Economie
Mines : 4 mois depuis son lancement officiel, l’Entreprise Générale du Cobalt toujours bloquée
Le gouvernement Congolais, dans le souci d’améliorer les conditions des creuseurs artisanaux, a créé l’Entreprise Générale du Cobalt (EGC) par décrets 19/15 et 19/16 du 5 novembre 2019. L’EGC, en tant que filiale de la Gécamines, détient désormais le monopole de l’achat, du traitement, de la transformation, de la vente et de l’exploitation du Cobalt en République démocratique du Congo.
C’est dans ce cadre que l’EGC a signé un accord de financement avec la firme internationale Trafigura qui accompagnera l’entreprise, de la production du Cobalt jusqu’à la vente auprès des acheteurs finaux.
» En décrétant le monopole d’achat, de transformation et de commercialisation du cobalt artisanal par l’Entreprise Générale du Cobalt, du contrôle et de la régulation du secteur par ARECOMS, l’Etat s’est attaqué de front à un système que l’on peut qualifier de quasi mafieux de l’exploitation du cobalt artisanal congolais. Désormais, tout le cobalt artisanal congolais sera acheté par EGC, sera transformé par EGC et sera commercialisé par EGC », déclarait Albert Yuma lors de la cérémonie officielle du lancement des activités de l’EGC en mars 2021.
Quatre mois donc après le lancement officiel des activités, L’EGC n’est pas en mesure de démarrer effectivement ses travaux dans le site minier choisi à cet effet. Le site de Kasulo, situé à Kolwezi dans la province du Lualaba, est le premier à être choisi pour l’exploitation, mais il est actuellement occupé par une firme dénommée CDM, selon une source proche du dossier.
» C’est qui bloque aujourd’hui l’EGC ce sont des contraintes des politiciens. L’EGC a sélectionné le site de Kasulo. Ce site est actuellement occupé par une société chinoise. Il faut qu’elle évacue. C’est ce qui nous empêche de démarrer nos travaux. Nous ne comprenons pas, les autorités ne demandent pas clairement à cette société d’évacuer », a fait savoir la source.
Du côté de l’EGC, on veut que l’État applique rigoureusement la loi, conformément aux décrets 19/15 et 19/16 qui réservent le monopole de l’exploitation artisanale et de la commercialisation du cobalt à la seule EGC.
Rappelons que du 17 au 18 août 2021, une équipe de l’EGC et de la FEC a visité les sites de Kawama et Tiluezembe pour évaluer l’activité artisanale. Les conclusions de cette visite révèlent que les creuseurs miniers sont exploités, le salaire le plus élevé revient à 220.000 francs congolais le mois, soit à peine 110 dollars américains.
Il faut noter que la demande mondiale de cobalt est en plein essor grâce à la forte croissance de l’industrie des véhicules électriques et à travers le déploiement de nouveaux réseaux et combinés mobiles, sachant que les combinés mobiles 5G nécessitent 20% de cobalt en plus que les modèles 4G équivalents. Des projections estiment que la demande mondiale de cobalt va doubler d’ici 2030, passant de 145 000 tonnes en 2020 à 290 000 tonnes en 2030. Et la RDC sera la grande pourvoyeuse du cobalt à l’industrie mondiale.
La République démocratique du Congo regorge 80% de la réserve mondiale du Cobalt sur son seul territoire. Avec ces bonnes perspectives sur la demande du cobalt dans le monde, l’Entreprise Générale du Cobalt a tout son rôle à jouer pour le contrôle du processus d’exploitation artisanale de ce minerais stratégique afin d’améliorer les conditions de travail des creuseurs artisanaux et protéger les populations vulnérables. L’EGC se fixe entre autres objectifs, l’augmentation des revenus de l’exploitation minière artisanale. L’on estime à environ 2 millions les populations qui œuvrent dans l’exploitation artisanale du cobalt en RDC.
L’État congolais a créé l’EGC pour collaborer étroitement avec l’Autorité de Régulation des Marchés des Substances Minérales Stratégiques (ARECOMS) dans le but de formaliser la chaîne d’approvisionnement du cobalt produit par ASM de sorte à préserver et promouvoir en priorité le respect des droits humains, la sécurité et les normes environnementales. Ces principes sont inscrits dans les « Normes d’Exploitation Minières Responsables » de l’EGC, ou « Normes EGC ». Ces normes ont été développées par le Comité Technique de EGC conformément aux meilleures pratiques internationales et en adéquation avec la législation de la République Démocratique du Congo.
