Salomon Tudieshe va passer au peigne fin l’exécution du marché public concernant les travaux de construction et de réhabilitation des infrastructures des universités à Kinshasa, Mbuji-Mayi, Kananga et Bunia.
La clameur publique dans les détournements supposés des fonds destinés à la réhabilitation et la construction des universités ne pouvait pas laisser le Procureur général près la Cour des comptes sans réagir. Salomon Tudieshe, c’est de lui qu’il s’agit, mène des investigations sur le dossier relatif à l’exécution du marché public concernant les travaux de construction et de réhabilitation des infrastructures des universités officielles de Mbuji-Mayi, Kananga, Bunia. L’enquête concerne également certains établissements universitaires de la capitale Kinshasa, à savoir l’Université pédagogique nationale (UPN) et l’Institut du bâtiment et des travaux publics (IBTP).
Selon un communiqué de cette institution judiciaire parvenu à Forum des As, le Procureur général près la Cour des Comptes fonde sa démarche sur les dénonciations portées à sa connaissance conformément aux dispositions de l’article 294 de la loi organique n°18/024 du 13 novembre 2018 portant composition, organisation et fonctionnement de la Cour des comptes.
Des fortes présomptions de détournement pèseraient sur le ministre de l’Enseignement supérieur et Universitaire (ESU), son collègue des PT-NTIC, et certains collaborateurs du Chef de l’État suite au flou persistant dans l’attribution et l’exécution de certains marchés à travers le pays. Cas de la réhabilitation controversée des établissements académiques à Kinshasa et Mbuji-Mayi.
Des millions de dollars américains issus du Registre d’appareils mobiles (RAM) auraient été siphonnés ou mal gérés par des responsables impliqués dans ces projets. Au lancement de cette enquête, l’Association congolais pour l’accès à la justice (ACAJ) appelle les magistrats à faire preuve « d’indépendance et de fermeté».
En cas de détournements avérés, ACAJ appelle à déférer leurs auteurs devant la justice afin de subir la force de la loi.
On rappelle que la réalisation des chantiers du Président de la République, notamment sur ses terres du Kasaï-Oriental, souffrirait du détournement systématique des fonds. Et certains de ses proches seraient impliqués dans la plupart des projets dont l’argent est siphonné : route Mbuji-Mayi -Kananga, l’UOM, école Kalenda Mudishi, stade Kashala Bonzola et les autres ouvrages dans le cadre des chantiers Tshilejelu et lutte contre les inégalités sociales…
En décembre 2021, alors qu’il était allé à Mbuji-Mayi «voir la réalisation des projets», Fatshi avait été surpris par une clameur publique concernant les détournements de l’argent décaissé pour ces projets. L’assistance ne s’était pas contentée seulement d’accuser les « voleurs », elle avait plaidé aussi pour un châtiment à leur endroit. La suite, personne n’aurait été puni, selon des sources.
De retour à Mbuji-Mayi le 30 décembre 2022, tout juste une année après sa première visite officielle, c’est le statu quo ante. Dans les différents chantiers qu’il a visités, à savoir : l’Université officielle de Mbuji-Mayi (UOM), l’école Kalenda Mudishi et le stade Kashala Bonzola, partout, ça sentait le détournement.
Le cas le plus souvent évoqué est celui de l’Université officielle de Mbuji-Mayi. On explique que les travaux de construction n’évoluent comme initialement prévu, «alors que 42 millions USD auraient été déboursés, selon des sources proches du dossier. D’après le chronogramme de SRP Construction, l’entreprise qui a gagné le marché, 16 auditoires allaient être livrés après 9 mois et les homes et autres bureaux devaient suivre par la suite.»
Mais 8 mois plus tard, on en est à l’étape de fondation de construction des auditoires. Les étudiants de l’UOM étaient vent debout et ont interpellé le Chef de l’Etat.
Les responsables de SRP Construction justifient ce retard dans l’exécution des travaux par le blocage des matériaux de construction à Lubumbashi. Une explication qui ne convainc pas tout le monde. D’après certaines indiscrétions, une bonne partie des 42 millions USD aurait été siphonnée par quelques conseillers de la Présidence de la République et certains proches du Président de la République impliqués dans ce chantier. Certaines personnes accusent les responsables de SRP Construction de couvrir la mafia.
Polémique
Une vive polémique secoue l’opinion. Le ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire, Muhindo Nzangi, a déclaré, le 4 janvier, devant la presse, que les travaux de construction de cette université coûtent 17 millions de dollars et non 42 millions. Et que ces travaux étaient préfinancés par l’entreprise qui avait gagné le marché.
Le numéro 1 de l’ESU a été aussitôt contredit par les faits. En effet, un document signé par lui et qui circule sur les réseaux sociaux, renseigne que le montant est de 48 millions de dollars américains, bien au-delà de celui diffusé dans la presse, à savoir 42 millions de dollars américains.
L’enquête ouverte par le PG Salomon devra apporter l’éclairage possible.
Rachidi MABANDU/FORUM DES AS