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F. Tshisekedi : “Sans moyens de l’État comme notre adversaire, nous allons battre campagne…”
Félix Antoine Tshisekedi, le candidat président de la République de la coalition “Cap pour le Changement” a, au cours d’un interview accordée au journal Afrique de TV5 ce lundi 26 novembre 2018, indiqué qu’il est serein pour le financement de sa campagne électorale.
“Nous comptons sur les cotisations des membres et des amis de l’extérieur. Nous n’avons pas les moyens de l’État comme notre adversaire principal, mais sur ce point là, je suis tranquille, nous ferons la campagne”, a affirmé le candidat de la coalition Cap pour le changement.
Aussi, a-t-il rappelé que conditionner la participation aux élections par le retrait de la machine à voter est synonyme de “faire le jeu du pouvoir en place qui ne jurait que par le boycott de l’opposition depuis le début du processus électoral”.
“Aujourd’hui, je suis bien curieux de voir quelle sera l’attitude de monsieur Fayulu le 23 décembre, lui qui incarne la ligne dure de l’opposition qui s’oppose à participer aux élections avec la machine à voter. Et j’en profite pour inviter ses électeurs à voter pour nous parce qu’il est censé ne pas être là, car tout indique que maintenant nous irons aux élections avec la machine”, a-t-il appuyé sur le plateau de TV5.
À cet effet, il a demandé aux électeurs de Martin Fayulu de rejoindre leur camp, d’autant plus que les élections en cours vont se dérouler avec la machine à voter, “chose qui ne passe pas chez nos amis de la coalition Lamuka”.
Poursuivant son raisonnement, le président de l’UDPS propose: ” Il faut plutôt mettre en place des stratégies pour contourner la machine à voter au lieu de se lancer dans un combat qui est perdu d’avance”.
À la question de savoir si son secrétaire général Jean Marc Kabund a Kabund est le vrai patron de l’UDPS, le fils Tshisekedi a rappelé que”le véritable chef de l’UDPS , c’est Félix Tshisekedi. S’agissant de sa réaction après la signature de l’accord de Genève, “le Secrétaire Général n’avait reflété que l’injonction ou aspirations de la base en parlant de l’ultimatum”, a-t-il souligné. “En tant qu’individu , JM – Kabund n’a aucune injonction au président”, précise Fatshi.
Convient-il de rappeler que c’est ce mardi 27 novembre 2018 que Félix Antoine Tshisekedi et son allié Vital Kamerhe vont regagner la capitale congolaise après un long séjour à l’étranger.
Et sur terrain, les états major de ces deux partis se mobilisent pour réserver un accueil chaleureux à leurs leaders qui, pour eux, ont mis en avant plan l’intérêt de la nation, mais aussi le souci de l’alternance tant réclamée par la population congolaise.
MUAKAMU/CONGOPROFOND.NET
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“Les rébellions rwandaises au Kivu ( 1996-2024)” de Nicaise Kibel’Bel : Mettre fin à l’instrumentalisation de Kigali et batir, enfin, un système de défense digne d’un Congo convoité
Question : Monsieur Nicaise, votre dernier ouvrage dérange par son titre « Les rébellions rwandaises au Kivu ». Pourquoi avoir choisi ce titre ?
Nicaise Kibel’Bel Oka : Un titre n’est jamais choisi au hasard. Son choix répond au contenu et aux réalités du livre. Effectivement, le livre décrit toutes ces rébellions rwandaises depuis 1996 qui ont trouvé un terrain d’expérimentation sur le sol congolais. Pour l’illustrer par un exemple. A chaque fois qu’il y a dialogue entre le gouvernement et les « rebelles » congolais, avez-vous déjà vu les rebelles remettre armes et équipements militaires ? Ils ne peuvent pas le faire parce que ces armes ne sont pas les leurs. Et pire, ce ne sont pas les Congolais qui les manient au front.
Q. : Comment expliquez-vous alors cette stratégie du régime Kagame d’instrumentaliser des Congolais ?
N.K.O. : C’est une stratégie simple qui fonde toute la philosophie du pouvoir au Rwanda. Elle consiste à créer des zones de tensions et à les maintenir indéfiniment. Il y a des personnes, des médias et institutions payées pour alimenter ces conflits. Ces tensions sont à la base de la guerre hybride dans la région. En réalité, Kigali n’a que faire des « rebelles » congolais pour qui il n’a aucune considération. Depuis Laurent-Désiré Kabila jusqu’à Corneille Nangaa, ils sont vilipendés et jamais leurs noms ne sont cités au Rwanda.
Q. : Les rébellions rwandaises au Kivu. Comment comprendre que derrière elles, ce sont des revendications des populations d’expression kinyarwanda qui sont mises en avant ?
N.K.O. : Il faut apporter un bémol. Paul Kagame ne défend pas les populations d’expression kinyarwanda comme il a voulu longtemps le faire croire. Il défend selon lui les populations martyrisées Hamites en RDC. C’est toute la différence idéologique. Et tant qu’on ne comprendra pas cette distinction, on naviguera à vue dans la déstabilisation de la région.
Q. : Pouvez-vous être plus explicite dans ce que vous avancez ?
N.K.O. : Au Rwanda comme au Burundi, il y a trois ethnies (Hutu, Tutsi et Twa). Les Hutu et les Tutsi parlent tous le kinyarwanda mais ne sont pas des Hamites. Défendre les populations d’expression kinyarwanda signifierait défendre les Tutsi et les Hutu. Or, Kagame voue une haine viscérale contre les Hutu qu’il qualifie à tous les niveaux des « génocidaires ». Et donc, à défaut de les défendre et de les protéger, il doit les combattre, les neutraliser. C’est ce qu’il demande au gouvernement congolais. Comment la RDC perçoit la notion du génocide ? Est-ce que tous les Hutu même ceux qui sont Congolais sont des génocidaires ? Les populations Hamites du Congo subissent-elles de réprimandes ?
Q. : Selon vous, comment mettre fin alors à toutes ces rébellions rwandaises au Kivu ?
N.K.O. : Tout d’abord il faut établir une nette différence entre le Rwanda et la RDC. Cet exercice pédagogique poursuit deux finalités. Primo, faire comprendre aux populations Hamites du Congo que ce n’est pas Kigali qui va résoudre leurs problèmes. On ne peut pas indéfiniment vivre en seigneur de guerre au bénéfice d’un autre État contre son pays. Secundo, le pouvoir au Rwanda a été construit sur la violence, sur les oppositions entre Hutu et Tutsi. Ce qui n’est pas le cas pour la RDC. Il faut d’abord aider le Rwanda à trouver des solutions aux problèmes de la cohabitation entre Hutu et Tutsi. Il n’y a que le dialogue et la réconciliation comme thérapie à des tensions ethniques.
Nicaise Kibel’Bel Oka, journaliste d’investigation et auteur du livre, en méditation. Archives Les Coulisses).
Q. : Apparemment vous êtes le seul à faire ce diagnostic. N’est-ce pas que vous rêvez ?
N.K.O. : C’est le vrai diagnostic pour une paix dans la région. Et je ne suis pas le seul. De nombreux rwandais (Hutu comme Tutsi) sont convaincus qu’il faille un dialogue pour une réconciliation au Rwanda. Ceci, pour éviter le cycle infernal de tensions et de guerre. Aucune ethnie ne prendra indéfiniment le dessus sur l’autre.
L’ex-président Hutu du Rwanda, Pasteur Bizimungu, prédécesseur de Paul Kagame, a exprimé ce regret devant le Parlement avant d’être démis.
Q. : « Toutes les composantes au niveau national ne se sentent pas représentées dans l’autorité du Rwanda ».
Et d’ajouter à notre micro en 2001 : « Ce qui a déchiré le Rwanda, c’est plus particulièrement l’exclusion de certaines sections de la population. Pendant 150 années, se sont succédé des luttes de pouvoir entre les élites tutsi et hutu. Chaque fois que l’une arrivait au pouvoir, elle monopolisait à son profit excluant d’autres tout en violant les droits fondamentaux. Le FPR a suivi malheureusement le sentier bâti.
De par l’histoire de notre pays, il est démontré que les gens qui se sont emparés du pouvoir par la force militaire n’ont jamais réussi quelle que soit la durée au pouvoir. Toute exclusion mène forcément à la force ».
Au Rwanda, comme l’écrit Gaël Faye dans son livre « Jacaranda » : « La paix n’est qu’une guerre suspendue ». Le cycle de violence au Rwanda n’est que momentanément suspendu.
Q. : Votre livre parle de l’impunité dont jouit le régime de Kigali. Pourquoi les deux poids, deux mesures ? Pensez-vous que l’Occident ne comprend pas le drame de la région ?
N.K.O. : Les Occidentaux jouent au sapeur-pompier pour maintenir les tensions qui garantissent leurs intérêts. En choisissant le « Bon » et le « Mauvais » au Rwanda, ils ont tout fait pour que le FPR ne puisse jamais répondre de ses actes devant la justice internationale. Ce qui lui donne la force de narguer les autres. La logique des Occidentaux ne résiste pas à la logique normale. Prenez le cas de l’Ukraine. Ils livrent des armes à l’Ukraine mais lui interdisent de frapper des cibles russes. C’est exactement un embargo qui ne dit pas son nom. C’est le même cas avec la RDC. On nous impose de négocier avec le Rwanda qui occupe des pans entiers de notre territoire. Qui arme le Rwanda ?
Notre livre essaie de passer au peigne fin cette mésaventure tout en épinglant aussi les faiblesses dans notre système de défense qui est resté dans le ghetto et aujourd’hui incapable de faire face aux menaces actuels et à venir. Ce livre baigne dans la couleur locale. Mon livre est un appel à la prise de conscience contre l’instrumentalisation rwandaise et à la mise en place d’un système de défense digne du Congo. Rome a été hospitalière tout en étant expansionniste.
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A bâtons rompus avec Nicaise Kibel’Bel Oka
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