielle de 2.100 bancs-pupitres destinés à deux écoles emblématiques de la ville : l’Athénée de Katuba (1.700 bancs) et le complexe scolaire du camp Vangu (400 bancs), réservé aux enfants des militaires.
Particularité de cette action : ces bancs ont été entièrement fabriqués par d’anciens Kulunas, jeunes autrefois livrés à la délinquance urbaine, aujourd’hui réinsérés grâce au programme du Service National de Kabulameshi.
Formés à la menuiserie, à la discipline et au travail, ces jeunes deviennent les acteurs d’un changement concret, contribuant directement à l’amélioration des conditions d’apprentissage de milliers d’élèves.
« Ce que nous voyons ici est le fruit d’une vision présidentielle claire : offrir une éducation de qualité à tous les enfants du Congo et donner une seconde chance à notre jeunesse », a salué le lieutenant-général Kasongo Kabwik lors de la cérémonie.
Cette initiative s’inscrit dans la continuité du programme de gratuité de l’enseignement impulsé par le Président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, Commandant suprême des FARDC. Par cette action, l’État renforce son rôle de protecteur et d’éducateur, jusqu’au cœur même des écoles militaires.
« Nos enfants méritent des conditions d’étude dignes. Le développement n’est pas un luxe, c’est un droit et ce droit commence toujours sur un banc d’école », a rappelé un cadre du Service national.
À travers ces bancs sortis des ateliers de Kabulameshi, c’est toute une philosophie de réinsertion et de reconstruction nationale qui prend forme : celle d’un État qui ne renonce ni à sa jeunesse ni à son avenir.
Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET