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Fonds Covid-19 et exonérations : le Dircab du ministre des Finances met les points sur les « i »

Après que l’inspecteur Général des Finances ait repéré la mauvaise gestion des fonds decaissés pour la lutte contre la pandémie de Covid-19 au ministère de la Santé, le week-end dernier, en relevant que ces fonds ont été décaissés en procédure d’urgence, le directeur du cabinet du ministre des Finances, Vincent Ngonga a, au cours d’une interview accordée à un média locale, souligné que ce décaissement a été édicté en procédure d’urgence par le premier ministre.
Comment, le ministère des Finances a agi sur le décaissement des fonds alloués à la riposte ?
« Le ministère des Finances mets en urgence des fonds en faveur des ministères. Donc, le payement s’effectue au niveau des ministères qui sont en relation avec les prestataires des biens et services. Dans le cas d’espèce du ministère de la Santé, il s’est agi d’une mise à disposition en procédure d’urgence dans le cadre de la riposte de la pandémie du Covid-19. Il s’agissait peut-être d’acquisition par ce ministère de la Santé : des respirateurs, de lave-mains ou autres. Donc, il y a un prestataire des services qui va présenter ses services au ministère et le ministère paye moyennant une facture. Dans ce cas, le ministère des Finances n’a rien avoir dans ça. »
Pourquoi avoir opté pour la procédure d’urgence, alors que vous pouvez bien passer par la chaîne de dépense rapidement ?
« Nous étions dans une situation d’état d’urgence sanitaire, surtout la panique qui avait gagné le pays lorsqu’on a déclaré le premier cas de Covid-19. L’action de procéder au payement en urgence est venu du chef du gouvernement lui-même, pour parer au plus pressé »
Est-ce que la procédure a été régularisée ?
« La régularisation se fait au travers d’un procès verbal de régularisation. Ce PV de régularisation pour être établi, il faudrait d’abord que le ministère bénéficiaire accrédite que le paiement a eu lieu. Donc la procédure a été régularisée après coup. Donc toutes ces dépenses là en urgence sont d’abord logées dans un sous compte, qui est à la Banque centrale, un sous compte appelé « dépense en urgence ».
Au sujet d’exonération et de compensation
« Il y a au moins 19 cas, où il y a des dispositions légales qui couvrent, les exonérations, par rapport à 5 milliards qui ont été communiqués par l’inspection générale des Finances, moi je n’aimerai pas verser dans la polémique. Il y a quand même certaines interrogations à soulever. S’agit-il des exonérations couvertes par les dispositions légales ? Où ils s’agit des exonérations contrats légales, où encore des exonérations couvertes par les dispositions légales, mais qui à la destination sont détournés. Il y a lieu de se poser la question, comment les 5 milliards ont été évalués parce que quand les ministères écrivent au ministère des Finances, souvent ils n’indiquent pas un montant. »
Les chiffres peuvent être bien donnés par la DGDA. Qui fait le suivi de l’opération ?
« La demande d’exonération est adressée au ministère des Finances, il y a toujours pas des précisions ad-hoc par rapport à cela. Mais s’il s’agit d’exonérations extra légales, il y a lieu de relever que dans le programme dit des 100 jours, plusieurs exonérations ont été aussi accordées et pour la plupart c’était des exonérations qui rentraient dans le cadre de l’urgence qu’imposait la réalisation de ce programme de 100 jours. Nous avons les statistiques sur les exonérations qui ont été faites en 2017 de 1.2 milliard de dollars. S’il s’agit des exonérations de 5 milliards, il y a lieu de se poser la question parce que nos recettes d’aujourd’hui avoisine 4,6 à 5 milliards donc il faut demander, s’il y a eu déglobalisation de ces exonérations pour savoir ce qui revient aux exonérations couvertes par les dispositions légales et celles qui ne le sont pas. C’est un travail d’approfondissement. Nous apprécions le travail de l’IPG, peut-être qu’il y a des améliorations et des recadrages à faire. Mais les compensations sont observées dans deux secteurs : le secteur minier dans le cadre de la TVA, et le secteur pétrolier. C’est un problème complexe qu’il faut analyser dans sa globalité ».
Jolga Luvundisakio/CONGOPROFOND.NET
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Forum national des Droits humains : « Il n’y aura pas de paix tant que les droits de l’homme seront violés en RDC », déclare Samuel Mbemba

Le ministre des Droits humains, Samuel Mbemba Kabuya, a ouvert officiellement, ce jeudi 9 octobre 2025, les travaux de la première édition du Forum national des Droits humains, au Palais du Peuple, en présence de la Première ministre Judith Suminwa Tuluka, représentant personnel du Chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.
Dans son discours d’ouverture, le ministre a appelé à une prise de conscience collective face aux graves violations des droits humains dont est victime la population congolaise depuis plusieurs décennies, rappelant que « la paix mondiale reste impossible tant que les droits de l’homme sont bafoués quelque part dans le monde », citant ainsi le juriste René Cassin.
« Comment comprendre le silence du monde quand plus de dix millions de Congolais ont été massacrés, des femmes violées, des enfants orphelins, des familles détruites ? », s’est-il interrogé, dénonçant l’indifférence internationale et le manque de justice face aux atrocités subies par le peuple congolais.
Le ministre des droits humains a tenu à rendre hommage au Président de la République pour son engagement constant en faveur de la promotion et de la protection des droits humains. “Tout le mérite revient au Chef de l’État pour son leadership et sa détermination à traduire les principes de la Constitution en actions concrètes”, a-t-il affirmé.
Il a cité, entre autres, la gratuité de l’enseignement de base, la maternité gratuite et la mise en place de la couverture santé universelle comme des avancées majeures issues de cette volonté politique.
Au cœur de cette première édition du Forum, deux chantiers majeurs ont été évoqués : l’implémentation de la justice transitionnelle et le plaidoyer pour la reconnaissance du Génocost, terme désignant les génocides commis sur le territoire congolais.
“Ce forum marque le point de départ d’une collaboration efficace entre les pouvoirs publics et la société civile pour construire un narratif commun sur les atrocités vécues et engager un plaidoyer unifié”, a déclaré le ministre, appelant les participants à “un sens élevé de patriotisme” et à “un engagement total dans ce combat pour la vérité et la justice”.
Le ministre a également dénoncé une “campagne médiatique orchestrée” contre le FONAREV, l’établissement public chargé d’accompagner les victimes des violences sexuelles liées aux conflits et des crimes contre l’humanité.
Selon lui, cette campagne viserait à détourner l’attention du plaidoyer congolais pour la reconnaissance des génocides. “Il est facile de déceler l’origine de ces attaques : le Rwanda de Paul Kagame, responsable de nombreux massacres sur notre sol”, a-t-il déclaré, citant des localités comme Mwenga, Kasika, Makobola, Kishishe, Tingi Tingi et Rutshuru, encore marquées par ces drames humains.
En conclusion, Samuel Mbemba Kabuya a invité les participants à “transformer la douleur collective en moteur d’action”, soulignant que la mémoire des victimes “ne doit pas être une simple commémoration, mais un engagement durable pour que justice soit rendue”.
“Ce forum est notre devoir moral envers ceux qui ne peuvent plus parler”, a-t-il martelé, avant de souhaiter plein succès aux travaux dont les recommandations, espère-t-il, guideront la politique nationale des droits humains.
Dorcas Mwavita