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» Il n’y a pas de rififi à l’Udps. On a besoin d’un bloc ! »( Interview avec Me Elvis Mayo Bieme, conseiller du Président a.i. du Parti)
Voilà un semestre depuis la prise de fonction par Jean-Marc Kabund comme Président ad intérim de l’Union pour la démocratie et le progrès social, Udps en sigle, que le torchon ne cesse de bruler entre quelques cadres de ce grand parti politique aujourd’hui au pouvoir. Il ne se passe pas un mois sans qu’il y ait des joutes verbales entre d’un côté l’actuelle équipe dirigeante et de l’autre des contestataires.
Afin de cerner au mieux cette situation, notre équipe a approché Me Elvis Mayo Bieme en sa qualité de conseiller du président a.i. Entretien :
Congoprofond : Nous avons lu le week-end dernier à travers les réseaux sociaux une lettre sanglante d’un cadre du parti s’adressant au Secrétaire général Augustin Kabuya à propos de la conduite du parti. Quelle lecture en faites-vous ?
Elvis Mayo Bieme : Tout de go j’en note juste un ton menaçant. L’auteur de cette lettre doit être mécontent d’une situation qui vient surement d’ailleurs. Nous devons retenir que l’image de l’Udps dépend aussi de la qualité des échanges entre ses membres dans des réseaux socio-numériques. Je cerne cette communication dans une nécessité à court terme alors que le duo Kabund-Kabuya s’investit dans la formulation d’objectifs et de stratégies à long terme.
L’esprit de ce message est paradoxal et n’englobe pas une vision moderne de la gestion d’un parti politique.
Congoprofond : Il ressort de cette lettre que les dirigeants actuels ont l’intention de procéder à des nominations au sein du parti. Est-ce conforme aux textes ?
Elvis Mayo Bieme : La conformité aux textes est bien l’apanage des dirigeant actuels. Qu’il soit honni celui-là qui veut à tout prix assujettir le parti à un formalisme excessif et rigide au risque de le vider de sa pertinence.
Les articles 23 (sur les pouvoirs du président, symbole de l’unité du parti) et 28 (sur la nomination des cadres avec prise en compte de plusieurs critères) des statuts du parti sont très clairs : il appartient au président de s’y atteler quant à ce.
J’ose croire qu’ils ne reviennent plus sur le fameux article 26. Certainement, compte tenu du caractère suranné de ce débat.
Ce phénomène conflictuel a tendance à nuire aux perspectives du parti dans un paysage politique en mutation rapide. Cela a ensuite tendance à réduire la confiance que le public accorde à l’Udps en tant que vecteur de représentation et de gouvernance. Il faut que ça cesse !
Congoprofond : Le parti ne tend – t-il pas vers l’implosion ?
Elvis Mayo Bieme : La base d’un parti politique, tout comme les racines d’un arbre, doit être solide si le parti veut croître et réussir. Telle est le cas de notre parti où tous les membres sont sensés partager la même idéologie et le même projet de société.
Les divergences de vues sont tolérables au regard des prescrits de l’article 6 des statuts qui consacre la liberté d’expression, d’opinion et de conscience car les membres sont égaux en droits et en devoirs.
L’on ne peut parler d’implosion à ce stade.
Congoprofond : Quelle est la vision première de Jean-Marc Kabund sur l’orientation du Parti ?
Elvis Mayo Bieme : Le président a.i. a conscience que le système est devenu très compétitif sur le plan national avec tous les grands blocs de regroupements.
Il a ainsi opté d’abord pour une stratégie organisationnelle qui présage automatiquement la stratégie électorale. Cette planification stratégique assure la survie du parti en dépit de la complexité des environnements interne et externe et propose une approche pour gérer les principales difficultés et profiter au mieux des opportunités.
Il est connu que la force et la stabilité d’un parti politique sont étroitement liées à l’organisation interne de ses membres et l’intégration de leurs différentes opinions. Voilà le sens de la vision du chef de procéder à la restructuration en vue de l’efficience du parti.
Si nous voulons nous préparer convenablement aux évolutions politiques à venir, nous devons investir d’abord dans l’organisation du parti. Nous devons nous adapter aux situations nouvelles que sont par exemple la coalition Fcc-Cach et l’émergence des diverses structures de l’opposition.
Pour réussir dans un tel environnement, l’Udps doit faire preuve de concentration et de détermination et disposer de capacités institutionnelles d’adaptation. Le duo kabund-kabuya est dans la ligne de cette réinvention et de l’inscription du parti dans la durée.
Donc, cette phase du développement de la vision organisationnelle du parti est cruciale. Elle tend aussi à soutenir le mandat du Chef de l’Etat qui gouverne efficacement en dévoilant sa nouvelle identité programmatique de défenseur de la modernisation économique et de la justice sociale.
Congoprofond : Que diriez-vous aux agitateurs qui ne jurent que par la mise à l’écart du duo Kabund-Kabuya ?
Elvis Mayo Bieme : Ils doivent avoir à l’esprit que le président a.i. veille au respect de l’article 5 in fine de la loi n°04/002 du 05 mars 2004 portant organisation et fonctionnement des partis politiques qui exige la promotion de la démocratie au sein d’un parti politique.
Les comportements que ces membres contestataires affichent peuvent compromettre l’image de notre formation politique et servir les partis rivaux qui pourront gagner en puissance.
Ils savent avec pertinence que le non-respect de la hiérarchie et des instructions du parti est considéré statutairement comme un manquement disciplinaire assorti d’une sanction.
On a besoin d’un bloc Udps.
Propos recueillis par Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET
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Thérèse Kayikwamba Wagner brise le silence : “Je refuse que ma vie privée devienne un champ de bataille”
Au cœur d’une vive polémique alimentée depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux au sujet de sa grossesse, la ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, est sortie de son silence. Dans une déclaration personnelle publiée ce vendredi, la cheffe de la diplomatie congolaise dénonce des “attaques diffamatoires” et des “propos mensongers” attentatoires à sa dignité et à celle de sa famille.
Des accusations en ligne et une riposte judiciaire annoncée
Depuis quelques jours, plusieurs vidéos et publications relayées sur les réseaux sociaux ont mis en cause la vie privée de la ministre, donnant lieu à une série de commentaires virulents, souvent teintés de misogynie et de sexisme.
Face à cette campagne de dénigrement, Thérèse Kayikwamba Wagner a annoncé avoir saisi le cabinet juridique ALTIUS, basé à Bruxelles, pour engager des poursuites judiciaires pour diffamation et atteinte à la vie privée.
Les premières actions cibleront, selon sa déclaration, Péro Luwara, responsable de la chaîne CPL TV opérant depuis la Belgique, Emmanuel Banzunzi de la chaîne Bishop National basée en Suède, ainsi que le site CongoIntelligence.com.
Elle indique par ailleurs que des démarches sont en cours auprès des plateformes numériques afin de faire supprimer les contenus mensongers et identifier les auteurs de leur diffusion et monétisation.
“Protéger ma famille et poursuivre mes fonctions en toute sérénité”
La ministre d’État affirme assumer “pleinement sa responsabilité de protéger son enfant” et de poursuivre son travail “avec sérénité et concentration”, soulignant que ces attaques ont tenté de “souiller un moment d’intimité et de joie familiale” et d’affaiblir sa voix dans l’exercice de ses fonctions diplomatiques.
“Au-delà de ma personne, cette action s’inscrit dans le combat de toutes les femmes contre les violences – qu’elles soient physiques ou verbales et contre le dénigrement sexiste encore présent dans nos sociétés”, a-t-elle déclaré, appelant à une prise de conscience collective sur le respect de la vie privée des femmes publiques.
Une mise au point dans un contexte délicat
Cette sortie intervient dans un contexte politique et sécuritaire tendu, alors que la République démocratique du Congo fait face à la persistance des violences dans l’Est du pays et à des enjeux diplomatiques majeurs.
Thérèse Kayikwamba Wagner rappelle qu’elle entend se concentrer sur “la défense de la souveraineté nationale, la protection des populations et la recherche de la paix”, laissant à son équipe juridique “le soin de mener à terme le travail engagé” sur le plan judiciaire.
Une parole rare, un signal fort
Connue pour sa réserve médiatique, la ministre a voulu cette fois marquer un coup d’arrêt à ce qu’elle qualifie de “banalisation du mensonge”. Son message se veut à la fois personnel et symbolique : aucune femme, publique ou non, ne devrait voir sa vie privée transformée en champ de bataille.
Tchèques Bukasa
