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Goma: La marche pacifique de la société civile dégénère à Katindo

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La ville de Goma

L’appel de la coordination provinciale de la société civile du Nord-Kivu à une marche pacifique ce lundi 31 octobre à Goma a été respecté mais teintée de scènes des violences à quelques endroits de la ville. Cette manifestation a pour but « d’exiger de la communauté internationale  qu’elle condamne fermement l’agression de la RDC par le Rwanda sous label du M23 ».

Des nombreuses personnes ont rejoint cette marche partie de deux endroits du chef-lieu de la province pour chuter au centre-ville. Plusieurs jeunes, notamment ceux des mouvements citoyens ont été aperçus quittant l’entrée président pour le centre-ville. D’autres manifestants ont débuté la marche par la partie Nord de la ville de Goma, tel que prévu par les organisateurs, rapportent des sources locales.

Les boutiques, magasins, marchés, écoles n’ont pas ouvert et certaines banques fonctionnent à guichet fermé, a pu constater le reporter de Radio Okapi.

Hormis les artères par où passent les manifestants, les autres routes de la ville sont presque désertes. La circulation de voitures et motos est y timide. Sur l’axe principal qui relie le quartier Ndosho au centre-ville, la chaussée est quasiment vide.

Du carrefour commercial communément appelé Birere jusqu’à la petite barrière, aucune circulation n’est observée.

Sur l’axe principal qui juxtapose le rond-point BDGL à la grande barrière, la circulation est aussi timide.

Au centre-ville quelques banques sont fermées alors que d’autres accueillent leurs clients à guichet fermé.

Les motards les plus courageux, circulent à leurs risques.

Ce matin des cas de dérapages ont été observés au niveau de Afya Bora à dans le quartier Katindo. Des badauds munis des pierres et des bâtons s’en prenaient aux motards et leurs clients en leur exigeant aussi de l’argent. D’autres scènes de violences, ont été signalées au niveau du croisement appelé « entrée Président » où un groupe des jeunes incontrôlés ont barricadé la route tout en s’en prenant aux passants qui ne prenaient pas part à la marche.

Un motard et son client, en provenance de Ndosho qui voulait s’effrayer un passage pour atteindre le centre-ville, ont été pris pour cible par ce groupe.

Entre temps, le responsable de la coordination urbaine de la société civile sensibilisait ces jeunes en colère sur le caractère pacifique de cette manifestation.

Du côté de Grande barrière, il s’observe un mouvement timide de la traversée de deux côtés de la frontière entre la RDC et le Rwanda.

La coordination provinciale de la société civile a lancé, la semaine dernière, un appel à une marche pacifique ce lundi à Goma pour « exiger de la communauté internationale qu’elle condamne fermement l’agression de la RDC par le Rwanda sous le label de la rébellion du M23 ».

Cette marche de la société civile intervient au lendemain de la manifestation spontanée d’un groupe des jeunes de la société civile et de mouvements citoyens dans les rues de Goma dimanche 30 octobre. Les manifestants ont brûlé le drapeau du Rwanda, à la grande barrière. Cette action fait suite à la décision du Conseil supérieur de la défense demandant au Gouvernement d’expulser Vincent Karega, ambassadeur plénipotentiaire du Rwanda en poste en RDC.

Ces dizaines des jeunes manifestants portaient des calicots sur lesquels on pouvait lire: « Respecter l’intégrité de la RDC », « Peuple congolais disons non à l’agression de notre territoire par le Rwanda », « Nous condamnons le silence de la communauté internationale face à l’agression de la RDC »…

radiookapi.net

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Le tribalisme institutionnel en RDC : un frein majeur au développement national

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La République Démocratique du Congo (RDC), pays d’une immense diversité ethnique et culturelle, fait face à un défi de taille : le tribalisme institutionnel. Ce phénomène, s’est amplifié ces dernières années et constitue un obstacle majeur au développement harmonieux du pays. Notre analyse se penche sur la manière dont cette pratique s’est enracinée dans les sphères religieuses et académiques, deux piliers essentiels de la société congolaise.

L’héritage colonial et ses répercussions actuelles

L’histoire de la RDC est profondément marquée par son passé colonial. La stratégie du “diviser pour régner” employée par les autorités belges a laissé des cicatrices durables dans le tissu social du pays. Cette politique a exacerbé les divisions ethniques, créant un terrain fertile pour le tribalisme qui persiste jusqu’à aujourd’hui.

Les données démographiques, bien qu’anciennes, témoignent de la complexité ethnique du pays. Le dernier recensement officiel, datant de 1984, dénombrait plus de 350 groupes ethniques distincts. Cette diversité, qui pourrait être une source de richesse culturelle, est souvent instrumentalisée à des fins politiques et économiques.