DeskEco
Economie
Daniel Mukoko Samba : le gardien de la stabilité du Franc Congolais
Face au Sénat, le Vice-Premier Ministre de l’Économie a transformé l’inquiétude en une démonstration de maîtrise et de vision. Ce mardi 4 novembre, dans l’hémicycle feutré du Sénat, Daniel Mukoko Samba n’a pas simplement prononcé un discours. Il a délivré un message fort, un mantra de stabilité destiné à rassurer non seulement les sénateurs, mais l’ensemble de la nation congolaise.
Face à l’honorable Janvier Mwisha Kasiwa, légitimement préoccupé par les soubresauts du marché des changes, le patron de l’Économie nationale a incarné la tranquille assurance d’un capitaine guidant son navire dans une mer agitée. D’entrée de jeu, le ministre a coupé court à toute spéculation anxiogène. “Le Gouvernement réaffirme son engagement à maintenir la stabilité macroéconomique et à protéger le pouvoir d’achat des Congolais.”
Une phrase simple, directe, qui agit comme un ancrage dans la tempête. Loin de jargon technique souvent obscur, Daniel Mukoko Samba a placé son intervention sous le signe de la responsabilité ultime : le bien-être des citoyens. Son propos n’était pas celui d’un technocrate éloigné des réalités, mais celui d’un garant du porte-monnaie des Congolais. Il y a une synergie exécutif-banque centrale qui est un rempart infranchissable.
La clé de voûte de son argumentaire, et sans doute la leçon la plus puissante de cette audition, réside dans la collaboration étroite et affichée entre son ministère et la Banque Centrale du Congo (BCC). Le ministre a présenté cette synergie comme le “socle” de la stabilité actuelle. Cette union sacrée entre la politique budgétaire du gouvernement et la politique monétaire de la banque centrale est une arme redoutable contre la spéculation.
Elle envoie un signal clair aux marchés : le Congo est uni, coordonné et déterminé à défendre sa monnaie. “Grâce à une gestion rigoureuse et concertée, le Gouvernement demeure pleinement capable d’assurer la stabilité du Franc Congolais, symbole de notre souveraineté”, a-t-il martelé. Ici, le ministre élève le débat. Le Franc Congolais n’est plus seulement une unité de compte ; il devient l’étendard de la souveraineté économique nationale.
Le défendre, c’est affirmer la capacité de la RDC à maîtriser son propre destin économique. Au-delà de la parole, Daniel Mukoko Samba ne s’est pas contenté de rassurer ; il a expliqué. Il a détaillé les fondements concrets de cette confiance affichée : des réformes structurelles en cours, des mesures d’encadrement ciblées et, surtout, une discipline budgétaire sans faille. L’économie congolaise est entre de bonnes mains
En rappelant les piliers de la résilience économique – la diversification des revenus et le renforcement de la production locale –, il a esquissé les contours d’une vision à long terme. Il ne s’agit pas de colmater des brèches, mais de construire une économie robuste, moins dépendante des chocs extérieurs. L’intervention de Daniel Mukoko Samba devant le Sénat fut bien plus qu’un simple exercice de communication gouvernementale.
Ce fut une démonstration de leadership. Par sa clarté, sa conviction et sa maîtrise du dossier, le Vice-Premier Ministre a réussi à transformer une séance de questions d’actualité en une plateforme crédible pour la confiance. Dans un contexte africain et mondial souvent marqué par l’instabilité monétaire, le message est percutant : la RDC veille, travaille, obtient de résultats et préserve l’épargne du peuple.
Et avec à sa tête des hommes de la trempe de Daniel Mukoko Samba, qui allient expertise, vision et un engagement sans faille pour la souveraineté nationale. Le Franc Congolais a un gardien dont la vigilance et l’action semblent être la meilleure assurance contre les vents contraires. La nation peut, pour le moment, respirer et regarder l’avenir avec un optimisme renouvelé.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR
