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Rawbank: une ancienne gestionnaire de compte écrit au Chef de l’Etat et réclame justice

C’est un cri de détresse que lance Mme MANKIADING MIMI Viviane, ancienne gestionnaire de compte à la Rawbank, pour qu’une justice équitable lui soit faite dans l’affaire qui l’oppose à cette banque commerciale. A travers une correspondance adressée au président de la République et magistrat suprême, Joseph Kabila, la victime n’attend qu’une chose : que le droit soit dit.
En effet, Mme Mankiading a travaillé pendant dix ans à la Rawbank Lubumbashi, depuis l’ouverture de l’agence. Elle a occupé tour à tour les fonctions d’opératrice en monnaies étrangères, de chef de service en monnaies étrangères, de corporate officer, de coordonnatrice lady’s first ainsi que de manager private banking.
L’affaire dont elle se dit victime remonte à 2016. En août 2016, Mr HAMED KALEJ NKAND, un des clients de la banque dont elle était gestionnaire de compte a fait des réclamations selon lesquelles, il ne se rappelait pas de certaines opérations initiées sur son compte. Ainsi, la banque a demandé au client d’introduire officiellement une lettre de réclamation. Dès l’introduction de cette lettre, le directeur commercial a suspendu la gestionnaire de compte sans qu’elle ne soit informée par une correspondance officielle. Elle l’a su que quand elle n’avait plus accès au logiciel de la banque qui lui refusait l’accès en renseignant: « utilisateur suspendu ».
C’est face à cette indignation qu’elle s’est vue obligée de déposer sa démission qui a été acceptée par la banque avec paiement du décompte final.
Un audit qui disculpe
Après son départ, un audit a été initié sur ce dossier. A l’issue de cet audit, il a été révélé qu’aucune faute n’a été trouvée, car toutes les transactions étaient correctes et les opérations effectuées ont été faites d’une manière régulière. Mais, la banque a jugé bon de s’arranger avec le client, en cumulant toutes les transactions par chèque autorisées par la gestionnaire de compte allant de décembre 2014 à juillet 2016. Selon cet arrangement, «LA RAWBANK accepte de payer la somme de 765.000 SUS à HAMED KALEJ NKAND sans reconnaissance d’aucune faute ».
Après s’être rendu compte que le décaissement effectué constitue une perte pour la banque, il a été décidé de faire porter la responsabilité à Mme Mankiading en introduisant une plainte au parquet général de Lubumbashi au mois de novembre 2016 l’accusant d’avoir imité la signature de Mr. KALEJ sur les 22 chèques qui totalisaient 765.000 USD. Etant absente du pays pour soins médicaux, une perquisition a été faite en son domicile. Les comptes de son mari, de ses enfants ainsi de lui-même ont été bloqués.
Une fois de retour au pays, la gestionnaire de compte s’est présentée au tribunal, en janvier 2017. Ayant pris connaissance de la plainte et du rapport d’audit, l’accusée a demandé simplement une confrontation avec le titulaire du compte, les caissiers ayant passé ces 22 chèques, les valideurs de différentes opérations de retraits et les auditeurs. Elle a exigé aussi que soient convoqués les experts en matière de vérification de signature pour certifier si réellement la signature était imitée sur lesdits chèques. Chose qui n’a jamais été faite jusqu’à ce jour.
Mais, le 11 juillet 2017, elle est convoquée par le magistrat instructeur. Celui-ci lui dira ceci: « madame, votre dossier est vide, voilà pourquoi je ne vous ai jamais inquiétée mais, là je ne fais qu’exécuter des ordres. Il m’a été demandé de vous arrêter. Ne le prenez pas personnellement, nous vous mettons à la disposition de la police. Rendez-vous devant le juge pour la suite du dossier »
De dilatoire en dilatoire
La suite de l’affaire c’est que la Rawbank a récusé tour à tour les juges du Tribunal de paix de Lubumbashi/Kamalondo et ceux du Tribunal de paix de Lubumbashi/ Katuba jusqu’à porter l’affaire à la cour de cassation par un pourvoi tout à fait dilatoire. Une affaire portée à la cour de cassation peut aller jusqu’à 3 ans, et l’intention malveillante de cette banque est de vouloir utiliser la justice pour ses propres fins, de vouloir faire souffrir en prison une femme innocente, de vouloir gâcher la vie de ses enfants. Et cela réjouit la RawBank qui, depuis le début de cette cause ne fait qu’aller de dilatoire en dilatoire. Il est aujourd’hui surprenant que la RawBank qui se dit victime d’une si importante somme et qui réclame en même temps justice multiplie des manœuvres et procédures à bloquer l’avancement du procès oubliant qu’il y a une vie en péril.
« Plainte introduite depuis novembre 2016 sans suite jusqu’à ce jour, 15 mois de détention sans instruction et plaidoirie, 15 mois de détention loin de sa famille, 15 mois de manœuvres dilatoires, 15 mois de détention avec un état de santé instable et ce, par la simple volonté de la banque qui ne veut pas attaquer le fond du dossier pour avoir un jugement précis et qui veut que je croupisse en prison », note cette ancienne gestionnaire de compte dans cette correspondance destinée au magistrat suprême.
Des questions qui intriguent
En parcourant les instructions de la banque en matière de retrait d’argent on remarque qu’il y a plusieurs intervenants dans une opération de retrait notamment le caissier, le gestionnaire du compte, le client et le valideur. Comment expliquer qu’un gestionnaire de compte soit en mesure de passer seul des opérations frauduleuses sur le compte d’un client pendant deux ans sans que la banque ne s’en aperçoive et le client lui-même? La Rawbank qui est l’une de meilleures banques de la RDC aurait-elle failli en matière de surveillance de compte? Les fonds de clients seraient-ils en insécurité pour qu’un seul agent commercial qui n’a pas accès à la caisse soit en mesure de chipoter les comptes de clients librement alors que tout est informatisé et le logiciel utilisé est très performant et empêche toute fraude et ce, sans aucun complice?
Si la banque est convaincue que l’accusée a détourné cette grande somme d’argent, pourquoi ne veut-elle pas qu’on attaque le fond du dossier et qu’elle soit condamnée? Pourquoi vouloir détourner la cause par des raisons infondées ?
Ainsi, Mme Mankiading interpelle le magistrat suprême en ces termes : »Monsieur le Président de la République, à travers la politique que vous menez pour la défense des femmes, je vous prie d’intervenir dans ce dossier pour qu’une mère de famille et femme mariée regagne sa famille et soit rétablie dans ses droits les plus légitimes ».
CONGOPROFOND.NET
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Ouganda-RDC : Muhoozi aligne Kampala derrière Tshisekedi

Le chef des forces armées ougandaises, le général Muhoozi Kainerugaba, a pris une position remarquablement directe sur l’avenir politique de la République démocratique du Congo (RDC). Dans une série de tweets percutants publiés vendredi, il a déclaré que l’ancien président Joseph Kabila ne devait en aucun cas revenir au pouvoir, tout en exprimant un soutien clair au président Félix Tshisekedi.
« Je ne laisserai pas Joseph Kabila redevenir président de la RDC ! Oubliez cette idée », a tweeté le général Muhoozi. Il a critiqué Kabila pour avoir permis aux Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe rebelle d’origine ougandaise, de s’installer dans l’est du Congo pendant près de deux décennies. « Kabila a laissé les ADF prospérer dans l’est de la RDC pendant 17 ans. Il ne nous a jamais autorisés à agir contre eux. Son Excellence Tshisekedi est bien meilleur à cet égard », a-t-il ajouté, avant de conclure : « Mon grand frère, Son Excellence Félix Tshisekedi, est le président de la RDC, et je le soutiendrai autant que possible. »
Ces déclarations sont intervenues à un moment clé, quelques heures après la signature, à Washington, d’une Déclaration de principes pour la paix entre le Rwanda et la RDC, sous l’égide des États-Unis et en présence du secrétaire d’État Marco Rubio. Cet accord engage les deux pays à respecter leur souveraineté respective, à promouvoir l’intégration régionale et à démanteler les groupes armés opérant le long de leurs frontières communes.
Les relations Ouganda-RDC : un enjeu économique majeur
Les liens entre l’Ouganda et la RDC se sont considérablement renforcés au cours de la dernière décennie. Selon la Banque de l’Ouganda, la RDC est désormais la deuxième destination des exportations ougandaises, après le Kenya. En 2023, les exportations officielles vers la RDC ont dépassé 500 millions de dollars, auxquelles s’ajoutent environ 200 millions de dollars via le commerce transfrontalier informel. Les principaux produits exportés incluent le ciment, l’acier, les denrées alimentaires et les produits pétroliers.
L’intégration de la RDC dans la Communauté est-africaine (EAC) en 2022 a encore accéléré ces échanges, soutenue par des investissements dans les infrastructures, comme le poste frontalier de Mpondwe et les routes reliant l’Ouganda aux villes de l’est congolais. Maintenir la paix et renforcer les relations avec Kinshasa est donc crucial pour la croissance économique de l’Ouganda.
Une coopération sécuritaire renforcée sous Tshisekedi
Contrairement à l’administration de Kabila, qui bloquait les initiatives ougandaises sous prétexte de souveraineté, Tshisekedi a permis une coopération militaire accrue. L’opération conjointe « Shujaa », lancée par l’Ouganda et les forces congolaises, vise à neutraliser les ADF dans l’est du Congo. Par ailleurs, des rapports de l’ONU et des services de renseignement congolais accusent des réseaux proches de Kabila de soutenir des groupes armés comme le M23 et l’Alliance Fleuve Congo (AFC), qui déstabilisent l’est du pays et menacent les corridors commerciaux ougandais.
Tshisekedi a lui-même accusé Kabila d’être le « véritable leader » de l’AFC, qui s’est alliée au M23 pour combattre son gouvernement. Lors d’une récente visite à Goma, ville contrôlée par l’AFC/M23, Kabila a déclaré s’y sentir « plus en sécurité » qu’ailleurs en RDC, laissant entendre des liens étroits avec ces mouvements rebelles.
Les risques d’un retour de Kabila
Un retour de Kabila au pouvoir pourrait raviver l’insécurité le long des frontières ougandaises, compromettre le commerce et annuler les progrès sécuritaires obtenus. En dénonçant publiquement Kabila et en soutenant Tshisekedi, Muhoozi aligne l’Ouganda sur un agenda de stabilité régionale, alors que les voisins du Congo et les acteurs internationaux, notamment les États-Unis, œuvrent pour des accords de paix durables. Ses propos rassurent également Kinshasa de la loyauté de l’Ouganda, dans un contexte où des intérêts régionaux concurrents menacent les alliances.
Un marché stratégique pour l’Ouganda
Au-delà de la sécurité, l’est du Congo représente un marché inexploité pour les produits ougandais, avec des opportunités d’investissement dans l’agriculture, l’énergie, la construction et la logistique. Soutenir Tshisekedi permet à l’Ouganda de sécuriser ces intérêts économiques et de renforcer son rôle dans l’intégration régionale.
Les tweets de Muhoozi, bien que d’une franchise inhabituelle pour un haut responsable militaire, traduisent une stratégie calculée : l’avenir de l’Ouganda passe par un partenariat renforcé avec un leadership légitime et stable en RDC. Ils envoient un message clair : Kampala soutient les alliés de la stabilité, de la coopération économique et des efforts de paix internationaux, tout en se distanciant des acteurs accusés d’alimenter les conflits dans l’une des régions les plus riches mais les plus instables d’Afrique.
Alors que la RDC se prépare à sa prochaine transition politique, la bataille pour son futur leadership aura des répercussions majeures, non seulement pour les Congolais, mais aussi pour toute l’Afrique de l’Est.
FNK