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RDC :”Le Pacte éducatif africain” au centre de réflexion d’un Symposium, du 2 au 5 novembre, à l’UCC
L’Université Catholique au Congo (UCC), en collaboration avec la Fondation “Religions et Sociétés”, organise du 02 au 05 novembre 2022, un grand symposium international, sous le thème :”Pacte éducatif africain. Pour une concrétisation africaine du projet du Pape François”.
C’est l’essentiel du message lancé par l’abbé Recteur de cette institution universitaire, le professeur Léonard Santedi Kinkupu, lors d’un point de presse tenu le vendredi 09 septembre 2022, au campus de Kinshasa-Limete.
Dans son argumentaire, cet ancien Secrétaire Général de la Conférence Episcopale du Congo (Cenco) a souligné que le Saint-Père vient d’engager l’Eglise, tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté, issus d’autres religions et convictions de tout bord, dans un nouveau pacte éducatif mondial, dont l’humanité a besoin, compte tenu des défis auxquels elle doit faire face aujourd’hui.
C’est ainsi que, a-t-il indiqué : ” La Fondation internationale Religions et Sociétés, voudrait maintenant qu’au niveau africain, qu’on puisse s’approprier ce grand projet, pour penser à un pacte africain et pour une concrétisation africaine du projet du Pape “.
Poursuivant son allocution, l’abbé Santedi a souligné que ce grand projet du Souverain Pontife est un appel, une invitation, mieux une interpellation qu’il lance à tous les contemporains, pour éveiller notre conscience, en même temps notre sens de responsabilité.
En effet, martèle-t-il :“S’il est vrai que le continent africain est réputé jeune au regard de sa population, il n’en demeure pas moins vrai que cette Afrique est un continent qui fait face à de nombreux problèmes “.
C’est donc, souligne-t-il, en vue de répondre adéquatement aux défis majeurs auxquels l’Afrique est confrontée, que ce pacte éducatif africain doit être concrétisé, l’éducation étant un laboratoire d’humanisation selon le Pape Benoît XVI.
Au nombre de ces défis auxquels l’Afrique en général fait face, l’abbé Recteur a énuméré, entre autres : Les guerres fratricides, la corruption, la mauvaise gouvernance, la mauvaise gestion du bien commun, le regain du tribalisme, les conflits ethniques, le délabrement des infrastructures, l’accès difficile aux soins de santé, etc.
C’est pourquoi, dit l’abbé Léonard Santedi, l’Eglise en Afrique, les scientifiques, ainsi que les hommes de culture, doivent être sensibles pour préparer un avenir meilleur aux générations futures.
Notons que ce Symposium international réunira la crème intellectuelle de l’Eglise catholique africaine, avec des invités de marque, des cardinaux qui viendront de l’Europe, de l’Amérique et de l’Afrique, des évêques, des Présidents des Conférences Episcopales au niveau africain, des responsables du monde culturel, éducatif et les hommes de science.
En guise de rappel, il convient de souligner qu’il y a déjà eu deux symposium, d’abord en 2020 à Kigali au Rwanda et ensuite en 2021 à Yaoundé au Cameroun.
Pour ce troisième symposium, le choix était porté sur Kinshasa et pour ce faire, le Recteur indique ceci : ” Un tel événement est de nature, non seulement à honorer l’Université Catholique au Congo, mais aussi à rehausser l’image de l’Eglise et du pays pour son leadership aux niveaux continental et national “.
La rédaction de CONGOPROFOND.NET, qui a exprimé sa préoccupation sur le caractère inclusif de ce symposium, souhaite une bonne chance aux organisateurs.
Le rendez-vous est donc pris, du 02 au 06 novembre 2022, pour le symposium international sur le pacte éducatif africain.
Jules Kisema/CONGOPROFOND.NET
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Le tribalisme institutionnel en RDC : un frein majeur au développement national
La République Démocratique du Congo (RDC), pays d’une immense diversité ethnique et culturelle, fait face à un défi de taille : le tribalisme institutionnel. Ce phénomène, s’est amplifié ces dernières années et constitue un obstacle majeur au développement harmonieux du pays. Notre analyse se penche sur la manière dont cette pratique s’est enracinée dans les sphères religieuses et académiques, deux piliers essentiels de la société congolaise.
L’héritage colonial et ses répercussions actuelles
L’histoire de la RDC est profondément marquée par son passé colonial. La stratégie du “diviser pour régner” employée par les autorités belges a laissé des cicatrices durables dans le tissu social du pays. Cette politique a exacerbé les divisions ethniques, créant un terrain fertile pour le tribalisme qui persiste jusqu’à aujourd’hui.
Les données démographiques, bien qu’anciennes, témoignent de la complexité ethnique du pays. Le dernier recensement officiel, datant de 1984, dénombrait plus de 350 groupes ethniques distincts. Cette diversité, qui pourrait être une source de richesse culturelle, est souvent instrumentalisée à des fins politiques et économiques.
Les communautés religieuses : un miroir des divisions ethniques
Les grandes communautés religieuses de la RDC, notamment les églises évangéliques, sont au cœur de cette problématique. Des observations sur le terrain et des analyses de la composition des organes de direction de ces institutions révèlent une tendance inquiétante à la surreprésentation de certains groupes ethniques.
Prenons l’exemple de la Communauté Baptiste du Centre de l’Afrique (CBCA), une institution majeure dans l’est du pays. Bien qu’opérant dans une région multi-ethnique, la composition de ses instances dirigeantes semble favoriser de manière disproportionnée les membres d’une ethnie particulière.
De même, la Communauté Presbytérienne de Kinshasa (CPK), qui se veut une église nationale, présente une structure de leadership qui reflète une forte concentration régionale, avec une majorité de ses cadres supérieurs provenant d’une seule province.
Ces pratiques, loin d’être isolées, semblent être répandues dans de nombreuses institutions religieuses à travers le pays. Elles soulèvent des questions importantes sur l’inclusivité et l’équité au sein de ces communautés, censées promouvoir l’unité et l’égalité.
Le monde académique : reproduction des schémas tribaux
Le secteur de l’enseignement supérieur n’échappe pas à cette dynamique. Des observations dans plusieurs universités majeures du pays, tant publiques que privées, mettent en lumière des schémas similaires de favoritisme ethnique.
L’analyse de la composition du corps professoral et des postes administratifs dans certaines institutions révèle une surreprésentation flagrante de certains groupes ethniques. Cette situation est particulièrement prononcée dans les universités régionales, où le corps enseignant et l’administration reflètent souvent la composition ethnique locale, au détriment de la diversité nationale.
Cette pratique a des conséquences graves sur la qualité de l’enseignement et de la recherche. Elle limite la diversité des perspectives, freine l’innovation et perpétue un système où le mérite est souvent secondaire par rapport à l’appartenance ethnique.
Impact sur le développement national
Les répercussions du tribalisme institutionnel vont bien au-delà des murs des églises et des campus universitaires. Elles affectent profondément le développement économique et social du pays dans son ensemble.
Les indicateurs de développement placent systématiquement la RDC parmi les pays les moins avancés. Selon l’Indice de Développement Humain, la RDC se classe régulièrement dans le dernier quart du classement mondial. Bien que de nombreux facteurs contribuent à cette situation, le tribalisme institutionnel joue un rôle non négligeable en entravant la méritocratie et l’allocation efficace des ressources humaines.
Dans le secteur privé, des enquêtes menées auprès d’entrepreneurs révèlent que la discrimination basée sur l’origine ethnique reste un obstacle majeur dans l’accès aux opportunités d’affaires et aux financements. Cette situation freine l’innovation et la croissance économique, privant le pays de talents et d’idées qui pourraient contribuer à son développement.
Le jeu dangereux des alliances politiques
L’analyse des nominations à des postes clés au sein des institutions religieuses et académiques révèle souvent des coïncidences troublantes avec les changements politiques au niveau national ou provincial. Ces observations suggèrent l’existence d’un système d’échange de faveurs entre certaines communautés religieuses, des universités et le pouvoir politique.
Ce système de clientélisme basé sur l’appartenance ethnique perpétue un cercle vicieux où le mérite et les compétences sont relégués au second plan. Il contribue à maintenir en place des structures de pouvoir qui ne reflètent pas la diversité du pays et ne servent pas nécessairement ses intérêts à long terme.
Vers des solutions : initiatives et perspectives
Face à ce constat, des voix s’élèvent dans la société civile congolaise pour demander un changement. Des propositions émergent, telles que l’instauration de quotas ethniques dans les institutions publiques et parapubliques pour garantir une représentation équitable de toutes les communautés.
Certaines universités ont commencé à mettre en place des programmes visant à promouvoir la diversité ethnique au sein de leur corps enseignant et étudiant. Bien que ces initiatives soient encore à leurs débuts, elles représentent un pas dans la bonne direction.
L’inclusion : un défi pour l’avenir de la RDC
Le tribalisme institutionnel en RDC est un phénomène complexe, profondément enraciné dans l’histoire et la culture du pays. Son éradication nécessitera des efforts concertés de la part de tous les acteurs de la société congolaise.
La lutte contre cette pratique est essentielle pour l’avenir du pays. Elle est indispensable pour garantir l’égalité des chances pour tous les Congolais, indépendamment de leur origine ethnique, et pour permettre au pays de tirer pleinement parti de la richesse de sa diversité.
Le chemin vers une société plus égalitaire et méritocratique sera long, mais il est crucial pour la cohésion nationale et le développement durable du pays. Les années à venir seront déterminantes pour voir si la nation congolaise saura relever ce défi et transcender ses divisions pour construire un avenir commun prospère.
Franck Tatu
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