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Sele Yalaghuli réagit sur l’utilisation des cartes de crédit d’anciens ministres

L’utilisation des cartes de crédit par les membres du gouvernement crée un tollé depuis son annulation par l’actuel ministre des Finances, Nicolas Kazadi. Dans une mise au point, la cellule de communication, du ministre honoraire des Finances Sele Yalaghuli éclaire l’opinion sur cette situation.
« Les us et coutumes de part le monde entier assignent aux ministres des Affaires étrangères et à celui des Finances de piloter les relations extérieures dans le sens des intérêts du pays. Sont bénéficiaires de ces cartes, en ordre d’importance, le ministre des Affaires étrangères , le ministre de la Coopération, le ministre des Finances et le Gouverneur de la BCC. Les deux premiers sur le plan politique et diplomatique, les deux seconds du point de vue des finances et économique », peut-on lire dans ce communiqué de presse.
Sele Yalaghuli précise que les personnalités qui occupent ces fonctions sont appelées à effectuer des réguliers et fréquents déplacements à l’étranger pour des missions officielles. À cet effet et pour parer au plus pressé, des cartes prépayées avec des montants précis oscillant entre 20.000 et 40.000 USD mensuels leurs sont données. Ces cartes sont prépayées par la Banque centrale du Congo (BCC) et ne sont pas liées au compte général du Trésor, comme certains arguent. Elles sont acquises par la BCC en laissant des provisions auprès de Rawbank.
La cellule de communication de Sele Yalaghuli explique en sus la manière dont les bénéficiaires utilisent ces cartes, en signifiant que cette pratique n’est pas seulement en RDC et elle est d’actualité dans tous les pays du monde.
« Ces cartes leur permettent d’être plus agiles pour, notamment, payer des billets, hôtels, dîners avec les partenaires. Elles sont utilisées seulement à l’étranger, pas au pays. Chaque mois, l’utilisation de ces cartes doit faire l’objet de justification avant qu’elles soient renflouées éventuellement. Ces pratiques sont d’actualité dans tous les pays du monde, et même auprès de certains organismes comme la Banque mondiale et le FMI. Au pays, c’est une tradition qui remonte à l’indépendance.Tous les ministres des Affaires étrangères, des Finances et les Gouverneurs de la BCC ont toujours bénéficié de ces cartes. »
Dans ce communiqué de presse, Sele Yalaghuli informe l’opinion que plus récemment, sous le Premier ministre Ilunga Ilunkamba, les deux plus grands utilisateurs étaient la ministre des Affaires étrangères et le ministre de la Coopération, pour la simple raison qu’ils ont beaucoup voyagé pour le compte du pays. Et lui-même a eu recours à cette carte à deux reprises : lors de la mission au cours de laquelle il a accompagné le Chef de l’Etat à la Banque mondiale et au FMI à Washington DC, et lors de la mission des Assemblées annuelles de ces deux institutions de Bretton Woods tenues en novembre 2019 toujours à Washington DC. Sa carte est même restée avec un solde que la Rawbank a reversé à la BCC, surtout qu’il ne l’a utilisée que à deux reprises.
Enfin, l’ex-ministre ministre des Finances déplore la mauvaise fois des personnes à l’origine de ce qu’il appelle les imputations dommageable :
« Toutes ces informations sont vérifiables à la BCCa et chez Rawbank. La position des personnes à l’origine de ces imputations dommageables tient seulement de deux choses : Ignorance dommageable et paresse intellectuelle, s’ils avaient vérifié tout cetoure ces cartes, ils n’allaient pas en faire un buzz. Il y a lieu de déplorer ici la mauvaise foi habituelle, et la manipulation par des commanditaires habituels », conclut-il.
Jolga Luvundisakio/CONGOPROFOND.NET
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Kinshasa perd une plume d’or : Sénado alias « Général Bowane » s’en est allé

Kinshasa pleure l’un de ses enfants prodiges. Sénado Mananasi, connu encore sous le nom de « Général Bowane », s’est éteint, emportant avec lui un pan discret mais fondamental de l’histoire musicale congolaise. Auteur, compositeur, parolier de l’ombre, il était pourtant la source lumineuse derrière des tubes devenus cultes dans les années 80 et 90.
Natif de Kingasani, dans le district populaire de la Tshangu, Sénado a été bercé dès l’enfance par l’effervescence musicale de Kinshasa. Vers le milieu des années 1980, il entre dans les orchestres Balafon et Select Musica de Malembe Chant, où sa voix suave et son sens inné de la mélodie le rendent vite incontournable.
Mais c’est surtout par la plume que le Général Bowane se distingue. Il signe en effet « Sai Sai », chanson mythique interprétée par Papa Wemba, devenue un succès planétaire. Un titre qui a traversé les frontières du Congo pour résonner jusqu’en Europe et dans les diasporas africaines. Peu savent que derrière cette pépite, se cachait ce parolier modeste, attaché à sa Tshangu natale.
Sénado a également prêté son talent à de nombreuses formations musicales de Kinshasa. Plusieurs chansons interprétées par le clan Wenge Musica portent sa signature, preuve de son ancrage profond dans la sève artistique qui a nourri une génération entière. Les archives officieuses de la musique congolaise regorgent de ces refrains populaires dont il fut l’architecte discret.
Par ailleurs, il était le grand frère de Chai Ngenge, ancien membre éminent du groupe Wenge BCBG de JB Mpiana. Une fratrie musicale donc, dont l’influence s’étend sur plusieurs décennies de rumba, de ndombolo et de toutes les hybridations qui ont fait la renommée du « son kinois ».
L’annonce de sa mort a suscité une vive émotion parmi les mélomanes, les artistes, et ceux qui, dans l’ombre comme lui, œuvrent à l’immortalité de la culture congolaise. Les hommages affluent, mais nombreux sont ceux qui regrettent que Sénado n’ait jamais reçu de reconnaissance à la mesure de son apport. Comme tant d’autres génies silencieux de la scène congolaise, il s’en va sans disques d’or, mais avec l’or des cœurs.
Son parcours rappelle cruellement combien la mémoire musicale congolaise est souvent injuste avec ses bâtisseurs. Le Général Bowane n’était pas une figure de paille : il était un passeur d’émotion, un faiseur de classiques, un pilier invisible d’une époque d’or.
Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET