Justice
Procès Bukanga Lonzo : Le ministère public requiert 20 ans de prison contre Matata Ponyo et ses coaccusés

Vingt ans de réclusion criminelle ont été requis, mercredi 23 avril, par le ministère public contre l’ancien Premier ministre de la République démocratique du Congo, Augustin Matata Ponyo Mapon, dans le cadre du procès sur le détournement présumé des fonds alloués au projet agro-industriel de Bukanga Lonzo.
Outre M. Matata, cette même peine a été demandée à l’encontre de Deogracias Mutombo, ancien gouverneur de la Banque centrale du Congo, et de l’homme d’affaires sud-africain, Grobler Christo Stephanus. Les trois accusés sont poursuivis solidairement pour le détournement présumé de plusieurs millions de dollars américains destinés à la mise en œuvre de ce projet phare du gouvernement congolais lancé en 2014.
Lors de l’audience tenue devant la Cour constitutionnelle à Kinshasa, le procureur général a également requis, en sus de la peine d’emprisonnement, une inéligibilité de dix ans contre Matata Ponyo et de cinq ans contre Deogracias Mutombo. Concernant Grobler Stephanus, le parquet a demandé son expulsion du territoire congolais à l’issue de l’exécution de sa peine.
Le ministère public a justifié ces réquisitions par la « gravité des faits » et par la nécessité de « lutter fermement contre l’impunité dans la gestion des fonds publics », soulignant que le projet Bukanga Lonzo, censé booster la production agricole nationale, s’est soldé par un « échec cuisant », avec des pertes financières colossales pour l’État.
À l’issue de l’audience, la Cour constitutionnelle a pris l’affaire en délibéré. Le verdict est attendu le 14 mai prochain.
Le procès Bukanga Lonzo, considéré comme un test majeur pour l’appareil judiciaire congolais, suscite une forte attention de l’opinion publique et de la société civile, qui réclament la justice et la transparence dans cette affaire aux enjeux à la fois politiques, économiques et institutionnels.
Félix Ilunga/CongoProfond.net
À la Une
Massacre de Komanda : Le ministère public réclame de lourdes peines contre 2 officiers des FARDC et de la PNC

La Cour militaire opérationnelle de l’Ituri a poursuivi, ce lundi, le procès très attendu sur le massacre de Komanda, survenu dans la nuit du 26 au 27 juillet dernier. Ce drame, qui a coûté la vie à plus de trente-neuf civils, continue de susciter une vive émotion au sein de la population. L’audience du jour était consacrée aux réquisitions du ministère public et aux plaidoiries des parties.
Deux officiers congolais se trouvent au centre de ce dossier : le colonel Gere Kengu, commandant second chargé des opérations et renseignements au sein des FARDC, et le commissaire supérieur adjoint Kangamina Tshabela Noël, alors commandant de la PNC à Komanda.
Le premier est poursuivi pour violation de consignes et vente présumée de munitions, tandis que le second répond du seul chef de violation de consignes.
Dans son réquisitoire, le ministère public a demandé 20 ans de servitude pénale principale à l’encontre du colonel Gere Kengu, et 8 ans contre le commissaire Kangamina Tshabela Noël. Il a également requis leur exclusion définitive de l’armée et de la police.
Cependant, l’auditeur militaire supérieur, le colonel Joseph Makelele, a reconnu que l’accusation de vente de munitions de guerre n’était pas suffisamment établie.
« Nous l’incriminons parce qu’il n’a pas agi ou a agi mollement », a déclaré le colonel Makelele, reprochant au colonel Gere son manque de réaction face à l’attaque, alors que la mise en place des patrouilles relevait directement de sa responsabilité.
Selon le ministère public, cette inaction aurait permis aux assaillants de frapper sans réelle résistance. Le colonel Gere ne serait intervenu qu’aux alentours de 4 heures du matin, plusieurs heures après le début de l’assaut.
Du côté de la défense, les avocats des deux officiers ont plaidé l’innocence totale de leurs clients.
Les conseils du colonel Gere ont insisté sur son dévouement militaire et rejeté toute idée de négligence : « On ne peut pas parler de faute alors qu’il a agi dans le respect des ordres et des moyens dont il disposait », ont-ils affirmé, soulignant l’absence de consigne formelle de patrouille au moment des faits.
La défense du commissaire Kangamina Tshabela Noël a tenu le même cap, estimant que leur client n’avait enfreint aucune directive et demandant son acquittement pur et simple.
En dernière position, les deux prévenus ont pris la parole pour clamer leur innocence. « Je suis innocent et je demande mon acquittement », a déclaré le colonel Gere Kengu.
« Je n’ai violé aucune consigne. Je demande simplement mon acquittement », a ajouté le commissaire Kangamina Tshabela Noël.
Très suivi en Ituri, ce procès symbolise la quête de justice dans une région encore meurtrie par des années de violences. Le verdict est attendu dans les prochains jours.
Le compte à rebours est désormais lancé.
Vérité Johnson