À la Une
Média : l’Acofepe en tribune populaire à Kinshasa
Après Mbuji-Mayi et Mbandaka, l’Association congolaise des femmes journalistes de la presse écrite (Acofepe) a continué son arbre à palabres, le lundi 09 novembre 2020 à Kinshasa. La salle de conférences du Centre pour Handicapés a servi de cadre à ces assises qui ont réuni la jeunesse estudiantine et journalistes.
« La démocratie et consolidation de l’identité nationale », tel a été le thème principal de cette tribune populaire qui a connu la participation du Professeur Georges Jérémie Wawa de l’Institut facultaire des sciences de l’information et de la communication (Ifasic), de la cheffe des travaux Sylvie Elenge également de l’Ifasic, et de la femme de sphère politique Angèle Makombo, présidente du parti politique Ligue des démocrates congolais (Lidec). Ils ont tous été là comme intervenants.
Avant de passer la parole aux intervenants, Grâce Ngikye Kangundu, présidente nationale de l’Acofepe a comparé cette tribune populaire à un rituel démocratique.
L’accès à l’information indépendante d’intérêt public dans les domaines tels que la bonne gouvernance, les Droits de l’Homme, l’environnement, la santé, … doit être garanti. L’Acofepe s’est assignée comme objectif de favoriser la liberté d’expression et l’égalité des sexes en matière de débat public.
Ayant pris la parole, Angèle Makombo a exposé sur la gestion publique et le lutte contre le tribalisme. Pour cette ancienne conseillère politique principale chargée des questions Africaines au bureau des anciens secrétaires généraux de l’ONU Kofi-Annan et Ban Ki-Moon, quand on parle du retard de la RDC en termes de développement, on évoque la corruption, l’impunité, la mauvaise gouvernance, mais aussi du tribalisme qui doit être indexé, parce que c’est un fleau ne tient pas compte de la compétence dans la nomination à des postes de responsabilité. C’est une entrave à la bonne gestion publique. Angèle Makombo a pointé du doigt les autorités, à tous les niveaux, de prêcher d’abord par l’exemple, et cela se transcendera jusqu’au citoyen lambda.
Abordant presque dans le même sens qu’Angèle Makombo, le professeur George Wawa, enseignant de presse écrite à l’Ifasic, a épinglé le bien- vivre ensemble congolais comme une marque de consolidation de l’identité nationale.
« Dans un pays de quatre-vingts millions d’habitants originaires de 450 ethnies, les congolais ont su et continuent à relever le défi de vivre ensemble. Étant une réalité, la société congolaise a su consolider les valeurs essentielles comme la tolérance, la solidarité,… Bien que le discours de certains leaders politiques vienne mettre à mal cette cohabitation », a-t-il expliqué à son auditoire.
Il a par ailleurs appelé les mouvements associatifs ainsi que les pouvoirs politiques à inculquer la tolérance, le respect mutuel, l’équité et la solidarité.
Intervenant en dernier lieu, le chef de travaux à l’Ifasic Sylvie Elenge a quant à elle abordé le rôle de la femme dans la promotion d’une citoyenneté supra-ethnique. « C’est une responsabilité qui incombe à tous les congolais, celle d’oeuvrer au delà de l’ethnie », a-t-elle martelé.
Après ces trois interventions, un échange entre le public et les orateurs a été ouvert. Et sans langue de bois, tout le monde donnait son point de vue par rapport à la problématique soulevée.
Petit Ben Bukasa/CONGOPROFOND..NET
There is no ads to display, Please add some
À la Une
Guerre du M23/Rwanda : Des milliers de personnes fuient les combats en direction de Goma et au-delà
Les violents affrontements autour de la localité de Sake, dans l’est de la RDC, qui opposent l’armée congolaise, appuyée par ses alliés locaux, et le M23, soutenu par le Rwanda, poussent des milliers d’habitants de la région à fuir les combats. Si la plupart vont chercher refuge à Goma, le chef-lieu de la province du Nord-Kivu situé à seulement une vingtaine de kilomètres de là, d’autres préfèrent aller au-delà et franchir la frontière avec le Rwanda. Reportage.
