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« La Maison des Merveilles » de Godefroy Mwanabwato : Diagnostic sans concession de la Clinique Littéraire de Kinshasa

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Comme un sphinx renaissant de ses cendres, la Clinique Littéraire de Kinshasa (CLK), sous la houlette de son directeur Le Marc Bamenga, a poursuivi sa mission critique après un vibrant échange téléphonique avec le journal en ligne Congoprofond. Au cœur de cet échange : le roman La Maison des Merveilles de Godefroy Kahambo Mwanabwato, récemment passé au scalpel de la fameuse rubrique « Diagnostic » de la CLK.

DIAGNOSTIC DU ROMAN « LA MAISON DES MERVEILLES »

Ouvrage analysé :

– Titre : La Maison des Merveilles

– Auteur : Godefroy K. Mwanabwato

– Genre : Roman historique

– Éditeur : Les Lettres Mouchetées

– Format : 210 mm x 130 mm x 14 mm, 133 pages

– Poids : 238 grammes

– EAN : 9782487254169

Résumé de l’œuvre

La Maison des Merveilles est un roman historique dont l’action principale se déroule durant la rébellion congolaise de 1964. Le récit s’ouvre sur un père, qui décide de révéler sa véritable identité à son fils le jour de son anniversaire. Ce qui commence comme un simple voyage familial prend rapidement la forme d’un parcours initiatique au sein d’une maison singulière : la Maison des Merveilles.

I. Les failles éditoriales

1. Les notes de bas de page

La sélection des mots expliqués manque de cohérence. Certains termes complexes ou culturels sont clarifiés, d’autres non, sans que la logique ne soit évidente.

Exemples :

P.17 : rituels kafir

P.19 : Lituma, quamis, kufi, tabâa

P.58 : ngomas, ndanda

P.62 : machinengewehr

P.67 : roi Khosrow Anourchivan, chat de Schrödinger

P.172 : Muyomba, bajaj, lutuku, kibanda, cadi

P.174 : misbahah

P.180 : mandazi

2. Titres et pagination

Les chapitres 6, 8, 10 et 11 n’ont pas de titres, contrairement aux autres. L’auteur affirme qu’il s’agit d’entames et non de titres, mais un souci d’uniformité s’impose.

Certains titres apparaissent en plein corps du texte (P.133 à 136), ce qui perturbe la lecture.

Les pages 124, 125, 186, 187, 203, 204 et 205 ne sont pas numérotées.

3. Les dialogues

De la page 61 à 65, tous les dialogues sont ceux d’un seul personnage (Ramazani), ce qui nuit à la lisibilité.

La même situation se reproduit aux pages 90 à 92.

II. Les procédés narratifs

1. Point de vue

L’auteur alterne deux focalisations :

Omniscient : Partie I (p.13-31)

Interne / Interdiégétique : Partie II-XI (p.32-121), où le narrateur devient le personnage principal.

2. Analepses

Le récit regorge de retours en arrière (p.31-37, p.61-95), rendant l’histoire vivante mais parfois complexe à suivre.

III. Étude des personnages

– Abdallah : Son rôle reste superficiel. Face aux révélations de son père Kikuni, il reste curieusement silencieux.

– Zainabo : Présente dans les cauchemars de son mari, mais quasiment absente du récit. L’auteur évoque la discrétion des femmes dans la tradition arabe pour justifier cela.

– Philo : Son apparition brève et sa disparition sans explication laissent une impression d’inachevé.

IV. Fiction et histoire : Entre liberté et rigueur

Le roman est une fiction historique, mais certaines libertés prises avec les faits posent question.
La CLK insiste, en s’appuyant sur Martin Fournier et Isidore Ndaywel, sur la nécessité de respecter les faits historiques ou, à défaut, d’expliquer clairement les écarts narratifs.

