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Affaire “Détournement de fonds et transfert illégal de joueurs” : L’ancien comité de direction de l’AS V.Club fixe l’opinion
Ce lundi 11 octobre 2021, le coordinateur sortant de la section foot de l’Association Sportive V.Club, le colonel Emmanuel TSHISEKEDI, a daigné répondre aux nombreuses interrogations de la presse congolaise, notamment celles concernant les accusations de détournement de fonds portées contre l’ancienne direction de cette équipe présidée autrefois par le général Amisi ” Tango Four” devenu aujourd’hui membre du conseil supérieur de l’équipe sous la direction de madame Bestine KAZADI.
CONGOPROFOND.NET : Bonjour colonel, vous êtes en même temps militaire, homme d’affaire et un dirigeant sportif proche du général Amisi dont le mandat est arrivé à sa fin laissant place à la direction de madame KAZADI. Pensez-vous que votre profession de militaire a été compatible avec votre casquette de businessman et de dirigeant sportif au vu du bilan négatif que vous attribue la critique? De plus, d’après vous, laquelle de vos différentes fonctions vous sied le mieux ?
Colonel TSHISEKEDI : Bonjour, il est difficile pour moi de faire un choix car, en tant que militaire et fan de sport, j’ai eu un parcours assez atypique et éclectique qui m’a permis d’être préparée aux différentes fonctions que j’ai occupées jusqu’à ce jour. De ce fait, comme un apostolat, j’ai répondu présent à chaque fois que ma compétence a été sollicitée pour servir mon pays et j’essaye de ce fait d’apporter le meilleur de moi-même dans chacune des tâches qui m’ont été confiées tant dans le sport que dans le corps militaire. J’espère alors avoir été à la hauteur des attentes aussi bien de nos concitoyens que des supporters de mon équipe.
Il serait donc plus modeste de laisser l’opinion publique juger mes prestations. Cependant, il ne faut pas confondre les propos de nos détracteurs et ceux de la presse critique sportive qui continue de reconnaitre en l’AS V. CLUB son statut d’équipe leader parmi tan d’autres du point de vu de l’encadrement et des résultats positifs que nous avons globalement obtenu sous notre mandat. De plus, sachez que mes activités sportives n’ont jamais fait l’objet de quelconques sanctions de la part des autorités de l’armée qui sont d’ailleurs au courant de leur déroulement et fières que des cadres militaires puissent faire rayonner le domaine sportif par les valeurs de discipline et d’intégrité qui sont les notres.
Que répondez-vous à ceux qui pensent que, depuis votre passage dans la direction de l’équipe, la gestion de l’AS V.CLUB souffre d’une baisse de performance. D’où l’expression qui trop embrasse mal étreint ?
Colonel TSHISEKEDI: Il est vrai que la prise en main de mes prérogatives militaires et celles de dirigeant sportif aux côtés du général Amisi a nécessité un certain apprentissage et une mobilisation de mes énergies dans la maitrise des missions qui m’ont été confiées. Cependant, je tiens à préciser que j’ai continué à assurer que notre équipe a toujours été bien organisée avec une hiérarchie de collaborateurs et un conseil supérieur qui n’ont cessé de se compléter dans la gestion des problèmes courants sous réserve de consultation de l’avis du président Amisi pour toute prise de décision importante. De ce fait, aucun de nous ne s’est jamais senti débordé par ses responsabilités.
Ainsi, la baisse de performance, à mon sens, est due non seulement à la conjoncture du pays fortement impactée par la période Covid qui n’a pas non plus épargné la dynamique sportive et depuis la fin de notre mandat, mais aussi au manque de subventions dont souffre la plupart des clubs locaux du pays qui peinent à s’autofinancer par manque d’infrastructures propres. Vous n’êtes nullement censés ignorer que l’un des plus grands moyens d’autofinancement des clubs reste l’acquisition d’un stade propre à eux. De ce fait, nous dépendons tous, non seulement, des donateurs, des subventions des fédérations qui parfois n’arrivent pas aux échéances prévues, mais aussi des disponibilités du Stade des Martyrs que nous ne sommes pas les seuls à solliciter d’ailleurs. Ainsi, la nouvelle direction de notre grande équipe continue de se battre aujourd’hui pour améliorer non seulement les conditions d’entrainement de nos joueurs, mais aussi, les moyens d’investissement pour l’évolution de cette grande équipe historique qui est l’AS V.CLUB.
Justement en parlant de subventions, depuis quelques temps, l’ancienne direction de l’AS VCLUB fait l’objet de nombreuses accusations de la part de ses supporters, notamment de détournement de fonds qui auraient été alloués par la FECOFA et la FIFA pour la construction du fameux stade évoqué ainsi que de nombreuses réclamations concernant la disparition des indemnités de transfert de joueurs au profit des individus dont le Général AMISI. Que répondez-vous à cela ?
Colonel TSHISEKEDI: Ecoutez, je vous ai précédemment parlé de la crise conjoncturelle qui ne nous a pas épargné mais il faut rajouter aussi les nombreux financements non respectés par la fédération de football congolais et la FIFA dont on ne parle malheureusement pas car l’opinion publique ne retient que les promesses sans vérifier leur réalisation effective ou non.
De plus, je ne suis pas l’avocat de monsieur AMISI pour parler à sa place mais en tant que collaborateur partageant son bilan, je tiens à souligner que lors de la remise et reprise de la présidence du club, la nouvelle équipe d’administrative et la nôtre n’avons remarqué aucun déficit inexpliqué handicapant leur nouvelle prise de fonction. Cependant, nous sommes conscients que face aux nombreux défis auxquels l’équipe sortante d’antan a été confrontée, l’ancien président a dû faire des choix d’investissement qui ne font pas l’unanimité mais qui ont tout de même permis à l’équipe de se maintenir comme l’un des plus grands clubs en RDCongo. Si non celui-ci n’aurait pas été accepté comme membre du conseil supérieur de l’équipe.
En outre, sachez que nous sommes bien informés de la manipulation de nos jeunes supporters par un groupuscule de personnes qui aimeraient s’accaparer de la gestion de l’AS VCLUB dans un but purement mercantile, mais nous nous sommes d’abord des vrais fans de football qui éprouvent avant tout le bonheur de voir nos athlètes hisser très haut le drapeau congolais par leur prouesse tant dans les compétitions nationales qu’internationales.
De plus, cette soit disant plainte qui a été déposée contre mon président AMISI ne se fonde que sur des spéculations publiées en INTOX sur internet à travers un blog sportif amateur et indépendant YEBAVITA.COM dont l’auteur, un certain monsieur LUPINI, serait d’après nos archives un informaticien véreux qui a voulu proposé ses services à la direction de l’équipe mais qui n’a pas su retenir notre attention ainsi que nous convaincre de l’utilité de sa démarche en termes de valeurs ajoutées pour l’équipe. Nous pensons qu’il y a une intention sérieuse de nuire motivée par un désir de vengeance. D’ailleurs nous possédons déjà une page fans officielle du Club sur facebook « VIVA VITA » qui a reçu l’approbation de la direction de l’équipe d’antan quant à la fiabilité des informations publiées.
Ainsi, nous sommes convaincus qu’une main noire détractrice de la bonne image de notre équipe se sert de cet individu afin de ternir la crédibilité du conseil supérieur de l’AS VCLUB et la présidence de monsieur AMISI. Mais sachez que nous sommes en train de réunir les moyens de la défense et nous ne tarderons pas à riposter par la justice car nulle fausse accusation ne peut rester impunie.
D’aucun pense que vous protégez le Général AMISI parce que vous avez vous-même été mêlé à la mauvaise gestion des fonds de l’AS VCLUB car vous étiez non seulement coordinateur de la section foot mais également l’un des conseiller stratégique.
Colonel TSHISEKEDI: Ecoutez, les juristes disent que la preuve incombe au demandeur. Ainsi, c’est au détracteur de prouver non seulement qu’il y a eu mauvaise gestion mais également que nous avons été mêlés à différentes actions de détournement. Du reste, ce sont des pures spéculations et il m’est inutile de nous justifier car l’accession du président AMISI au conseil supérieur de l’équipe prouve à suffisance que notre mandat à la direction de l’AS V CLUB a fait l’unanimité de nos investisseurs mais également de nos supporters.
Concernant les perspectives d’avenir, les clubs locaux et en l’occurrence l’AS VCLUB peine encore à hisser ses joueurs en tête des sélections de l’équipe nationale au profit du recours majoritaire aux joueurs internationaux. Quelle en est la raison ?
Colonel TSHISEKEDI: Laissez-moi vous contredire quand vous dites que nous avons du mal à hisser nos joueurs en tête des sélections de l’équipe nationale car les sélections dépendent du choix de l’entraineur de l’équipe nationale. Quand le pays privilégie la compétence des entraineurs étrangers ou résident à l’étranger, il est normal que leur premier choix soit porté sur les joueurs internationaux. Du temps du Coach IBENGE nous avons vécu une période mettant en avant nos joueurs locaux. Il est maintenant important que la FECOFA, la presse congolaise et les professionnels du sport congolais interpellent le nouvel entraineur de l’équipe nationale Monsieur CUPER qui semble malheureusement perpétrer l’habitude à privilégier les joueurs internationaux. N’oublions pas que la plupart de nos internationaux ont fait leur base dans nos équipe locale en vue d’être repéré par des sélectionneurs. Ainsi, il est important de mettre en avant le génie de nos talents locaux. C’est mon avis en tout cas.
Merci Colonel TSHISEKEDI d’avoir répondu à nos différentes questions. Avez-vous un mot de la fin pour clôturer cet entretien ?
Colonel TSHISEKEDI: C’est moi qui vous remercie de vous être déplacé et je voudrais dire à tous les supporters de notre grande équipe qu’est l’AS VCLUB de ne jamais perdre confiance en nos joueurs et en la direction de notre grande équipe assumée actuellement par madame KAZADI. Nous sommes en train de faire notre maximum pour obtenir les subventions nécessaires afin de finaliser le projet de construction du stade de l’AS VCLUB et l’achat de nouvelles infrastructures pour le centre de formation de notre grande équipe. Continuez également de participer au financement de la formation de nos joueurs à travers vos cotisations qui restent une subvention essentiel et sure pour chaque nouveau talent repéré par nos sélectionneurs. Merci.
Propos recueillis par Désiré Rex Owamba/CONGOPROFOND.NET
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Le tribalisme institutionnel en RDC : un frein majeur au développement national
La République Démocratique du Congo (RDC), pays d’une immense diversité ethnique et culturelle, fait face à un défi de taille : le tribalisme institutionnel. Ce phénomène, s’est amplifié ces dernières années et constitue un obstacle majeur au développement harmonieux du pays. Notre analyse se penche sur la manière dont cette pratique s’est enracinée dans les sphères religieuses et académiques, deux piliers essentiels de la société congolaise.
L’héritage colonial et ses répercussions actuelles
L’histoire de la RDC est profondément marquée par son passé colonial. La stratégie du “diviser pour régner” employée par les autorités belges a laissé des cicatrices durables dans le tissu social du pays. Cette politique a exacerbé les divisions ethniques, créant un terrain fertile pour le tribalisme qui persiste jusqu’à aujourd’hui.
Les données démographiques, bien qu’anciennes, témoignent de la complexité ethnique du pays. Le dernier recensement officiel, datant de 1984, dénombrait plus de 350 groupes ethniques distincts. Cette diversité, qui pourrait être une source de richesse culturelle, est souvent instrumentalisée à des fins politiques et économiques.
Les communautés religieuses : un miroir des divisions ethniques
Les grandes communautés religieuses de la RDC, notamment les églises évangéliques, sont au cœur de cette problématique. Des observations sur le terrain et des analyses de la composition des organes de direction de ces institutions révèlent une tendance inquiétante à la surreprésentation de certains groupes ethniques.
Prenons l’exemple de la Communauté Baptiste du Centre de l’Afrique (CBCA), une institution majeure dans l’est du pays. Bien qu’opérant dans une région multi-ethnique, la composition de ses instances dirigeantes semble favoriser de manière disproportionnée les membres d’une ethnie particulière.
