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Tribunal de Paix/Lemba : Guillaume Ngefa face à la misère silencieuse de la justice congolaise
Le ministre d’État en charge de la Justice, Guillaume Ngefa, a entamé, ce lundi 3 octobre, la deuxième étape de sa tournée dans les juridictions et services judiciaires de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo. Le tribunal de paix de Lemba a constitué la première étape de cette visite matinale.
Selon le ministère, l’objectif de ces descentes est de palper du doigt les conditions réelles de travail des juges, magistrats et personnels administratifs, souvent confrontés à d’énormes difficultés matérielles.
À Lemba, le ministre a découvert un tableau particulièrement préoccupant. Le greffe du tribunal fonctionne dans des conditions indignes : plus de 30 greffiers s’y entassent dans un local exigu de moins de 12,2 m², où chaleur suffocante et humidité permanente rendent le travail presque insupportable.
Les archives, faute de meubles adaptés, sont entassées au risque d’être perdues ou abîmées. « Nous n’avons pas d’outils informatiques pour l’archivage des dossiers. La seule machine que nous possédons sert uniquement à saisir certains documents », a expliqué Ali Konde, greffier titulaire du tribunal, en présence du ministre.
Ce constat amer illustre la fragilité du système judiciaire congolais à sa base. Alors que la numérisation et la modernisation des services publics figurent parmi les priorités nationales, les greffes, véritables poumons de la justice, continuent d’opérer dans la précarité la plus totale.
Pour de nombreux observateurs, la visite de Guillaume Ngefa à Lemba ne doit pas être une simple formalité protocolaire, mais un signal fort en faveur d’une justice digne et moderne, à la hauteur des attentes du peuple congolais.
Tchèques Bukasa
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Kisangani : Quand les victimes de la guerre de 6 jours se rebellent contre la corruption au FRIVAO
Un quart de siècle après le drame, les survivants handicapés refusent le silence et interpellent l’État sur la justice qui leur échappe encore._
Sous le soleil pesant de la Tshopo, ce week-end, ils sont venus, béquilles et cicatrices en avant, porter une même plainte, celle de la dignité bafouée. Les victimes de la guerre de 6 jours, ce conflit sanglant de juin 2000 qui avait opposé les armées rwandaise et ougandaise au cœur de Kisangani, ne demandent plus la pitié. Elles réclament des comptes.

Devant le ministre d’État en charge de la Justice, Guillaume Ngefa, un groupe de survivants a brisé le silence. Ces hommes et femmes, marqués à vie par la guerre, dénoncent aujourd’hui un nouveau fléau : la corruption au sein du Fonds pour la Réparation et l’Indemnisation des Victimes de l’Agression Ougandaise (FRIVAO). « Nous sommes venus voir le ministre pour lui montrer une situation indécente qui se passe ici à la Tshopo », confie Moïse Ndawele, amputé de la jambe droite depuis cette guerre.
« Les agents du FRIVAO nous réclament 500 dollars américains pour être enregistrés sur les listes d’indemnisation. Et si tu n’as pas cet argent, ils te proposent d’y figurer en échange de la moitié de ton indemnité. »
Un témoignage glaçant, partagé par de nombreuses autres victimes.
Ces pratiques présumées ternissent le visage d’un programme censé incarner la justice réparatrice voulue par l’État congolais. Pour ceux qui ont tout perdu, l’attente d’une compensation tourne à la désillusion, voire à l’humiliation.
Face à la gravité des faits rapportés, le ministre Guillaume Ngefa a promis d’agir. Selon les plaignants, il aurait assuré qu’il portera le dossier au Conseil des ministres et qu’il s’engage à « remettre de l’ordre » dans cette affaire. Une promesse saluée avec prudence par les victimes, qui redoutent que le dossier ne s’enlise dans les méandres administratifs, comme tant d’autres avant lui.
Mais à Kisangani, l’heure n’est plus à la résignation.
Les survivants de la guerre de 6 jours, dont beaucoup vivent aujourd’hui dans la pauvreté et l’oubli, veulent croire que leur combat pour la reconnaissance et la justice trouvera enfin un écho réel au sommet de l’État. « Nous ne voulons pas de faveur, seulement la justice. Nous avons assez attendu », lance l’un d’eux, le regard ferme.
À travers leur voix s’exprime toute une génération de Congolais meurtris, témoins d’un passé sanglant mais toujours debout, décidés à ne plus être les oubliés de l’histoire.
Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET
