Culture
Yolande Elebe Ma Ndembo : Vers une redéfinition du statut de l’artiste en RDC ?

En RD Congo, le monde de l’art est souvent synonyme de musique et d’humour. Pourtant, la richesse créative du pays s’étend bien au-delà de ces deux domaines. Lors d’une récente rencontre avec des artistes, la ministre de la Culture et des Arts, Yolande Elebe Ma Ndembo, a tenté d’ouvrir le dialogue sur des sujets cruciaux tels que les droits d’auteur, la pérennisation du patrimoine, la mobilité des artistes et leur statut social.
Cependant, une question demeure : la ministre parviendra-t-elle à élargir la perception étroite que les décideurs ont des artistes ? La rencontre a mis en lumière la nécessité d’une législation robuste sur les droits d’auteur, un aspect crucial pour protéger le travail des créateurs. En effet, la RDC, malgré son riche patrimoine artistique, souffre d’un manque de reconnaissance et de protection pour ses artistes.
Les musiciens, humoristes, et autres figures emblématiques ne sont pas les seuls à souffrir de cette lacune ; les écrivains, peintres, sculpteurs et autres créateurs doivent également être pris en compte. Yolande Elebe Ma Ndembo, en tant qu’écrivaine elle-même, a l’opportunité unique de plaider en faveur d’une législation qui englobe toute la diversité artistique du pays.
La pérennisation du patrimoine culturel congolais est un enjeu fondamental. Les artistes ne doivent pas seulement être vus comme des divertisseurs, mais comme des gardiens de la culture. La ministre a évoqué des initiatives pour soutenir la préservation des œuvres et des traditions, mais il est impératif d’inclure une approche multidisciplinaire.
Cela signifie reconnaître le rôle des écrivains, des artistes visuels et des artisans dans la construction de l’identité nationale. En élargissant cette vision, Yolande Elebe Ma Ndembo pourrait véritablement impulser une dynamique positive pour l’ensemble du secteur culturel. La mobilité des artistes reste un enjeu crucial, tant sur le plan national qu’international.
Les restrictions et les difficultés d’accès aux ressources et aux marchés empêchent de nombreux créateurs de se faire connaître au-delà de leurs frontières. La ministre a souligné l’importance de soutenir cette mobilité, mais elle doit également s’assurer que cette aide ne se limite pas aux musiciens et humoristes, mais inclut tous les artistes, quel que soit leur domaine.
Cela pourrait passer par la création de programmes d’échanges, de résidences artistiques et de soutiens financiers pour les projets qui rassemblent différentes formes d’art. Enfin, le statut social des artistes en RDC est un sujet brûlant. Trop souvent, les artistes sont perçus comme des figures marginales, vivant dans l’ombre des institutions.
Yolande Elebe Ma Ndembo, en tant que ministre, a la responsabilité de plaider pour une reconnaissance officielle du rôle des artistes dans la société. Cela passe par l’amélioration de leurs conditions de travail, l’accès à la santé, et la création de mécanismes de soutien en cas de difficulté. Un véritable statut social pour les artistes pourrait transformer leur image.
Ce statut pourrait leur permettre de contribuer pleinement au développement culturel et économique du pays. Yolande Elebe Ma Ndembo a la possibilité de devenir une véritable ambassadrice des arts en RDC, mais cela nécessite une vision audacieuse et inclusive. En dépassant la vision réductrice qui associe l’art au seul divertissement, la ministre peut contribuer à faire émerger une nouvelle ère pour les artistes congolais.
Le défi est grand, mais l’opportunité l’est tout autant. Il est temps de redéfinir ce que signifie être un artiste en RDC et de s’assurer que chaque voix, qu’elle soit musicale, littéraire, visuelle ou autre, soit entendue et valorisée. La ministre de la culture confond son rôle et son périmètre. Elle agit ainsi comme un jardinier qui sème des graines dans le vent : il espère récolter, mais ne fait que disperser le désordre.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR
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Société
L’insécurité s’aggrave à Masisi : un agent de « Médecins Sans Frontières » tué par balle dans sa maison

Le territoire de Masisi, dans la province du Nord-Kivu, a de nouveau été frappé par la violence. Dans la soirée du vendredi 18 au samedi 19 avril 2025, un agent de Médecins Sans Frontières (MSF), identifié sous le prénom d’Isidore, a été tué par balle alors qu’il se trouvait chez lui, au quartier Birere, non loin du bureau communal de Masisi-centre.
Selon des sources locales, le drame s’est produit vers 20h, lorsque des hommes armés tentaient de dépouiller des passants à proximité. Une balle tirée par les assaillants a transpercé le mur de son habitation, atteignant mortellement la victime.
« Il se reposait dans sa maison. Soudain, une balle a traversé le mur et l’a frappé. On ne pouvait rien faire », a déclaré un voisin sous le choc.
Les auteurs de cet acte restent non identifiés, et aucun groupe armé n’a encore revendiqué la responsabilité de cette attaque. Ce nouveau meurtre alimente la psychose au sein de la population, d’autant plus que la zone est censée être sous contrôle du mouvement armé AFC/M23, présent dans la région.
Le drame intervient quelques jours après l’assassinat d’un autre civil, le 15 avril, à Ngesha. La victime, Kibira Butataanya Grace, un jeune cinéaste et sculpteur d’une vingtaine d’années, a également été tuée par des hommes armés non identifiés.
Ces incidents rappellent, une fois de plus, l’extrême vulnérabilité des civils à Masisi, pris entre la présence des groupes armés, l’insécurité chronique, et l’absence d’une protection effective de l’État.
Cédrick Sadiki Mbala/CONGOPROFOND.NET
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