De même, la Communauté Presbytérienne de Kinshasa (CPK), qui se veut une église nationale, présente une structure de leadership qui reflète une forte concentration régionale, avec une majorité de ses cadres supérieurs provenant d’une seule province.
Ces pratiques, loin d’être isolées, semblent être répandues dans de nombreuses institutions religieuses à travers le pays. Elles soulèvent des questions importantes sur l’inclusivité et l’équité au sein de ces communautés, censées promouvoir l’unité et l’égalité.
Le monde académique : reproduction des schémas tribaux
Le secteur de l’enseignement supérieur n’échappe pas à cette dynamique. Des observations dans plusieurs universités majeures du pays, tant publiques que privées, mettent en lumière des schémas similaires de favoritisme ethnique.
L’analyse de la composition du corps professoral et des postes administratifs dans certaines institutions révèle une surreprésentation flagrante de certains groupes ethniques. Cette situation est particulièrement prononcée dans les universités régionales, où le corps enseignant et l’administration reflètent souvent la composition ethnique locale, au détriment de la diversité nationale.
Cette pratique a des conséquences graves sur la qualité de l’enseignement et de la recherche. Elle limite la diversité des perspectives, freine l’innovation et perpétue un système où le mérite est souvent secondaire par rapport à l’appartenance ethnique.
Impact sur le développement national
Les répercussions du tribalisme institutionnel vont bien au-delà des murs des églises et des campus universitaires. Elles affectent profondément le développement économique et social du pays dans son ensemble.
Les indicateurs de développement placent systématiquement la RDC parmi les pays les moins avancés. Selon l’Indice de Développement Humain, la RDC se classe régulièrement dans le dernier quart du classement mondial. Bien que de nombreux facteurs contribuent à cette situation, le tribalisme institutionnel joue un rôle non négligeable en entravant la méritocratie et l’allocation efficace des ressources humaines.
Dans le secteur privé, des enquêtes menées auprès d’entrepreneurs révèlent que la discrimination basée sur l’origine ethnique reste un obstacle majeur dans l’accès aux opportunités d’affaires et aux financements. Cette situation freine l’innovation et la croissance économique, privant le pays de talents et d’idées qui pourraient contribuer à son développement.
Le jeu dangereux des alliances politiques
L’analyse des nominations à des postes clés au sein des institutions religieuses et académiques révèle souvent des coïncidences troublantes avec les changements politiques au niveau national ou provincial. Ces observations suggèrent l’existence d’un système d’échange de faveurs entre certaines communautés religieuses, des universités et le pouvoir politique.
Ce système de clientélisme basé sur l’appartenance ethnique perpétue un cercle vicieux où le mérite et les compétences sont relégués au second plan. Il contribue à maintenir en place des structures de pouvoir qui ne reflètent pas la diversité du pays et ne servent pas nécessairement ses intérêts à long terme.
Vers des solutions : initiatives et perspectives
Face à ce constat, des voix s’élèvent dans la société civile congolaise pour demander un changement. Des propositions émergent, telles que l’instauration de quotas ethniques dans les institutions publiques et parapubliques pour garantir une représentation équitable de toutes les communautés.
Certaines universités ont commencé à mettre en place des programmes visant à promouvoir la diversité ethnique au sein de leur corps enseignant et étudiant. Bien que ces initiatives soient encore à leurs débuts, elles représentent un pas dans la bonne direction.
L’inclusion : un défi pour l’avenir de la RDC
Le tribalisme institutionnel en RDC est un phénomène complexe, profondément enraciné dans l’histoire et la culture du pays. Son éradication nécessitera des efforts concertés de la part de tous les acteurs de la société congolaise.
La lutte contre cette pratique est essentielle pour l’avenir du pays. Elle est indispensable pour garantir l’égalité des chances pour tous les Congolais, indépendamment de leur origine ethnique, et pour permettre au pays de tirer pleinement parti de la richesse de sa diversité.
Le chemin vers une société plus égalitaire et méritocratique sera long, mais il est crucial pour la cohésion nationale et le développement durable du pays. Les années à venir seront déterminantes pour voir si la nation congolaise saura relever ce défi et transcender ses divisions pour construire un avenir commun prospère.
Franck Tatu
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