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Kasaï : le conseiller politique du gouverneur Pieme démissionne

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Après plusieurs résistances, le conseiller politique et oncle paternel du gouverneur du Kasaï a finalement jeté l’éponge.

Celestin Nono Katumba a démissionné de ses fonctions ce mardi 04 août 2020 à la suite des menaces des députés provinciaux et du directeur du cabinet de l’exécutif provincial.

Dans sa lettre de démission adressée au vice-gouverneur et au directeur de cabinet du gouverneur de province, Nono Katumba déclare ses regrets de voir un Directeur de cabinet le suspendre et confirme n’avoir pas porté atteinte à la gestion du pouvoir provincial lors de son intervention samedi 01 août dernier sur les ondes de la radio SANGABILEMBI de Tshikapa, comme les députés l’ont jugé.

Pour sa part, le Dircab du gouverneur, Fidèle Tshimua, a fait savoir que la qualité du Conseiller politique aurait dû l’astreindre à la réserve d’usage quant à la prise de parole en public sur les affaires de la province. D’où sa décision de le suspendre de ses fonctions en attendant l’aboutissement de la procédure disciplinaire ouverte pour avoir tenu des propos outrageants contre les députés provinciaux lors de sa prestation à la radio précitée.

Pour rappel, intervenant dans une émission sur la radio locale le samedi 01 août 2020, le conseiller Katumba a soutenu que le blocage de la province serait dû par le fait que les députés provinciaux exigeraient plus d’argent au gouverneur de province. Propos qui ont été jugés discourtois envers les députés et une prise de position de nature de créer un bra-de-fer entre l’Assemblée provinciale et le gouvernement provincial.

Clementus Lusamba Lua Mbombo/ CONGOPROFOND.NET(Tshikapa)

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Valentin Yves Mudimbe s’en est allé, mais sa parole demeure : l’Afrique orpheline d’un géant de la pensée

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Ce jour, la République Démocratique du Congo, l’Afrique et le monde intellectuel viennent de perdre un monument. Valentin Yves Mudimbe, philosophe, écrivain et penseur hors pair, s’est éteint aux États-Unis, laissant derrière lui une œuvre aussi dense que subversive, une parole aussi lucide qu’indomptable.

Né en 1941 à Jadotville (actuelle Likasi), en RDC, Valentin Yves Mudimbe fut l’un des intellectuels africains les plus influents du XXᵉ et du XXIᵉ siècle. Professeur émérite à l’Université Duke, anthropologue, linguiste et romancier, il a marqué les sciences humaines par sa critique radicale des épistémologies coloniales et sa déconstruction des discours dominants sur l’Afrique.

Son œuvre majeure, The Invention of Africa (1988), reste un texte fondateur des études postcoloniales. Mudimbe y démontre comment l’Afrique a été « inventée » par le regard occidental, à travers des catégories de savoir qui ont nié ses propres logiques de pensée. Pour lui, « l’Afrique n’existe pas en dehors des représentations qui la constituent », une thèse qui a révolutionné la manière d’appréhender le continent.

Yves Mudimbe n’était pas seulement un théoricien : c’était un penseur du soupçon, toujours en éveil face aux illusions des idéologies, qu’elles soient coloniales, nationalistes ou néolibérales. Dans L’Odeur du père (1982), il explore les contradictions des élites africaines post-indépendances, dénonçant leur aliénation mimétique. Son roman Entre les eaux (1973) questionne la tension entre engagement politique et spiritualité.

Il a révélé sa propre trajectoire de prêtre jésuite devenu philosophe laïc. Ses travaux sur Foucault, Derrida et les structuralistes européens en font un passeur exceptionnel entre les traditions intellectuelles africaines et occidentales. Pourtant, il refusait toute étiquette : « Je ne suis ni un afrocentriste, ni un occidentaliste. Je suis un penseur de la fracture, de l’entre-deux », disait-il.

Aujourd’hui, alors que l’Afrique est confrontée à de nouveaux défis – néocolonialismes économiques, crises démocratiques, guerres d’influence –, la pensée de Mudimbe reste d’une brûlante actualité. Son questionnement sur « les conditions de production du savoir africain » invite à repenser l’université, la recherche et les médias du continent. Il laisse derrière lui des disciples à travers le monde. Des chercheurs qui continuent de déconstruire les récits hégémoniques.

« Mudimbe nous a appris à douter, à interroger nos propres certitudes ». La RDC en deuil mais l’Afrique en héritage, conclut le polymathe, cet autre géant de la pensée post-coloniale. Le Congo pleure l’un de ses plus grands fils, mais son héritage est impérissable. Dans un pays souvent meurtri par l’amnésie historique, Yves Mudimbe rappelait que « la mémoire est un acte de résistance ».

Alors que les hommages affluent du monde entier – de Paris à Johannesburg, de Dakar à New York –, une certitude s’impose : Yves Mudimbe est mort, mais sa parole, elle, ne mourra jamais. « Les mots ne sont pas innocents. Ils portent en eux la violence de l’histoire. » — Valentin Yves Mudimbe

TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR

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