Sécurité
Ituri : l’insécurité fait grimper le prix de transport en commun et du carburant !

Le transport en commun a augmenté de 50% depuis quelques jours sur le tronçon Komanda-Bunia, consécutivement à la hausse des prix du carburant et à l’insécurité grandissante dans la province de l’Ituri.
Selon l’Union nationale des agences de transport( UNATRA), les passagers qui déboursaient jadis 20 milles francs congolais, payent actuellement entre 40 et 60 milles francs. Cette structure de transport qui s’est confié à CONGOPROFOND.NET, ce vendredi 1 octobre, indique qu’en dehors de la hausse du prix d’un litre de carburant qui se vend désormais à 2300 francs congolais, les conducteurs et les usagers sont confrontés à la multiplicité des positions des FARDC.
Afin d’échapper aux menaces, ces conducteurs sont contraints de payer une somme d’argent entre les mains des éléments FARDC dans ces différentes positions. » *Nous sommes vraiment dans une totale désolation sur la route Luna-Komanda-Bunia. D’abord nous sommes confrontés à l’insécurité grandissante caractérisée par les attaques de nos véhicules. En dehors de ça, il y le prix du carburant, aujourd’hui un litre d’essence s’achète à 2300 FC. Donc, là nous sommes obligés de hausser le prix. Autre problème, ce sont les multiples positions de nos militaires. Nous payons quelque chose à chaque position, cela joue aussi à nos recettes* « , ont témoigné certains conducteurs.
Suite aux attaques répétées et des embuscades tendues par les forces démocratiques alliés (ADF) contre les usagers de cette route, certains conducteurs ne la fréquentent plus. Il sied de signaler que dans le but de sécuriser la population et leurs biens, l’armée a instauré un système de convoi sur le tronçon Luna-Komanda.
Nehemy Mbusa/ congoprofond.net
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Droit à la réparation : les recommandations fortes issues du 1er Forum national du FONAREV

Après quatre jours de travaux intenses, le 1er Forum national sur la mise en œuvre du droit à la réparation en République Démocratique du Congo, organisé par le Fonds national de réparation des victimes des violences sexuelles liées aux conflits et des crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité (FONAREV), a livré un ensemble cohérent de recommandations clés, issues des échanges entre victimes, experts, représentants institutionnels, partenaires et société civile.
Ces recommandations, synthétisées par le rapporteur général du forum, sont appelées à nourrir la stratégie opérationnelle 2024–2028 du FONAREV et à guider l’action publique et communautaire en matière de justice réparatrice. Les voici, regroupées par axes prioritaires :
1. Identification et enregistrement des victimes
• Définir des critères objectifs et des procédures claires et transparentes d’identification des victimes ;
• Créer un système centralisé et sécurisé d’enregistrement et de protection des données ;
• Étendre le processus à toutes les provinces, à l’aide de plateformes numériques, numéros verts et outils mobiles ;
• Associer les communautés locales à chaque étape du processus ;
• Intégrer des outils de dépistage du traumatisme, en particulier pour les enfants ;
• Reconnaître les enfants comme bénéficiaires à part entière du droit à la réparation.
2. Accès à la justice
• Plaider pour un environnement judiciaire favorable aux victimes ;
• Organiser des audiences spécifiques aux dossiers de réparation ;
• Soutenir les cliniques juridiques pour accompagner les victimes ;
• Traduire et vulgariser les textes juridiques pertinents dans les quatre langues nationales ;
• Établir une présomption d’indigence pour faciliter l’accès des victimes aux procédures judiciaires ;
• Assurer la protection des témoins et des victimes avant, pendant et après les procès.
3. Réparations individuelles et collectives
• Intégrer un volet médical obligatoire dans tous les programmes ;
• Former des agents psychosociaux (APS) pour compenser le manque de psychologues ;
• Créer un fonds dédié aux maladies chroniques issues des violences ;
• Préparer chaque intervention avec des plans de sortie clairs et des mécanismes de redevabilité ;
• Privilégier une approche centrée sur les victimes, avec leur participation active à chaque étape ;
• Mettre en œuvre des réparations symboliques et communautaires (Journée nationale de la paix, monuments, soins spirituels, etc.) ;
• Répondre aux besoins urgents des communautés par des réponses concertées ;
• Intégrer la mémoire collective et les initiatives de résilience dans le processus de réparation.
4. Mesures provisoires urgentes
• Distinguer clairement les mesures provisoires de l’aide humanitaire ;
• Mettre en place des mécanismes transparents de mise en œuvre, avec suivi rigoureux ;
• Utiliser les mesures provisoires comme tremplin vers des réparations intégrales ;
• Renforcer la coordination entre les acteurs nationaux et internationaux.
Ces recommandations traduisent un consensus fort et structurant sur les priorités à intégrer dans les politiques publiques de réparation. Elles démontrent aussi la volonté collective de bâtir un système durable, humain et inclusif, capable de répondre aux souffrances profondes des victimes tout en renforçant la résilience nationale.
Le FONAREV s’est engagé à intégrer ces recommandations dans ses prochaines programmations et à assurer une communication transparente sur leur mise en œuvre. Ce forum n’était qu’un début. L’essentiel du travail reste à faire dans les territoires meurtris, les communautés oubliées et les cœurs brisés.
Dorcas Mwavita/Congoprofond.net