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Musique

Guerre M23/Rwanda : Les rappeurs français s’engagent plus que les stars de la rumba congolaise

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Alors que la guerre dans l’Est de la République Démocratique du Congo fait rage depuis maintenant 30 ans, la mobilisation artistique reste contrastée. D’un côté, plusieurs rappeurs français – qu’ils soient d’origine congolaise ou non – utilisent leur art comme une arme de dénonciation et de sensibilisation. De l’autre, les icônes de la rumba congolaise, pourtant considérées comme les “éducateurs de masse”, semblent largement absentes des grandes mobilisations. Un contraste frappant qui soulève une question essentielle : pourquoi les artistes basés en Europe semblent-ils plus engagés que ceux qui sont directement concernés par cette guerre ?

Historiquement, le rap s’est imposé comme une musique contestataire et militante. Dès la fin des années 1990, des artistes comme Bisso Na Bisso, collectif emmené par Passi et composé de rappeurs franco-congolais, dénonçaient déjà les violences en RDC. Dans leur album Racines (1999), ils décrivaient un pays en souffrance, ravagé par des conflits meurtriers.

Plus tard, d’autres figures du rap français ont pris le relais. Youssoupha, dans À force de le dire (2009), dénonçait l’oubli international autour de la guerre en RDC. Kalash Criminel, Gradur ou encore SDM ont eux aussi utilisé leur notoriété pour mettre en lumière les massacres perpétrés dans l’Est du pays. Récemment, certains de ces rappeurs ont même participé à des manifestations contre l’agression rwandaise, utilisant leur voix pour alerter l’opinion publique.

Cette prise de position dépasse les simples paroles de chanson. Elle se traduit par des engagements concrets : discours médiatiques, relais sur les réseaux sociaux, participation à des marches et appels directs aux dirigeants politiques. Un engagement d’autant plus marquant qu’il vient d’artistes évoluant à des milliers de kilomètres du conflit.

À l’opposé, les grandes figures de la rumba congolaise semblent bien timides face à la tragédie qui frappe leur propre peuple. Si certains se contentent de posts sur les réseaux sociaux pour exprimer leur solidarité, aucune véritable action d’envergure n’a été initiée. Pourtant, ces mêmes artistes savent parfaitement mobiliser les foules lorsqu’il s’agit de promouvoir leurs concerts ou albums.

Contrairement aux rappeurs engagés, les stars de la rumba semblent éviter les prises de position frontales. À Kinshasa comme en Europe, peu d’entre eux osent dénoncer ouvertement les responsables du conflit ou appeler la population à se mobiliser. L’absence de manifestations organisées par ces figures influentes contraste avec la puissance de leur musique, autrefois vecteur de messages forts sur l’histoire et les luttes du pays.

Ce silence interroge. Est-il dû à la peur des représailles ? À un manque de conscience politique ? Ou simplement à une déconnexion avec les réalités du terrain ? Quoi qu’il en soit, alors que les bombes tombent et que des milliers de Congolais fuient leurs terres, l’attentisme des icônes de la rumba est difficile à justifier.

Si la rumba congolaise a longtemps été un symbole culturel fort, elle semble aujourd’hui en retrait face aux combats qui touchent directement le pays. Pourtant, l’histoire a prouvé que la musique pouvait être un puissant levier de mobilisation et de changement. Dans d’autres contextes, des artistes se sont levés pour dénoncer les injustices et galvaniser les populations. Pourquoi ce ne serait pas le cas en RDC ?

Le contraste entre l’engagement des rappeurs français et le silence des stars de la rumba pose une question fondamentale : les artistes congolais ont-ils encore un rôle à jouer dans les luttes de leur pays ? À l’heure où la RDC traverse l’une des périodes les plus sombres de son histoire, la musique ne devrait-elle pas être un cri de ralliement plutôt qu’un simple divertissement ?

Si les rappeurs européens ont compris l’importance de la musique comme outil de contestation et de résistance, il est temps que les figures de la rumba prennent conscience de leur responsabilité historique. Loin d’être un simple art de divertissement, la musique est aussi une arme. Et dans une guerre où le silence peut être complice, il est urgent que les voix les plus écoutées du Congo s’élèvent enfin.

Marc-Henoc Makanda et Dorcas Mwavita/CONGOPROFOND.NET

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Musique

6 ans après, la RDC se souvient de Lutumba Simaro, icône de la musique congolaise

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30 mars 2019-2025, cela fait exactement six (6) ans, jour pour jour, que l’artiste musicien congolais Lutumba Ndomanueno Simaro Masiya n’est plus sur cette terre des hommes.

À l’occasion de ce jour si malheureux, le monde musical se souvient de ce chanteur, guitariste et compositeur de haute volée, Lutumba Simaro, qui a su écrire et composer des chansons avec d’énormes images, de la profondeur et de la vie.

Patron du groupe musical Bana OK, Lutumba Simaro est mort à l’âge de 81 ans, en 2019, à Paris, en France. De son vivant, cet artiste s’est particulièrement distingué dans la création de tubes à succès qui sont de vrais poèmes, tels que “Fifi nazali innocent”, “Mabele”, “Verre cassé”, “Maya”, “Ebale ya Zaïre”, etc.

Probablement le meilleur auteur de la musique congolaise, par sa sensibilité, sa profondeur et l’écriture de ses chansons, Lutumba avait pourtant conservé une forme d’humilité et de recul rare dans la musique congolaise.

Soulignons-le, le poète Lutumba Simaro avait fait une confidence lors d’une conférence organisée par des jeunes de Barumbu. Il expliquait que lorsqu’il finissait d’écrire une chanson, avant de l’amener aux répétitions, il en soumettait le texte à la critique d’un de ses voisins, qui n’était qu’un simple mélomane, mais dont l’artiste appréciait la sagesse et la philosophie de vie. Il modifiait ainsi ses textes sur ses conseils.

Cedrick Sadiki Mbala

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