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Ituri : le bilan de l’attaque de Taubamba passe à 11 morts !

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Les rebelles ADF demeurent cruels en territoire d’Irumu, en général, et dans la chefferie des Walese Vonkutu, en particulier. Pour vous en convaincre, tenez, 6 civils ont été tués dans la nuit vendredi au samedi 19 mars 2021. Le bilan revu à la hausse, d’après la communication du bureau de la coordination territoriale de la Convention pour le respect des droits de l’homme(CRDH) antenne d’Irumu. « Le bilan de l’attaque des rebelles ADF à Taubamba est revu à la hausse. On était entrain de parler de 6 civils, ce dimanche on parle de 11. C’est un bilan encore provisoire car certaines personnes restent encore en captivité des rebelles », précise Christophe Munyanderu, son coordonateur.

Notons-le, actuellement, les rebelles ADF sont devenus cruels dans cette partie du territoire d’Irumu. Il ne se passe pas une nuit sans signaler leur mouvements et crimes.

 

 

Vérité JOHNSON/CONGOPROFOND

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RDC–Rwanda: Déjà vu. Un autre sparadrap ? ( Tribune de Jo M. Sekimonyo/Économiste politique et théoricien )

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L’accord de paix signé à Washington le 4 décembre 2025, présenté comme un tournant historique, réactive en réalité les spectres d’un passé jamais résolu. Derrière la mise en scène diplomatique, le Congo s’enfonce dans un cycle répétitif où les mêmes acteurs, les mêmes logiques identitaires et les mêmes illusions économiques produisent inlassablement les mêmes crises. Entre rivalités personnelles, fragilité institutionnelle, opacité juridique et mépris des causes socioéconomiques du conflit, la nation s’expose à un nouvel engrenage de ressentiments et de violences. Tant que la RDC se contentera de négocier la paix sans assainir l’écosystème politique et économique qui fabrique la guerre, chaque accord ne sera qu’un répit fragile, promis à se décomposer avant même d’avoir produit ses effets.

Ci-dessous l’intégralité de la Tribune de Jo M. Sekimonyo

Un accord qui installe le malaise

L’accord de paix présenté à Washington le 4 décembre 2025 installe d’emblée un malaise silencieux au sein de l’opinion congolaise. Beaucoup s’interrogent, presque à voix basse, sur la nature réelle de ce moment qui oscille entre réédition historique, obstination politique et répétition mécanique des mêmes erreurs. Au lieu d’un acte souverain mûri par une réflexion nationale, la scène apparaît comme un rituel diplomatique entièrement scénarisé.

La délégation congolaise, si volumineuse qu’elle se dissout dans le décor, semble moins une équipe négociatrice qu’une troupe chargée d’alimenter en continu le spectacle destiné aux réseaux sociaux. Gestes, déclarations, vidéos : le Président apparaît entouré, mais paradoxalement isolé, comme conscient de la fragilité de l’acte qu’il pose. Son visage ne renvoie ni triomphe ni assurance, mais la lourde hésitation d’un pouvoir dont la nation connaît trop bien les promesses sans lendemain.

Le retour d’un cycle jamais brisé

Ce prétendu tournant n’est en réalité que la répétition d’un épisode que l’on feint d’oublier. En 2002, Kabila et Kagame signent déjà un accord sous l’œil de George W. Bush ; dès le lendemain, la guerre se recompose. RCD-Goma, CNDP, puis M23 en 2012 : les mêmes motifs sécuritaires fabriqués à Kigali réapparaissent.

Autour gravitent les FDLR, RUD-Urunana, le P5 et une constellation de groupes armés qui perpétuent un système de conflits par procuration où le Rwanda joue simultanément arbitre et bénéficiaire. La seule accalmie véritable fut imposée au M23 par la brigade tanzanienne. Mais la matrice de la violence est restée intacte, toujours prête à se réactiver.

Une crise réduite à des rivalités personnelles

La région demeure un terrain de stratégies indirectes et de nuisances économiques. Mais comment a-t-on pu revenir à l’audace de transformer encore la RDC en champ d’abattage ? Aujourd’hui, la guerre se résume à une querelle personnelle opposant Tshisekedi à Kagame ou, selon les saisons, à Kabila, tandis que les enjeux nationaux disparaissent derrière des rivalités individuelles.

Naanga, Katumbi et Fayulu, en décrivant la crise comme une vendetta interne, révèlent le dérèglement profond d’un système où les hommes se disputent le pouvoir comme une propriété privée. Pendant ce temps, les Congolais meurent, toujours sous les mêmes couteaux.

La Boîte de Pandore : un État morcelé

L’un des angles morts les plus déterminants réside dans la manière dont Tshisekedi conçoit la nation et son parti. En refusant de rompre avec les logiques identitaires qui rongent l’État, il gouverne comme si la RDC n’était qu’un empilement de communautés à équilibrer ou instrumentaliser. Chaque acte devient un arbitrage tribal, non une décision d’État.

Simultanément, son parti devient un instrument de conquête du pouvoir : faveurs, loyautés, allégeances. Cette double approche ( ethnocratique pour la nation, patrimoniale pour la politique ) dissout toute idée de corps collectif et fragilise la cohésion.

L’illusion économique et ses morts

S’y ajoute une erreur idéologique majeure. Dès le début du mandat, Fortunat Biselele affirmait que la priorité du pays devait être l’attraction du « capital financier », comme si cet afflux pouvait fonder la reconstruction nationale. Cette vision réduite légitima un rapprochement tacite avec Kagame, supposé rassurer les bailleurs.

Aucun capital n’est venu, aucune confiance n’a été gagnée. Cette orientation a coûté des milliers de vies congolaises et englouti nos maigres ressources dans une guerre stérile. La RDC espérait les investisseurs ; elle a récolté le sang, la ruine et la désillusion.

L’obsession d’être “moins pire” que Kabila

Tshisekedi a surtout cherché à se démarquer de Joseph Kabila, mais en voulant apparaître « moins pire », il s’est enfermé dans une gouvernance d’effacement. Crises oubliées au lieu d’être corrigées, fautes relativisées au lieu d’être assumées : la politique s’est transformée en compétition pour être « un peu moins détesté » que son prédécesseur.

Cette logique du moindre mal produit une gouvernance pâle, hésitante, incapable de rompre avec le socle pathologique qu’elle prétend dépasser.

Le non-dit juridique qui fragilise l’accord

La question de la légalité de l’accord plane. Un président peut négocier, mais ne peut engager la nation dans un traité sans l’aval du Parlement. À Washington, ce principe semble avoir été traité comme une formalité. L’opacité des clauses sécuritaires et économiques renforce l’impression d’un acte posé hors du cadre constitutionnel.

Plus inquiétante encore est la dynamique profonde faite d’humiliations économiques accumulées et de désirs de revanche. Tout accord imposé ou accepté sous contrainte porte les germes de futurs ressentiments.

De 2002 à 2025 : un cycle de plus en plus dangereux

En 2002, l’espoir existait encore. En 2025, la fatigue sociale est immense et l’État, bien que réel, est fragile. Imposer un accord flou revient à fabriquer du ressentiment durable. Une population qui a tout perdu transforme les promesses en colère.

Pire encore : la paranoïa s’installe comme méthode de gouvernance. Obsessed sécuritaire, personnalisation extrême de l’État, confusion entre critique et menace : un terrain fertile pour de nouveaux conflits.

Le choix suicidaire de l’inertie nationale

Le Plan Sekimonyo, proposé il y a plus d’une décennie comme un plan Marshall pour l’Est, visait à traiter la région comme laboratoire national de stabilité. Ignoré par les élites, il a été sacrifié comme d’autres réformes nécessaires, notamment la bataille contre l’inconstitutionnalité de la loi électorale.

La RDC porte la démocratie dans son nom mais rarement dans son fonctionnement. La paix ne se trouve ni dans le partage de postes entre élites et groupes armés, ni dans des négociations feutrées à Washington ou Doha.

La racine de la crise est socioéconomique : pauvreté endémique, sous-développement structurel, absence de vision publique. Tant que ces réalités sont masquées par des récits sécuritaires, chaque crise se rejoue à l’identique.

Une paix impossible sans assainissement profond

Le véritable problème est que nous courons derrière une paix durable sans rendre la guerre impossible. L’accord de Washington n’est pas l’enjeu central ; le problème réside dans l’écosystème qui l’absorbe : manipulation, peur, impunité, ethnocratie.

Dans un sol ainsi empoisonné, la paix n’est qu’une trêve, une illusion. La question n’est plus de savoir si cet accord échouera, mais combien de temps il mettra avant de se décomposer.

Jo M. Sekimonyo, PhD
Économiste politique, théoricien, militant des droits humains
Chancelier de l’Université Lumumba

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