Liberté de la Presse
Interpellation de 2 journalistes à Kenge : OLPA condamne la pression judiciaire sur les professionnels des médias

Après l’interpellation le 19 août par la justice, de deux journalistes œuvrant dans la ville de Kenge, pour avoir relayé la déclaration d’un cadre de la société civile qui a critiqué l’organisation des élections du gouverneur et des sénateurs, l’Observatoire de la liberté de la presse (OLPA) a fermement condamné « la pression judiciaire exercée sur des journalistes ».
Cette organisation de défense et de promotion de la liberté de la presse, a dans une déclaration parvenue à notre rédaction ce mardi, dénoncé l’atteinte grave à la liberté de la presse garantie par les textes légaux.
Ci-dessous la déclaration de OLPA
L’Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique (OLPA), organisation de défense et de promotion de la liberté de presse, est stupéfait par la brève interpellation d’Olivier Makambu et Gustave Kibelo respectivement directeur à la Radio-Télévision de la Solidarité Kwangolaise (RTSUK) et journaliste à la radio le Coq FM, stations privées émettant à Kenge, chef-lieu de la province de Kwango, au sud-ouest de la République démocratique du Congo (RDC).
Les journalistes ont été interpellés, le 19 août 2024, alors qu’ils répondaient à une invitation du Parquet de grande instance de Kenge. Ils ont été soumis à un interrogatoire serré consécutivement à la diffusion, le 2 mai 2024, sur leurs médias respectifs d’une interview avec M. Jean-Yves Kasongo, responsable d’une structure locale dénommée Dynamique pour le décollage du Kwango. Ce dernier a émis de vives critiques sur l’organisation des élections du gouverneur et des sénateurs dans la province du Kwango en dénonçant le cas des fraudes dont il détiendrait des preuves.
Le magistrat instructeur a accusé Olivier Makambu et Gustave Kibelo d’avoir commis l’infraction de faux bruits et les a placés en détention au cachot du Parquet. Ils ont été relaxés après 7 heures de privation de liberté et paiement d’une amende transactionnelle de 500,000 francs congolais (environ à 175 dollars américains).
Au regard de ce qui précède, OLPA condamne cette pression judiciaire exercée sur des journalistes qui n’ont fait que leur travail. Cet acte constitue une atteinte grave à la liberté de presse garantie par la législation congolaise et les instruments juridiques internationaux relatifs aux droits de l’homme.
Willy Theway Kambulu/ CONGOPROFOND.NET
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Médias : Émile Yimbu, « l’éveilleur du Kwango », célèbre ses 20 ans d’engagement journalistique

Le journaliste Émile Yimbu, correspondant de CONGOPROFOND.NET à Kenge (province du Kwango), célèbrera en mai vingt ans de carrière au service de l’information. Deux décennies marquées par une vocation passionnée, entre espoirs déçus et victoires silencieuses. Un anniversaire qu’il place sous le signe de l’abnégation.
Depuis son enfance, Émile Yimbu caresse le rêve d’informer. Grandissant dans un village isolé, il découvre le monde à travers quelques pages de magazines ou les voix lointaines des radios comme Africa Numéro 1, Radio Congo ou Radio Zaïre. Dès la troisième primaire, il impressionne par sa maîtrise des mots et sa facilité à lire à haute voix. À l’école, il devient l’élève modèle en lecture et en rédaction.
Son talent éclate au grand jour lors de ses études secondaires au Collège Saint Jean-Bosco de Kenge, notamment par un devoir sur la guerre de libération de 1997, salué par ses enseignants. Installé à Kinshasa la même année, il commence à consigner des manuscrits de ses souvenirs, affirmant son goût pour l’écriture.
Formé au CEFOJI, Émile Yimbu signe en mai 2005 son premier article dans Le Moniteur, consacré aux enfants de la rue de Kinshasa. Cet article, fruit d’une enquête risquée au Port Strabac, attire l’attention des autorités et révèle son talent au grand public.
Dès lors, Émile est envoyé sur le terrain et croise la route de figures emblématiques du journalisme telles que Teme-Teme, Tshieke Bukasa, et Daniel Nsafu. Il découvre aussi les réalités difficiles de la presse écrite, souvent délaissée par la jeunesse séduite par la radio et la télévision.
Pour diversifier son expérience, il rejoint Canal 5 Télévision, puis Télé 50, BRT Africa, Actu30 et Horeb Télé Sat. En 2018, il intègre CONGOPROFOND.NET, où il devient une voix essentielle du Kwango.
Attaché à sa terre natale ignorée des médias, Émile milite pour rendre visible le Kwango. Il crée Minzoto pour la paroisse Saint Barthélémy de Mapela, L’Agora du Cepromad pour l’Université du Cepromad, et tente même de lancer une école de journalisme, projet avorté faute de moyens.
Parallèlement, dès 2012, il transforme son compte Facebook en véritable plateforme d’information pour le Kwango, consultée par toute la communauté.
Cependant, son engagement dérange. En dénonçant des cas d’insécurité à Bukanga-Lonzo ou en relayant des revendications sociales, Émile subit plusieurs arrestations arbitraires, dont deux particulièrement marquantes en 2018 et 2020. À chaque épreuve, il ressort renforcé, jusqu’à recevoir le surnom de « Mandela du Kwango ».
Formateur au CEFOJI/Luozi, préfacier de l’ouvrage Enfant de la Loudi de Meran Mangungu, Émile Yimbu reste animé par son rêve d’écrire pour des médias internationaux comme Jeune Afrique ou RFI.
« Je déteste la platitude, dit-il. Un bon article n’est pas fait pour caresser… » Une conviction qui, depuis vingt ans, guide inlassablement sa plume.
Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET