Sécurité
Tentative d’assassinat à Kinshasa : Un réveil brutal sur les failles sécuritaires

L’incident sécuritaire de ce dimanche 19 mai 2024 contre Vital Kamerhe, le Vice-Premier ministre et candidat à la présidence de l’Assemblée nationale, a été un véritable choc. Au-delà du drame évité de justesse, cet événement met crûment en lumière les carences criantes du système de protection des hautes personnalités de l’État congolais.
La faille la plus préoccupante réside dans l’incapacité manifeste des services de renseignement à détecter et suivre les velléités hostiles d’un individu comme Christian Malanga. Pourtant, cet ancien militaire aux seins des FARDC qui a résidence aux USA et est de la diaspora ne cachait pas depuis des années ses diatribes radicales et ses appels répétés au renversement par la violence sur les réseaux sociaux.
À mon sens, c’est le manque de moyens, d’outils et d’expertise dédiés à l’exploitation systématique des renseignements en sources ouvertes (OSINT) qui est la principale cause de cette défaillance. Une véritable Task Force spécialisée dans le monitoring des mouvances hostiles en ligne faisait cruellement défaut.
Au-delà de la surveillance du web, un profilage psychologique et comportemental poussé de Christian Malanga aurait également dû être mené. Avec son passé militaire, ses accointances avec des groupes radicaux et son discours de plus en plus menaçant ces derniers temps, tous les signaux d’alerte étaient réunis pour l’inscrire sur les listes très haute risque et le surveiller étroitement.
Mais de telles procédures de profilage de la menace font défaut au sein des services concernés. S’ils avaient été appliqués, le retour de Malanga sur le territoire national sous un prétexte économique aurait immanquablement déclenché des mesures défensives immédiates pour le neutraliser.
À l’évidence, de profondes réformes sont indispensables en matière de renseignement et de sécurité pour assurer la protection effective des institutions. Le recrutement d’analystes OSINT, l’acquisition d’outils de fouille de données et d’intelligence artificielle, le renforcement des capacités de profilage et de surveillance rapprochée des individus dangereux doivent être une priorité absolue.
En parallèle, le durcissement des mesures de contrôle d’accès, de fouille et de sécurisation du périmètre rapproché autour des sites sensibles est une nécessité vitale. Des enceintes défensives renforcées, de nouveaux équipements anti-drones et de reconnaissance faciale, une augmentation conséquente des effectifs de gardes : tous les moyens devront être mis en œuvre.
Seul un changement d’échelle massif des investissements humains, technologiques et des procédures permettra de recouvrer un niveau acceptable de sûreté autour du cercle restreint des personnalités les plus exposées. Le coût ne doit pas être un frein quand la survie même de nos institutions est en jeu.
Cet événement tragique aura au moins eu le mérite de sonner la fin de l’indolence générale. Une prise de conscience douloureuse mais salutaire, pour peu que les leçons en soient durablement tirées cette fois.
Franck Tatu
Sécurité
P-DRRCS : Butembo accueille les premières étapes vers la réinsertion des ex-combattants

Le Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (P-DRRCS), antenne de Lubero-Butembo, a lancé, ce lundi 28 avril 2025 à Butembo (Nord-Kivu, à l’est de la RDC), les opérations d’identification, de vérification et d’orientation des ex-combattants.
Cette démarche vise notamment la délivrance de cartes d’identité spécifiques, sésames indispensables pour accéder aux formations professionnelles et favoriser une meilleure réinsertion communautaire, a expliqué Marie Chantal Lumba, coordonnatrice nationale adjointe en charge des questions techniques et opérationnelles au sein du P-DRRCS.
« Aujourd’hui, c’est un grand jour, une grande cérémonie. Nous tenons à remercier le maire de la ville, qui a mis à disposition ce cadre pour tenir ces activités, ainsi que le chef d’antenne dont les efforts de sensibilisation ont permis d’amener nos bénéficiaires ici. Après avoir reçu leur carte, ils pourront participer à différents projets, notamment des formations professionnelles visant à leur offrir un métier valorisant pour leur réinsertion », a-t-elle déclaré.
Le maire de Butembo, le commissaire supérieur Mowa Baeki Telly Roger, a pour sa part salué l’engagement des ex-combattants, affirmant que « le fait d’accepter d’être démobilisé, c’est choisir de servir la République démocratique du Congo et de tourner la page des actes du passé ».
À cette occasion, plusieurs ex-combattants ont reçu des attestations d’identification. C’est le cas de Singirwa Daniel, ancien membre du groupe armé UPLC, qui s’est dit heureux de cette reconnaissance civile. « Je me sens très bien parce que ce qu’ils nous avaient promis est réalisé. En dehors des autres projets à venir, aujourd’hui je suis reconnu comme civil parmi d’autres. Je suis content et je remercie les autorités », a-t-il déclaré.
À Butembo, plus de 200 ex-combattants sont attendus au cours de ces trois jours d’opérations. Ces activités se poursuivront prochainement à Lubero, après celles menées à Beni la semaine dernière, apprend-on.
Dalmond Ndungo/CongoProfond.net