Quelques exemples d’anachronismes ou d’approximations :

– La Tanzanie dans la Monusco en 2019 (P.25)

– Assimilation des rébellions Simba et Muleliste (P.40-95)

– Oubli de la figure réelle de Maman Onema (P.97)

– Confusion entre les dates de la chute de Kindu (P.131)

– Contradictions sur le bracelet prétendument reçu de Lumumba (P.100-101)

V. Incohérences internes

De nombreuses incohérences ont été relevées :

– Utilisation erronée du cri « Mayi Mulele » (P.65, 94, 111)

– Mauvaise exploitation du paradoxe du chat de Schrödinger (P.67)

– Attitude incohérente de Zaïnabo (P.107, 134, 136)

– Confusion entre deux rébellions (P.104, 108)

– Dialogue contradictoire sur les remords de Kikuni (P.208, P.157, P.211)

– Changement brutal de comportement de Salima (P.181, P.195, P.216)

VI. Points forts : les descriptions

L’auteur possède un réel talent pour les descriptions immersives. Certaines scènes marquent par leur intensité :

P.35, P.58, P.71, P.78, P.85 : « la brousse silencieuse était silencieuse »

P.188, P.189, P.200 : la scène du repas est particulièrement bien rendue.

VII. Conclusion

La Maison des Merveilles mérite d’être lu. Il constitue une tentative audacieuse de revisiter l’histoire du Congo en mêlant fiction et faits réels. Malgré ses imperfections, ce roman reste une œuvre importante, qui stimule à la fois l’émotion et la réflexion historique.

La Clinique Littéraire de Kinshasa invite l’auteur à corriger certains détails pour renforcer la crédibilité de son récit, tout en saluant la qualité littéraire globale de l’œuvre.

Le présent diagnostic n’a pas la prétention d’être parfait ni de s’imposer comme vérité absolue. L’auteur dispose d’un droit de réponse, qu’il peut adresser à la Clinique Littéraire de Kinshasa.

Le Marc Bamenga
Directeur de la Clinique Littéraire de Kinshasa

 

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Kisangani : Quand les victimes de la guerre de 6 jours se rebellent contre la corruption au FRIVAO

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Un quart de siècle après le drame, les survivants handicapés refusent le silence et interpellent l’État sur la justice qui leur échappe encore._

 

Sous le soleil pesant de la Tshopo, ce week-end, ils sont venus, béquilles et cicatrices en avant, porter une même plainte, celle de la dignité bafouée. Les victimes de la guerre de 6 jours, ce conflit sanglant de juin 2000 qui avait opposé les armées rwandaise et ougandaise au cœur de Kisangani, ne demandent plus la pitié. Elles réclament des comptes.

Devant le ministre d’État en charge de la Justice, Guillaume Ngefa, un groupe de survivants a brisé le silence. Ces hommes et femmes, marqués à vie par la guerre, dénoncent aujourd’hui un nouveau fléau : la corruption au sein du Fonds pour la Réparation et l’Indemnisation des Victimes de l’Agression Ougandaise (FRIVAO). « Nous sommes venus voir le ministre pour lui montrer une situation indécente qui se passe ici à la Tshopo », confie Moïse Ndawele, amputé de la jambe droite depuis cette guerre.

« Les agents du FRIVAO nous réclament 500 dollars américains pour être enregistrés sur les listes d’indemnisation. Et si tu n’as pas cet argent, ils te proposent d’y figurer en échange de la moitié de ton indemnité. »

 

Un témoignage glaçant, partagé par de nombreuses autres victimes.

Ces pratiques présumées ternissent le visage d’un programme censé incarner la justice réparatrice voulue par l’État congolais. Pour ceux qui ont tout perdu, l’attente d’une compensation tourne à la désillusion, voire à l’humiliation.

 

Face à la gravité des faits rapportés, le ministre Guillaume Ngefa a promis d’agir. Selon les plaignants, il aurait assuré qu’il portera le dossier au Conseil des ministres et qu’il s’engage à « remettre de l’ordre » dans cette affaire. Une promesse saluée avec prudence par les victimes, qui redoutent que le dossier ne s’enlise dans les méandres administratifs, comme tant d’autres avant lui.

 

Mais à Kisangani, l’heure n’est plus à la résignation.

Les survivants de la guerre de 6 jours, dont beaucoup vivent aujourd’hui dans la pauvreté et l’oubli, veulent croire que leur combat pour la reconnaissance et la justice trouvera enfin un écho réel au sommet de l’État. « Nous ne voulons pas de faveur, seulement la justice. Nous avons assez attendu », lance l’un d’eux, le regard ferme.

 

À travers leur voix s’exprime toute une génération de Congolais meurtris, témoins d’un passé sanglant mais toujours debout, décidés à ne plus être les oubliés de l’histoire.

Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET

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