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Un géant s’est éteint : Appel à des obsèques nationales pour V.Y. Mudimbe
La République Démocratique du Congo est en deuil. Le professeur Valentin-Yves Mudimbe, figure majeure de la littérature et de la pensée africaine contemporaine, s’est éteint ce 22 avril 2025 aux États-Unis. À la suite de cette perte immense, un collectif d’écrivains, d’intellectuels et d’acteurs du monde culturel congolais a lancé une pétition pour demander au gouvernement d’organiser des obsèques nationales à la hauteur de l’héritage laissé par le Patriarche.
Philosophe, écrivain, linguiste, critique et penseur hors pair, V.Y. Mudimbe a durablement marqué les lettres congolaises et africaines. Son œuvre, dense, exigeante et profondément humaniste, a contribué à façonner les consciences, à questionner les dominations et à redéfinir les contours de la pensée postcoloniale.
« Il est impératif que la Nation congolaise lui rende un hommage solennel », martèlent les signataires de la pétition. Pour eux, rendre à Mudimbe les honneurs dus à son rang, c’est affirmer haut et fort la place de la culture dans le projet national, et reconnaître le rôle crucial des intellectuels dans la construction d’une identité collective.
À l’instar des hommages officiels rendus aux grandes figures du sport, de la politique ou de l’armée, les initiateurs de la démarche demandent au gouvernement de prendre toutes les dispositions nécessaires afin que la Nation toute entière puisse saluer la mémoire de cet homme d’exception. Ils plaident également pour une décoration posthume, symbolique reconnaissance d’un parcours intellectuel et artistique sans égal.
La pétition est disponible en ligne et ouverte à toutes celles et ceux qui souhaitent que le Congo rende à V.Y. Mudimbe l’hommage qu’il mérite.
Signer la pétition : https://chng.it/ktLjdJMvNR
Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET
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Kisangani : Quand les victimes de la guerre de 6 jours se rebellent contre la corruption au FRIVAO
Un quart de siècle après le drame, les survivants handicapés refusent le silence et interpellent l’État sur la justice qui leur échappe encore._
Sous le soleil pesant de la Tshopo, ce week-end, ils sont venus, béquilles et cicatrices en avant, porter une même plainte, celle de la dignité bafouée. Les victimes de la guerre de 6 jours, ce conflit sanglant de juin 2000 qui avait opposé les armées rwandaise et ougandaise au cœur de Kisangani, ne demandent plus la pitié. Elles réclament des comptes.

Devant le ministre d’État en charge de la Justice, Guillaume Ngefa, un groupe de survivants a brisé le silence. Ces hommes et femmes, marqués à vie par la guerre, dénoncent aujourd’hui un nouveau fléau : la corruption au sein du Fonds pour la Réparation et l’Indemnisation des Victimes de l’Agression Ougandaise (FRIVAO). « Nous sommes venus voir le ministre pour lui montrer une situation indécente qui se passe ici à la Tshopo », confie Moïse Ndawele, amputé de la jambe droite depuis cette guerre.
« Les agents du FRIVAO nous réclament 500 dollars américains pour être enregistrés sur les listes d’indemnisation. Et si tu n’as pas cet argent, ils te proposent d’y figurer en échange de la moitié de ton indemnité. »
Un témoignage glaçant, partagé par de nombreuses autres victimes.
Ces pratiques présumées ternissent le visage d’un programme censé incarner la justice réparatrice voulue par l’État congolais. Pour ceux qui ont tout perdu, l’attente d’une compensation tourne à la désillusion, voire à l’humiliation.
Face à la gravité des faits rapportés, le ministre Guillaume Ngefa a promis d’agir. Selon les plaignants, il aurait assuré qu’il portera le dossier au Conseil des ministres et qu’il s’engage à « remettre de l’ordre » dans cette affaire. Une promesse saluée avec prudence par les victimes, qui redoutent que le dossier ne s’enlise dans les méandres administratifs, comme tant d’autres avant lui.
Mais à Kisangani, l’heure n’est plus à la résignation.
Les survivants de la guerre de 6 jours, dont beaucoup vivent aujourd’hui dans la pauvreté et l’oubli, veulent croire que leur combat pour la reconnaissance et la justice trouvera enfin un écho réel au sommet de l’État. « Nous ne voulons pas de faveur, seulement la justice. Nous avons assez attendu », lance l’un d’eux, le regard ferme.
À travers leur voix s’exprime toute une génération de Congolais meurtris, témoins d’un passé sanglant mais toujours debout, décidés à ne plus être les oubliés de l’histoire.
Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET
