À la Une
Haut-Katanga : Mvunzi Meya met fin à un vieux conflit coutumier fratricide de 32 ans à Kaponda !

Le ministre délégué près le ministre de l’Intérieur, Sécurité et Affaires coutumières, Eyrolles Michel Mvunzi Meya, séjourne depuis mardi 19 mai à Lubumbashi, chef-lieu de la province du Haut-Katanga.
Mvunzi Meya est allé faire le suivi de la situation de crise qui prévaut dans cette partie du pays. Une crise de succession qui a mis aux prises deux princes prétendants à la succession à la chefferie Kaponda, en territoire de Kipushi.
Cette crise de succession a perduré depuis 1992, après le décès du grand chef Kaponda précédent.
32 ans de déchirement entre frères et candidats au trône, qui s’est étendue sur l’ensemble de la communauté et a pris les allures de guerre de positionnement pour le contrôle de la terre des minerais. Une mine à richesse où des vautours de la politique s’immiscent pour tirer les ficelles en vue des bénéfices.
Cette affaire, comme elle apparaît d’emblée, a nécessité l’intervention et l’arbitrage de l’État central, pour mettre d’accord les princes ayant droit à la succession au trône pour favoriser rapidement la paix, et éviter ainsi le pire qu’on redoute…
Après des longues séances de négociation avec différentes parties, ce mardi 19 mai dans la salle des banquets du gouvernorat du Haut-Katanga, le ministre des Affaires coutumières est parvenu à concilier les deux frères adversaires Lubenge Bwalya et Kashoba Bupe Mulwana.
A l’issue des longs pourparlers, les deux désormais anciens protagonistes sont tombés d’accord sur les principes qui régissent leur coutume et se sont engagés à observer les règles en la matière dans le respect de leurs traditions et pour le privilège du bien et du développement de leur groupement.
Lubenge Bwalya et Kashoba Bupe Mulwana ont ainsi enterré la hache de guerre. Leur « guéguerre » entre dans les annales de la RDC comme l’un des conflits résolus dans la concorde et dans la conscience des principes coutumiers établis.
Aux termes de cet arrangement sous les auspices du ministre des Affaires coutumières, Eyrolles Michel Mvunzi Meya, Lubenge Bwalya est reconnu chef du groupement Kaponda et Kashoba Bupe Mulwana, reconnu prince dans la lignée de succession, va aider son frère dans son règne et va l’assister dans les tâches administratives.
Se souriant pour la première fois depuis 1992, les deux princes royaux ont appelé à la cohésion au sein de leur communauté, et ont promis de se mettre au travail pour le développement de Kaponda.
Le ministre provincial de l’Intérieur, Fulbert Kunda Milundu, le directeur de cabinet adjoint du gouverneur Jacques Kyabula, Prof Christian Kunda, ont salué la médiation et la sagesse du ministre Mvunzi Meya, qui a réussi à renouer les frères protagonistes qui se sont entredéchirés pendant plus de trente ans, alors que plusieurs membres des gouvernements central et provincial rallumaient le feu de la discorde.
De la bouche du ministre provincial de l’Intérieur, la présence de Mvunzi Meya à Lubumbashi est un soleil qui a illuminé la terre pour le territoire de Kipushi.
Le rendez-vous est pris pour jeudi 21 mai, où le chef ainsi reconnu par les principes coutumiers et traditionnels sera investi. La cérémonie d’investiture aura lieu en présence du gouverneur de province Jacques Kiabula Katwe et le ministre des affaires coutumières Mvunzi Meya, qui est en séjour dans la province.
Émile YIMBU/CONGOPROFOND.NET
À la Une
Kinshasa perd une plume d’or : Sénado alias « Général Bowane » s’en est allé

Kinshasa pleure l’un de ses enfants prodiges. Sénado Mananasi, connu encore sous le nom de « Général Bowane », s’est éteint, emportant avec lui un pan discret mais fondamental de l’histoire musicale congolaise. Auteur, compositeur, parolier de l’ombre, il était pourtant la source lumineuse derrière des tubes devenus cultes dans les années 80 et 90.
Natif de Kingasani, dans le district populaire de la Tshangu, Sénado a été bercé dès l’enfance par l’effervescence musicale de Kinshasa. Vers le milieu des années 1980, il entre dans les orchestres Balafon et Select Musica de Malembe Chant, où sa voix suave et son sens inné de la mélodie le rendent vite incontournable.
Mais c’est surtout par la plume que le Général Bowane se distingue. Il signe en effet « Sai Sai », chanson mythique interprétée par Papa Wemba, devenue un succès planétaire. Un titre qui a traversé les frontières du Congo pour résonner jusqu’en Europe et dans les diasporas africaines. Peu savent que derrière cette pépite, se cachait ce parolier modeste, attaché à sa Tshangu natale.
Sénado a également prêté son talent à de nombreuses formations musicales de Kinshasa. Plusieurs chansons interprétées par le clan Wenge Musica portent sa signature, preuve de son ancrage profond dans la sève artistique qui a nourri une génération entière. Les archives officieuses de la musique congolaise regorgent de ces refrains populaires dont il fut l’architecte discret.
Par ailleurs, il était le grand frère de Chai Ngenge, ancien membre éminent du groupe Wenge BCBG de JB Mpiana. Une fratrie musicale donc, dont l’influence s’étend sur plusieurs décennies de rumba, de ndombolo et de toutes les hybridations qui ont fait la renommée du « son kinois ».
L’annonce de sa mort a suscité une vive émotion parmi les mélomanes, les artistes, et ceux qui, dans l’ombre comme lui, œuvrent à l’immortalité de la culture congolaise. Les hommages affluent, mais nombreux sont ceux qui regrettent que Sénado n’ait jamais reçu de reconnaissance à la mesure de son apport. Comme tant d’autres génies silencieux de la scène congolaise, il s’en va sans disques d’or, mais avec l’or des cœurs.
Son parcours rappelle cruellement combien la mémoire musicale congolaise est souvent injuste avec ses bâtisseurs. Le Général Bowane n’était pas une figure de paille : il était un passeur d’émotion, un faiseur de classiques, un pilier invisible d’une époque d’or.
Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET