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Les défis de l’entame de la campagne de réélection du président Félix Tshisekedi : Une nécessité de rectifier le tir

La campagne de réélection du président Félix Tshisekedi pour sa succession a rencontré des difficultés dès son lancement au stade des Martyrs et lors de l’étape du Kongo-Central. Ces événements ont révélé un important décalage entre les discours du chef de l’État et les attentes de la population. Il est évident qu’il y a eu une certaine impréparation et un manque d’objectivité de l’équipe en charge du projet, tant dans la préparation du fond des messages que dans l’organisation de la communication.
Une campagne de réélection différente d’une campagne de conquête
Il est crucial de comprendre que mener une campagne de réélection diffère considérablement d’une campagne de conquête. Confondre ces deux approches peut être une erreur fatale. Les stratèges présidentiels semblent ne pas avoir pris en compte cette distinction, en ne sollicitant pas d’autres perspectives en dehors du premier cercle. Privatiser la préparation de la campagne présidentielle pour des raisons pécuniaires est une faute, car cela limite la diversité des idées et des compétences nécessaires pour mobiliser l’électorat.
La prise en compte des minorités
Bien que les incidents de huées au Kongo-Central et les refus de certaines promesses par des groupes minoritaires ne représentent qu’une partie de la population, il est important de noter que l’addition de ces minorités peut finalement former une majorité. Il est essentiel de prendre en compte les préoccupations légitimes de ces groupes et de ne pas les négliger, car cela pourrait avoir un impact significatif sur la campagne du président.
La communication et la gestion des incidents
Un autre problème réside dans le fait que la communication de la campagne n’a pas suffisamment filtré ces incidents. Cela peut créer un effet boule de neige, donnant l’impression que le président est régulièrement hué et contredit partout où il se rend. Cette perception peut éroder la confiance de l’électorat et renforcer le sentiment de décalage entre le président et le peuple. Une analyse approfondie de la situation politique et une équipe capable d’anticiper les réponses et de fournir des éléments de langage adaptés sont nécessaires pour vendre efficacement la parole présidentielle.
Rectifier le tir et s’entourer des meilleurs
Il n’est pas trop tard pour rectifier le tir et remédier aux problèmes rencontrés en début de campagne. Parfois, une campagne peut être gagnée grâce à un simple slogan, mais cela nécessite également de faire ses preuves. Avant de devenir le plus proche collaborateur du chef, il est nécessaire de démontrer ses compétences. Il est temps pour le président de s’entourer des meilleurs experts et de rechercher des solutions objectives aux problèmes spécifiques du pays. Il est crucial de mettre de côté les considérations familiales et claniques, et de privilégier l’intérêt du pays.
La campagne de réélection du président Félix Tshisekedi a connu des difficultés initiales qui ont révélé un décalage important entre ses discours et les attentes de la population. Il est impératif de rectifier le tir en s’entourant des meilleurs talents, en prenant en compte les préoccupations de toutes les parties de la société et en fournissant des réponses objectives. Ignorer cet avertissement serait suicidaire pour un président qui semble en décalage avec le peuple qu’il a dirigé pendant cinq ans. Il est essentiel de mettre en place une cellule d’analyse de la situation politique et des faits, ainsi qu’une équipe capable d’anticiper les réponses et de produire des éléments de langage adaptés pour renforcer la parole présidentielle.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain
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Kinshasa perd une plume d’or : Sénado alias « Général Bowane » s’en est allé

Kinshasa pleure l’un de ses enfants prodiges. Sénado Mananasi, connu encore sous le nom de « Général Bowane », s’est éteint, emportant avec lui un pan discret mais fondamental de l’histoire musicale congolaise. Auteur, compositeur, parolier de l’ombre, il était pourtant la source lumineuse derrière des tubes devenus cultes dans les années 80 et 90.
Natif de Kingasani, dans le district populaire de la Tshangu, Sénado a été bercé dès l’enfance par l’effervescence musicale de Kinshasa. Vers le milieu des années 1980, il entre dans les orchestres Balafon et Select Musica de Malembe Chant, où sa voix suave et son sens inné de la mélodie le rendent vite incontournable.
Mais c’est surtout par la plume que le Général Bowane se distingue. Il signe en effet « Sai Sai », chanson mythique interprétée par Papa Wemba, devenue un succès planétaire. Un titre qui a traversé les frontières du Congo pour résonner jusqu’en Europe et dans les diasporas africaines. Peu savent que derrière cette pépite, se cachait ce parolier modeste, attaché à sa Tshangu natale.
Sénado a également prêté son talent à de nombreuses formations musicales de Kinshasa. Plusieurs chansons interprétées par le clan Wenge Musica portent sa signature, preuve de son ancrage profond dans la sève artistique qui a nourri une génération entière. Les archives officieuses de la musique congolaise regorgent de ces refrains populaires dont il fut l’architecte discret.
Par ailleurs, il était le grand frère de Chai Ngenge, ancien membre éminent du groupe Wenge BCBG de JB Mpiana. Une fratrie musicale donc, dont l’influence s’étend sur plusieurs décennies de rumba, de ndombolo et de toutes les hybridations qui ont fait la renommée du « son kinois ».
L’annonce de sa mort a suscité une vive émotion parmi les mélomanes, les artistes, et ceux qui, dans l’ombre comme lui, œuvrent à l’immortalité de la culture congolaise. Les hommages affluent, mais nombreux sont ceux qui regrettent que Sénado n’ait jamais reçu de reconnaissance à la mesure de son apport. Comme tant d’autres génies silencieux de la scène congolaise, il s’en va sans disques d’or, mais avec l’or des cœurs.
Son parcours rappelle cruellement combien la mémoire musicale congolaise est souvent injuste avec ses bâtisseurs. Le Général Bowane n’était pas une figure de paille : il était un passeur d’émotion, un faiseur de classiques, un pilier invisible d’une époque d’or.
Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET