Analyses et points de vue
Adolphe Muzito : Le caméléon de la politique de la RDC
Adolphe Muzito, ancien Premier Ministre de Joseph Kabila, est un homme dont le parcours politique est aussi fascinant qu’inquiétant. S’il y a un mot qui pourrait résumer sa carrière, ce serait « opportunisme ». Parti de la présidence de Kabila, il a su se faufiler dans les interstices du pouvoir, jonglant habilement entre les alliés et les ennemis, tout en affichant un cynisme désarmant.
Au départ, Muzito se voulait un homme de la résistance. En tant que membre de Lamuka, il a vociféré contre Félix Tshisekedi, le dénonçant avec la ferveur d’un prophète. Dans le même souffle, il a commencé une entreprise destructrice et de dénigrement contre Martin Fayulu, le candidat du peuple, et Moïse Katumbi, un autre prétendant à la présidence.
Qui aurait cru qu’un homme si ardent dans sa lutte pour le changement et la transparence finirait par se ranger derrière celui qu’il avait combattu avec tant de véhémence? Le plus ironique, c’est que Muzito Fundji a réussi à tourner sa veste avec une aisance déconcertante, soutenant aujourd’hui Félix Tshisekedi, alors même qu’il avait pris part à l’opposition pour dénoncer les dérives du système Kabila.
Ce retournement de situation pourrait prêter à rire si ce n’était pas si tragique pour le peuple congolais. Qui peut encore croire aux promesses de cet homme après avoir vu son parcours chaotique? Adolphe Muzito a dirigé le gouvernement de la RDC pendant quatre ans, et le bilan de son mandat est tout aussi décevant que son parcours. Le sénateur Gérard Mulumba dit Gecoco pourrait nous en dire plus.
La corruption, l’inefficacité et le manque de vision ont caractérisé son passage à la tête de l’exécutif. Peut-être est-ce pour cela qu’il souhaite aujourd’hui une révision constitutionnelle pour maintenir Félix Tshisekedi au pouvoir. N’est-ce pas là un bel exemple de la fameuse maxime : « Ne fais pas ce que je fais, fais ce que je dis »? Nous nous rappelons encore comment il criait à tue-tête : »Pas de révision de la constitution ni de 3ème mandat ».
Et maintenant, le voilà, en train de plaider pour un changement constitutionnel qui permettra à Félix Tshisekedi de se maintenir au pouvoir pendant que ce dernier ne cesse de dire qu’il n’en veut pas, alors qu’il avait jadis combattu Kabila pour les mêmes raisons. Ce retournement de situation ne fait que mettre en lumière la duplicité d’un homme qui semble plus préoccupé par sa propre survie politique que par l’avenir de son pays.
Adolphe Muzito incarne cette triste réalité de la politique congolaise, où les principes sont constamment trahis au profit d’intérêts personnels. Sa carrière est un miroir déformant de la lutte pour la démocratie en RDC, où les leaders d’hier deviennent les complices d’aujourd’hui. Adolphe Muzito tel un serpent dans l’herbe, il se faufile, sournois, et ne laisse derrière lui que le poison de sa perfidie.
Il est le parfait symbole de ce que la politique congolaise a de plus navrant : un homme sans boussole, naviguant entre les eaux troubles de l’opportunisme, prêt à sacrifier ses idéaux sur l’autel du pouvoir. Les Congolais méritent mieux, et il est grand temps de mettre fin à ce théâtre grotesque où les acteurs changent de rôle comme de chemise.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR
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Analyses et points de vue
La RDC et la CPI : Quand la colère du gouvernement se heurte à l’indifférence internationale
Dans un contexte international où les droits de l’homme et la justice pénale sont au cœur des préoccupations, la RDC se trouve à un carrefour critique. Le Vice-Ministre de la Justice chargé du Contentieux international, Samuel MBEMBA KABUYA, a récemment rencontré le Procureur général adjoint pour exprimer la frustration grandissante du peuple congolais envers la Cour Pénale Internationale (CPI).
Cette rencontre souligne une réalité troublante : malgré les atrocités documentées et les appels répétés de la RDC, la CPI semble rester muette face à la souffrance d’un peuple. La CPI, créée par le traité de Rome, a pour mission de juger les crimes les plus graves, tels que le génocide, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité.
Selon l’article 15 du traité, la Cour peut s’autosaisir lorsque des crimes relevant de sa compétence sont commis. Pourtant, la RDC a saisi la CPI à plusieurs reprises, lui transmettant des preuves accablantes des violences qui ravagent son territoire. Malgré cela, la réponse de la Cour a été désespérément lente, voire inexistante, laissant les victimes dans l’oubli.
Les conséquences de cette indifférence sont alarmantes. Les populations congolaises, déjà éprouvées par des décennies de conflits armés, d’exploitation et de violations des droits humains, se sentent trahies par une institution censée défendre la justice. La colère exprimée par Samuel Mbemba Kabuya n’est pas seulement celle d’un ministre.
Mais elle résonne comme l’écho des millions de voix silencieuses qui souffrent en raison de l’inaction internationale. La RDC, riche en ressources naturelles, a longtemps été le théâtre d’intérêts géopolitiques complexes. Les atrocités commises sur son sol sont souvent minimisées, voire ignorées, par une communauté internationale préoccupée par d’autres enjeux.
La colère du peuple congolais, portée par des représentants comme Kabuya, réclame une justice qui semble hors de portée. L’absence de réaction de la CPI face aux demandes répétées de la RDC soulève des questions sur l’efficacité et l’impartialité de cette institution. La situation en RDC met en lumière une problématique plus large : celle de la responsabilité des acteurs internationaux face aux injustices.
Si les États ne peuvent pas compter sur la CPI pour répondre aux crimes commis sur leur territoire, quelle confiance peuvent-ils avoir dans le système de justice internationale ? La RDC appelle à une réévaluation du rôle de la CPI et à une réponse plus prompte et efficace aux violations des droits humains. La colère du peuple congolais face à l’inaction de la CPI est un cri de désespoir et d’appel à la justice.
Samuel Mbemba Kabuya, à travers ses déclarations, incarne cette lutte pour la reconnaissance et la réparation des atrocités subies. Il est temps que la communauté internationale prenne conscience de la responsabilité qui lui incombe et agisse pour que les promesses de justice ne soient pas de vains mots, mais se traduisent en actions concrètes. La RDC mérite d’être entendue, et son peuple a le droit de voir ses souffrances reconnues et réparées.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR
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