À Goma, en RDC, l’angoisse est palpable sur la route principale qui relie les quartiers de Ndosho et de Katindo. Des colonnes de déplacés circulent à pied, à moto ou en bus en direction du chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Désespérées, Alice et Kanyere racontent leur calvaire. « Il y a de nombreuses détonations et des avions qui bombardent là d’où nous venons. Il y a aussi beaucoup de militaires sur la route. Tout le monde s’enfuit ! », confie la première. « Beaucoup de bombes explosent et les balles sifflent. Nous avons dû quitter les huttes de notre camp, témoigne la seconde, dépitée, avant de poursuivre : je n’ai pas de famille à Goma. Il faut que le gouvernement termine la guerre ! »
Âgé d’une trentaine d’années, Haguma Banga marche, lui, avec un matelas sur la tête. Après avoir fui Sake, il est toujours sans nouvelle de sa famille. « Je ne sais pas où sont ma femme et mes cinq enfants. Ce serait un miracle de les retrouver », se désole-t-il.
A l’hôpital CBCA Ndosho, le personnel soignant s’active pour recevoir les blessés qui affluent également en masse, comme Mariam Kashindi, 22 ans, qui a quitté Sake en urgence après avoir reçu un éclat d’obus dans le bras. « Nous avions commencé à fuir, nous étions devant le marché de Mubambiro quand ma fille a été touchée par une bombe dont les éclats m’ont atteint, raconte-t-elle avant de poursuivre : nous fuyons le M23. J’ai trois enfants. L’un a été blessé, quant à l’autre, je ne sais pas où il est ».
« Nous étions un groupe de femmes, plusieurs sont mortes sur le coup »
Un peu plus loin, Neema Jeannette pleure allongée sur un lit. Elle a été touchée par une explosion alors qu’elle se trouvait avec un groupe d’amies. « Une bombe est tombée sur nous. Nous étions un groupe de femmes, plusieurs sont mortes sur le coup. Moi, je suis la seule survivante. Je remercie le CICR de m’avoir prise en charge à l’hôpital », sanglote-t-elle.
Cheffe de la sous-délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Nord-Kivu, Miriam Favier explique que l’établissement a été contraint d’activer ses quatre blocs opératoires en raison de l’afflux de blessés. « Depuis ce matin, plus de 70 patients sont déjà arrivés et ce n’est pas fini. C’est assez inquiétant », déplore-t-elle.
Si, à Goma, les autorités militaires comme la société civile appellent au calme, des écoles et plusieurs boutiques ont toutefois fermé leurs portes, tout comme l’Institut français, qui a décidé de suspendre temporairement ses activités. Les billets de tous les spectacles annulés seront intégralement remboursés, explique la structure dans un communiqué.
« Même ici, on vient d’entendre un obus tomber »
Anticipant une nouvelle dégradation de la situation sécuritaire, certains habitants ont, quant à eux, décidé de prendre les devants et sont passés au Rwanda voisin, où ils ont trouvé refuge dans la ville frontalière de Rubavu pour la plupart. « Mon mari habite ici, il m’a dit de le rejoindre pour fuir la panique qui s’empare de la ville de Goma », déclare ainsi Amina, une valise à la main et accompagnée de ses deux enfants.
Innocent, lui, a trouvé une chambre dans un hôtel. « Il y avait foule au niveau de la douane, c’était plein à craquer, rapporte-t-il. Alors, quand on a des enfants en bas âge, on ne va pas attendre la dernière minute pour partir, car on ne sait pas vraiment ce qu’il va se passer, on n’est pas sur la ligne de front. Même ici, on vient d’entendre un obus tomber, alors imaginez : quand on est à Goma, c’est comme si l’explosion avait lieu dans la parcelle d’à côté. Voilà pourquoi on a décidé de partir » poursuit celui-ci.
Comme beaucoup d’autres habitants du chef-lieu du Nord-Kivu, Innocent prévoit de rester à Rubavu, le temps de voir comment évolue la situation, avec l’espoir de pouvoir rentrer chez lui le plus rapidement possible.
RFI
There is no ads to display, Please add some