Les communautés religieuses : un miroir des divisions ethniques

Les grandes communautés religieuses de la RDC, notamment les églises évangéliques, sont au cœur de cette problématique. Des observations sur le terrain et des analyses de la composition des organes de direction de ces institutions révèlent une tendance inquiétante à la surreprésentation de certains groupes ethniques.

Prenons l’exemple de la Communauté Baptiste du Centre de l’Afrique (CBCA), une institution majeure dans l’est du pays. Bien qu’opérant dans une région multi-ethnique, la composition de ses instances dirigeantes semble favoriser de manière disproportionnée les membres d’une ethnie particulière.

De même, la Communauté Presbytérienne de Kinshasa (CPK), qui se veut une église nationale, présente une structure de leadership qui reflète une forte concentration régionale, avec une majorité de ses cadres supérieurs provenant d’une seule province.

Ces pratiques, loin d’être isolées, semblent être répandues dans de nombreuses institutions religieuses à travers le pays. Elles soulèvent des questions importantes sur l’inclusivité et l’équité au sein de ces communautés, censées promouvoir l’unité et l’égalité.

Le monde académique : reproduction des schémas tribaux

Le secteur de l’enseignement supérieur n’échappe pas à cette dynamique. Des observations dans plusieurs universités majeures du pays, tant publiques que privées, mettent en lumière des schémas similaires de favoritisme ethnique.

L’analyse de la composition du corps professoral et des postes administratifs dans certaines institutions révèle une surreprésentation flagrante de certains groupes ethniques. Cette situation est particulièrement prononcée dans les universités régionales, où le corps enseignant et l’administration reflètent souvent la composition ethnique locale, au détriment de la diversité nationale.

Cette pratique a des conséquences graves sur la qualité de l’enseignement et de la recherche. Elle limite la diversité des perspectives, freine l’innovation et perpétue un système où le mérite est souvent secondaire par rapport à l’appartenance ethnique.

Impact sur le développement national

Les répercussions du tribalisme institutionnel vont bien au-delà des murs des églises et des campus universitaires. Elles affectent profondément le développement économique et social du pays dans son ensemble.

Les indicateurs de développement placent systématiquement la RDC parmi les pays les moins avancés. Selon l’Indice de Développement Humain, la RDC se classe régulièrement dans le dernier quart du classement mondial. Bien que de nombreux facteurs contribuent à cette situation, le tribalisme institutionnel joue un rôle non négligeable en entravant la méritocratie et l’allocation efficace des ressources humaines.

Dans le secteur privé, des enquêtes menées auprès d’entrepreneurs révèlent que la discrimination basée sur l’origine ethnique reste un obstacle majeur dans l’accès aux opportunités d’affaires et aux financements. Cette situation freine l’innovation et la croissance économique, privant le pays de talents et d’idées qui pourraient contribuer à son développement.

Le jeu dangereux des alliances politiques

L’analyse des nominations à des postes clés au sein des institutions religieuses et académiques révèle souvent des coïncidences troublantes avec les changements politiques au niveau national ou provincial. Ces observations suggèrent l’existence d’un système d’échange de faveurs entre certaines communautés religieuses, des universités et le pouvoir politique.

Ce système de clientélisme basé sur l’appartenance ethnique perpétue un cercle vicieux où le mérite et les compétences sont relégués au second plan. Il contribue à maintenir en place des structures de pouvoir qui ne reflètent pas la diversité du pays et ne servent pas nécessairement ses intérêts à long terme.

Vers des solutions : initiatives et perspectives

Face à ce constat, des voix s’élèvent dans la société civile congolaise pour demander un changement. Des propositions émergent, telles que l’instauration de quotas ethniques dans les institutions publiques et parapubliques pour garantir une représentation équitable de toutes les communautés.

Certaines universités ont commencé à mettre en place des programmes visant à promouvoir la diversité ethnique au sein de leur corps enseignant et étudiant. Bien que ces initiatives soient encore à leurs débuts, elles représentent un pas dans la bonne direction.

L’inclusion : un défi pour l’avenir de la RDC

Le tribalisme institutionnel en RDC est un phénomène complexe, profondément enraciné dans l’histoire et la culture du pays. Son éradication nécessitera des efforts concertés de la part de tous les acteurs de la société congolaise.

La lutte contre cette pratique est essentielle pour l’avenir du pays. Elle est indispensable pour garantir l’égalité des chances pour tous les Congolais, indépendamment de leur origine ethnique, et pour permettre au pays de tirer pleinement parti de la richesse de sa diversité.

Le chemin vers une société plus égalitaire et méritocratique sera long, mais il est crucial pour la cohésion nationale et le développement durable du pays. Les années à venir seront déterminantes pour voir si la nation congolaise saura relever ce défi et transcender ses divisions pour construire un avenir commun prospère.

Franck Tatu


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