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Kinshasa : Le cri d’une mégapole étouffée par l’absence d’eau, d’électricité, de salubrité et de sécurité

Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo, est une mégapole en proie à d’immenses défis. Avec une population frôlant les 20 millions d’habitants, cette ville africaine est confrontée à une crise sans précédent : l’absence d’accès à l’eau potable, à l’électricité, à la salubrité et à la sécurité. Ce manque crucial de ressources vitales a des conséquences dévastatrices sur la vie quotidienne des Kinois, qui subissent les affres d’une gestion inadéquate et d’un manque flagrant d’innovation technologique et de solutions novatrices. Nous présentons objectivement les problèmes majeurs auxquels est confrontée la ville-province de Kinshasa, décrivant la saleté, l’insalubrité, l’insécurité, la congestion des rues et mettant en lumière le gâchis monumental qui caractérise cette ville.
Le calvaire de l’eau
L’accès à l’eau potable est un droit fondamental que les habitants de Kinshasa ne peuvent prendre pour acquis. Des millions de Kinois, contraints de recourir à des sources d’eau contaminées, sont exposés à des maladies hydriques dévastatrices. Les infrastructures défaillantes et la mauvaise gestion des ressources hydriques ont contribué à cette crise sans précédent. Les autorités locales ont échoué à mettre en place des solutions durables, laissant la population s’enliser dans un cercle vicieux de maladies et de désespoir. Le comble, elles ont accordé aux Libanais, Pakistanais, Indiens, Chinois et autres la quasi-exclusivité du commerce de l’eau sans recyclage des plastiques !
L’obscurité omniprésente
L’électricité est un pilier essentiel du développement urbain moderne, mais à Kinshasa, elle est souvent un luxe inaccessible. Les coupures de courant régulières plongent la ville dans l’obscurité, entravant les activités économiques, éducatives et médicales. Les ménages, les entreprises et les infrastructures publiques sont tous victimes de cette situation intolérable. Malheureusement, l’absence d’investissements dans le secteur de l’énergie et le manque de vision des dirigeants ont laissé Kinshasa dans un état de dépendance énergétique chronique. Et comme pour les autres secteurs, les étrangers amis des autorités irresponsables y trouvent leur compte et inondent la ville des groupes électrogènes polluants. Le problème de pollution comme des nuisances sonores ou autres expositions est mis dans le panier surabondé de l’irresponsabilité parfaitement assumée.
Une gestion défaillante
La mégalopole de Kinshasa est aux prises avec une gouvernance incompétente et déconnectée des besoins de la population. Les personnalités dirigeantes, dépourvues d’idées novatrices et de solutions iconoclastes, ont échoué à promouvoir le progrès et le bien-être des Kinois. La corruption endémique et les pratiques clientélistes ont sapé les efforts de développement et ont permis à une élite privilégiée de prospérer au détriment de la majorité de la population. La ville-province de Kinshasa vous offre en arrivant à l’aéroport international de N’djili l’image d’une nation sans âme, étouffée, errante sans but ni destination.
Un environnement étouffant
La saleté et l’insalubrité sont des caractéristiques tristement célèbres de Kinshasa. Les rues bondées et irrespirables sont le reflet d’une planification urbaine inadéquate et d’un manque de mesures efficaces pour assurer la salubrité publique. Les montagnes de déchets et les égouts à ciel ouvert sont un fléau pour la santé des habitants, favorisant la propagation de maladies et créant un environnement invivable. On se demande même par quel miracle les gens qui y vivent ne tombent-ils pas tous malades chaque jour. Ou mieux, ce sont des malades chroniques qui s’ignorent.
Kinshasa, cette mégapole africaine de plus de 20 millions d’habitants, est confrontée à une véritable tragédie. Nous y sommes originaires. Nous y avons passé toute notre enfance. Nous y travaillons au quotidien et avions assisté année après année à sa déchéance. L’absence d’eau potable et d’électricité, combinée à une gestion déficiente et à l’absence d’innovation, a plongé la ville dans un état de désolation. Le manque de perspectives pour la jeunesse est le plus grand danger que court cette mégapole. L’insécurité qui sévit actuellement se transformera en crimes organisés si rien n’y fait. Les rues bondées et irrespirables, la saleté omniprésente et l’insalubrité témoignent du gaspillage monumental de ce siècle. Il est grand temps que des mesures concrètes soient prises pour remédier à cette situation désastreuse et offrir aux habitants de Kinshasa un avenir digne de leur mégalopole.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain
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Enfants soldats à l’Est de la RDC : le CEPEF alerte sur des violations graves et plaide pour une action urgente

La Convention internationale des droits de l’enfant ainsi que la Loi portant protection de l’enfant interdisent formellement le recrutement d’enfants par les groupes et forces armés. Pourtant, dans l’Est de la République démocratique du Congo, des enfants sont encore enrôlés, de gré ou de force, par des groupes armés, souvent en raison du manque de combattants adultes.
Le 4 octobre 2012, le gouvernement congolais a adopté un Plan d’action visant à lutter contre le recrutement et l’utilisation d’enfants ainsi que contre d’autres violations graves de leurs droits. Ce plan figure dans les engagements de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba.
Le Cercle d’études pour la protection de l’enfant et de la famille (CEPEF), une structure initiée par des chercheurs universitaires et des experts en travail social œuvrant pour la promotion des droits de l’enfant, la protection des familles et la réinsertion socio-économique des enfants et jeunes en situation de rue, dénonce aujourd’hui les violations graves dont sont victimes les enfants dans le conflit armé opposant le M23, soutenu par le Rwanda, aux forces gouvernementales.
Fort de l’arsenal juridique existant, le CEPEF plaide auprès des autorités compétentes pour l’actualisation du Plan d’action pour le retrait des enfants associés aux forces et groupes armés, ainsi que pour la mise en place de mécanismes rigoureux d’évaluation de leur âge.
Dans cette perspective, les assistants sociaux, les experts de terrain, les responsables militaires et civils des services concernés doivent se réunir — avec l’appui technique du CEPEF — afin de réfléchir à un programme de Démilitarisation, Démobilisation et Réinsertion (DDR) des enfants soldats.
La paix, dit-on, se prépare. Mais quelles seront les conséquences psychosociales pour ces enfants dont les droits ont été bafoués ? Alors que l’on évoque la fin de la guerre, il est plus que jamais urgent d’agir pour eux.
Osée MUKOKO ZANGA