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Bombardements FARDC au Rwanda: Nouvelle stratégie Tshisekedi ou fin de l’hégémonisme rwandais dans l’Est de la RDC ?
Dans un communiqué, l’armée rwandaise par le biais de son porte-parole militaire, le colonel Ronald Rwivanga, indique qu’entre 9h et 10 h 20 de ce lundi 23 mai 2022, des tirs de roquettes de l’armée congolaise ont frappé les secteurs de Kinigi et de Nyange dans le district de Musanze qui borde également le secteur de Gahunga dans le district de Burera, blessant plusieurs civils et endommageant des biens.
Et comme réaction, les Forces rwandaises de défense (RDF) ont demandé au Mécanisme conjoint de vérification élargi (EJVM) d’enquêter sur les bombardements transfrontaliers sur le territoire rwandais par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC).
Il s’agit d’une première pour le Rwanda de saisir le Mécanisme conjoint de vérification élargi (EJVM) alors que Paul Kagame était plus enclin à des menaces.
« Ce que nous espérons, c’est la paix pour notre pays, pour la région, et pour tous. Mais pour ceux qui veulent la guerre avec nous, nous sommes prêts à nous battre. Nous avons une armée qui est entrainée à le faire et qui le fait bien, que ce soit ici (au Rwanda, ndlr) ou à l’étranger », avait déclaré Paul Kagame le 9 février 2022 devant le parlement seulement quelques jours après la réouverture des frontières entre le Rwanda et l’Ouganda et l’annonce de la normalisation des relations avec le Burundi.
Car s’il est sûr que Paul Kagame aime parler, et n’est pas connu pour avoir la langue dans sa poche, son discours avait sonné comme une menace.
Mais quel pays menaçait-il?
Réponse du berger à la bergère, en marge de la douzième conférence diplomatique de Kinshasa, qui se déroulait entre le 26 et le 28 février, Félix Tshisekedi a répondu à sa façon à son voisin.
« Il est un devoir sacré de chaque État de notre sous-région d’éviter tout acte générateur de tensions et de conflits avec les autres ou, à tout le moins, d’en minimiser le risque », a affirmé Tshisekedi qui a voulu mettre en garde le président rwandais : « En tout cas, il est irréaliste et improductif, voire suicidaire, pour un pays de notre sous-région de penser qu’il tirerait toujours des dividendes en entretenant des conflits ou des tensions avec ses voisins ».
Le 27 mars 2022, les rebelles M23 ont attaqué les FARDC à partir du Rwanda dans les localités de Chanzu et Runyoni, dans le territoire de Rutshuru.
Le 28, le général Sylvain Ekenge, porte-parole du gouverneur militaire du Nord-Kivu, Constant Ndima Kongba, a directement mis en cause les Forces de défense du Rwanda (RDF), explicitement accusées de soutenir le M23.
Il a également affirmé que deux soldats de l’armée rwandaise avaient été arrêtés au cours des attaques : l’adjudant Jean-Pierre Habyarimana et le soldat de rang John Uwajeneza Muhindi.
Dans un communiqué, les RDF ont réfuté ces accusations de l’armée congolaise.
Ils ont démenti que les deux soldats arrêtés faisaient partie de leurs membres.
Le Rwanda affirme qu’ils avaient été arrêtés un mois plus tôt et que cette question avait déjà été évoquée lors d’une rencontre entre les services de renseignements des deux pays en février, à Kigali.
Opération conjointe FARDC-UPDF, le noeud du problème
Toutefois, ces attaques des rebelles du M23 coïncident avec deux évenements majeurs:
– le lancement des opérations conjointes entre les FARDC et l’Ouganda contre les rebelles ADF;
– lancement par la RDC et l’Ouganda des travaux de construction des infrastructures routières pour l’intégration de la sous-région (axe Bunagana-Goma).
Deux évenements qui semblent énerver le Rwanda et qui le prive de jouer son va tout en RDC.
Le président Paul Kagame se plaint toujours de n’avoir pas été associé par Kinshasa et Kampala dans la lutte contre les ADF et a appelé à des efforts collectifs des dirigeants régionaux pour mettre fin à l’insécurité dans l’Est de la RDC, principalement associés aux milices armées basées dans le pays.
Abondant dans le même sens que le porte parole militaire, le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, avait déclaré sur TV5 qu’il était « temps de mettre fin à cette hypocrisie ou cette forme de complicité entre le M23 et le Rwanda ».
Et d’ajouter que l’ambassadeur du Rwanda à Kinshasa était en passe d’être convoqué au ministère congolais des Affaires étrangères pour donner de plus amples explications sur l’attaque de Rusthuru.
Finalement, le Gouvernement Congolais a fait profil bas, comme à l’accoutumée, préférant se ranger du coté du Rwanda que de son armée.
Le sommet de Naïrobi, sans Paul Kagame, tente de calmer les tensions
Par la suite des choses, il y eu le sommet de Nairobi pour calmer la tension de plus en plus violente qui s’élèvait dans la sous région.
Les Chefs d’Etat réunis à Nairobi malgré l’absence de Paul Kagame qui a préféré délégué son premier ministre, ont convenu qu’un processus politique soit lancé sous la direction du Président Uhuru Kenyatta du Kenya pour faciliter les consultations à entreprendre entre le gouvernement congolais et les groupes armés locaux en RDC qui écument l’Est du pays.
Selon le communiqué final publié le jeudi 21 avril, le sommet a rappelé qu’un dialogue consultatif entre le Président de la RDC et les représentants des groupes armés locaux en RDC doit avoir lieu dans les meilleurs délais.
Ce processus sera particulièrement suivi par Uhuru Kenyatta, président du Kenya, indique le communiqué final.
Tous les groupes armés en RDC sont appelés à participer inconditionnellement au processus politique “de règlement de leurs doléances”.
Hormis le dialogue, le sommet de Naïrobi décide de la mise en place de la force régionale de lutte contre les forces négatives, qui doit être opérationnelle immédiatement sous la direction de la RDC.
Félix Tshisekedi a été d’ailleurs invité à convoquer une réunion consultative le 22 avril.
Ce qui fut fait et dont la première étape des pourparlers a pris fin mercredi 27 avril à Nairobi au Kenya.
Une vingtaine de groupes armés ont finalement participé en présence des observateurs du Rwanda, de l’Ouganda, du Burundi, des États Unis, de la France, des Nations-Unies et de la CIRGL.
Ils ont chacun pris la parole pour exposer à la délégation gouvernementale congolaise leurs motivations et attentes.
Tous les groupes armés de l’Ituri, Nord-kivu et Sud-Kivu ont remis, chacun, leurs mémorandums à la facilitation dans lesquels ils proposent des voies de sortie des tensions armées dans l’Est de la RDC.
Devant les médias, les délégués des groupes armés se sont montrés optimistes quant à l’issue de ces échanges.
Mercredi dans la soirée, en clôture de la rencontre, les présidents Uhuru Kenyatta du Kenya et Félix Tshisekedi de la RDC se sont adressés aux participants par message vidéo.
Ils ont exhorté les groupes armés de l’Ituri, du Nord et Sud-Kivu à privilégier la voie de la paix, en déposant les armes.
Félix Tshisekedi a exhorté les participants à renoncer aux armes et à avoir confiance dons le nouveau programme DDR (Désarmement, démobilisation et réinsertion).
« Vous pouvez compter sur moi », a dit Félix Tshisekedi aux responsables des groupes armés.
Un bemol toutefois lors de ces négociations.
Quelques heures seulement après le début de ces pourparlers, les rebelles M23 ont été chassés de la table de négociation.
Kinshasa les accuse d’avoir relancer les hostilités.
Dans un communiqué, le porte-parole de M23, Willy Ngoma, accuse l’armée congolaise d’avoir “l’intention manifeste de compromettre le processus de paix issu du récent conclave” des quatre chefs d’État à Nairobi.
Il déclare que les FARDC ont attaqué leurs positions à Bugusa et que leurs forces sont prêtes à riposter pour leur sécurité.
Une version balayée par les autorités congolaises.
Kagame tente un rapprochement avec Museveni pour isoler la RDC
Quelques jours seulement après le sommet de Nairobi, le Rwanda tente un rapprochement avec Yoweri Kaguta Museveni de l’Ouganda, son Frère énnemi.
Le Président rwandais Paul Kagame assiste, dimanche 24 avril 2022, à un banquet d’État organisé par le président ougandais Yoweri Museveni à State House d’Entebbe, en l’honneur des célébrations du 48e anniversaire du général Muhoozi Kainerugaba, fils aîné du président ougandais.
Ce dernier est aussi Chef de l’armée de terre ougandaise, la même qui est en opération conjointe en RDC contre les rebelles ougandais des ADF.
Quelques jours seulement après ce repas fastieux, Kampala annonce le retrait de ses troupes de la RDC dans deux semaines malgré les massacres en hausse des ADF et les dangers qu’ils représentent pour l’Ouganda.
C’est le général Muhoozi Kainerugaba, le fils du Président de l’Ouganda, Yoweri Museveni, qui a annoncé le retrait des militaires ougandais présents sur le sol congolais, d’ici le 31 mai.
«L’opération Shujaa cessera officiellement dans environ deux semaines, selon notre accord initial. Elle devait durer six mois», a-t-il déclaré sur sa page Twitter.
Félix Tshisekedi joue la carte du Burundi, l’autre ennemi juré du Rwanda
Invité par son homologue burundais, Evariste Ndahishimiye, le président de la RDC Félix Tshisekedi a séjourné pendant 3 jours au Burundi depuis le vendredi 20 mai 2022.
Sur place, il a oeuvré particulièrement pour le renforcement de la coopération entre les deux États. “Aujourd’hui, nous voyons en la République du Burundi un partenaire fidèle “, a affirmé le Président Tshisekedi lors d’un point de presse tenu à l’aéroport international Melchior Ndadaye de Bujumbura avec son homologue burundais, Evariste Ndahishimiye; faisant allusion au soutien burundais dans le processus de pacification de l’Est de la RDC.
Ce processus a fait l’objet de discussions entre les deux chefs d’État la veille à Gitega.
Le président du Burundi de son côté a promis d’aider la RDC dans la restauration de la paix dans sa partie Est.
« La RDC a longtemps supporté notre malheur en acceptant d’accueillir nos frères (réfugiés) pendant notre crise. Nous sommes pays amis de longue date, son malheur est notre malheur et son bonheur est aussi notre bonheur », a-t-il déclaré.
La situation militaire s’empire à l’Est ?
Depuis trois jours, le dimanche 22 mai, les affrontements se sont intensifiés entre les FARDC et la rébellion du M23 dans le territoire de Rutshuru, précisément dans le groupement de Jomba, dans la province du Nord Kivu.
Après de violents combats dimanche, des tirs étaient entendus encore le lundi matin sur les collines surplombant Bunagana.
Et ces rebelles M23 se replient au Rwanda en cas de contre attaque des FARDC où ils sont selon plusieurs sources ravitaillées et équipées par des officiers Rwandais dont certains combattent même en première ligne du coté des rebelles.
Des tirs nourris ont été entendus, depuis 3 heures du matin de ce mardi 24 mai, dans le groupement de Buhumba, dans le territoire de Nyiragongo au Nord-Kivu.
Selon les sources sur place citées par la Radio Okapi, ce serait une attaque des rebelles M23 qui proviendraient de la frontière avec le Rwanda pour déboucher à Buhumba.
Une position FARDC située sur la colline Nyundo, à moins d’un kilomètre de la route Goma-Rutshuru, a été prises pour cible, avant que ces rebelles n’attaquent la zone de Kibaya.
Cette situation provoque de nouveaux déplacements de la population dans la zone, indique OCHA.
Et dans un communiqué publié dimanche 22 mai, la cheffe de la MONUSCO, Bintou Keita, condamne avec la plus grande fermeté les attaques du Mouvement du 23 mars (M23) contre les Forces armées de la RDC et les Casques bleus de la MONUSCO dans la zone de Shangi, territoire de Rutshuru au Nord-Kivu.
Bintou Keita appelle le M23 à cesser immédiatement toutes les hostilités et à déposer les armes sans condition, conformément aux engagements pris dans le cadre du processus de Nairobi.
Des tenues militaires et autres matériels de l’armée rwandaise ont été découverts à Buhumba, après l’attaque des FARDC et les rebelles du mouvement du 23 mars, ce mardi 24 mai, dans le territoire de Nyiragongo, à plus de 20 kilomètres de la ville de Goma au nord Kivu.
“Ces tenues et matériels militaires de l’armée rwandaise seraient une preuve de plus que le M23 est soutenu par le Rwanda pour attaquer les forces loyalistes et la population de ce coin,” affirment plusieurs militaires Congolais au front et des membres de la société civile.
Et c’est dans ce contexte que le Rwanda accuse la RDC d’avoir bombardé son territoire. Qu’en sera-t-il demain?
Wait and see.
Bishop Mfundu/CONGOPROFOND.NET
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Le tribalisme institutionnel en RDC : un frein majeur au développement national
La République Démocratique du Congo (RDC), pays d’une immense diversité ethnique et culturelle, fait face à un défi de taille : le tribalisme institutionnel. Ce phénomène, s’est amplifié ces dernières années et constitue un obstacle majeur au développement harmonieux du pays. Notre analyse se penche sur la manière dont cette pratique s’est enracinée dans les sphères religieuses et académiques, deux piliers essentiels de la société congolaise.
L’héritage colonial et ses répercussions actuelles
L’histoire de la RDC est profondément marquée par son passé colonial. La stratégie du “diviser pour régner” employée par les autorités belges a laissé des cicatrices durables dans le tissu social du pays. Cette politique a exacerbé les divisions ethniques, créant un terrain fertile pour le tribalisme qui persiste jusqu’à aujourd’hui.
Les données démographiques, bien qu’anciennes, témoignent de la complexité ethnique du pays. Le dernier recensement officiel, datant de 1984, dénombrait plus de 350 groupes ethniques distincts. Cette diversité, qui pourrait être une source de richesse culturelle, est souvent instrumentalisée à des fins politiques et économiques.
Les communautés religieuses : un miroir des divisions ethniques
Les grandes communautés religieuses de la RDC, notamment les églises évangéliques, sont au cœur de cette problématique. Des observations sur le terrain et des analyses de la composition des organes de direction de ces institutions révèlent une tendance inquiétante à la surreprésentation de certains groupes ethniques.
Prenons l’exemple de la Communauté Baptiste du Centre de l’Afrique (CBCA), une institution majeure dans l’est du pays. Bien qu’opérant dans une région multi-ethnique, la composition de ses instances dirigeantes semble favoriser de manière disproportionnée les membres d’une ethnie particulière.
De même, la Communauté Presbytérienne de Kinshasa (CPK), qui se veut une église nationale, présente une structure de leadership qui reflète une forte concentration régionale, avec une majorité de ses cadres supérieurs provenant d’une seule province.
Ces pratiques, loin d’être isolées, semblent être répandues dans de nombreuses institutions religieuses à travers le pays. Elles soulèvent des questions importantes sur l’inclusivité et l’équité au sein de ces communautés, censées promouvoir l’unité et l’égalité.
Le monde académique : reproduction des schémas tribaux
Le secteur de l’enseignement supérieur n’échappe pas à cette dynamique. Des observations dans plusieurs universités majeures du pays, tant publiques que privées, mettent en lumière des schémas similaires de favoritisme ethnique.
L’analyse de la composition du corps professoral et des postes administratifs dans certaines institutions révèle une surreprésentation flagrante de certains groupes ethniques. Cette situation est particulièrement prononcée dans les universités régionales, où le corps enseignant et l’administration reflètent souvent la composition ethnique locale, au détriment de la diversité nationale.
Cette pratique a des conséquences graves sur la qualité de l’enseignement et de la recherche. Elle limite la diversité des perspectives, freine l’innovation et perpétue un système où le mérite est souvent secondaire par rapport à l’appartenance ethnique.
Impact sur le développement national
Les répercussions du tribalisme institutionnel vont bien au-delà des murs des églises et des campus universitaires. Elles affectent profondément le développement économique et social du pays dans son ensemble.
Les indicateurs de développement placent systématiquement la RDC parmi les pays les moins avancés. Selon l’Indice de Développement Humain, la RDC se classe régulièrement dans le dernier quart du classement mondial. Bien que de nombreux facteurs contribuent à cette situation, le tribalisme institutionnel joue un rôle non négligeable en entravant la méritocratie et l’allocation efficace des ressources humaines.
Dans le secteur privé, des enquêtes menées auprès d’entrepreneurs révèlent que la discrimination basée sur l’origine ethnique reste un obstacle majeur dans l’accès aux opportunités d’affaires et aux financements. Cette situation freine l’innovation et la croissance économique, privant le pays de talents et d’idées qui pourraient contribuer à son développement.
Le jeu dangereux des alliances politiques
L’analyse des nominations à des postes clés au sein des institutions religieuses et académiques révèle souvent des coïncidences troublantes avec les changements politiques au niveau national ou provincial. Ces observations suggèrent l’existence d’un système d’échange de faveurs entre certaines communautés religieuses, des universités et le pouvoir politique.
Ce système de clientélisme basé sur l’appartenance ethnique perpétue un cercle vicieux où le mérite et les compétences sont relégués au second plan. Il contribue à maintenir en place des structures de pouvoir qui ne reflètent pas la diversité du pays et ne servent pas nécessairement ses intérêts à long terme.
Vers des solutions : initiatives et perspectives
Face à ce constat, des voix s’élèvent dans la société civile congolaise pour demander un changement. Des propositions émergent, telles que l’instauration de quotas ethniques dans les institutions publiques et parapubliques pour garantir une représentation équitable de toutes les communautés.
Certaines universités ont commencé à mettre en place des programmes visant à promouvoir la diversité ethnique au sein de leur corps enseignant et étudiant. Bien que ces initiatives soient encore à leurs débuts, elles représentent un pas dans la bonne direction.
L’inclusion : un défi pour l’avenir de la RDC
Le tribalisme institutionnel en RDC est un phénomène complexe, profondément enraciné dans l’histoire et la culture du pays. Son éradication nécessitera des efforts concertés de la part de tous les acteurs de la société congolaise.
La lutte contre cette pratique est essentielle pour l’avenir du pays. Elle est indispensable pour garantir l’égalité des chances pour tous les Congolais, indépendamment de leur origine ethnique, et pour permettre au pays de tirer pleinement parti de la richesse de sa diversité.
Le chemin vers une société plus égalitaire et méritocratique sera long, mais il est crucial pour la cohésion nationale et le développement durable du pays. Les années à venir seront déterminantes pour voir si la nation congolaise saura relever ce défi et transcender ses divisions pour construire un avenir commun prospère.
Franck Tatu
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