Diaspora
Table ronde nationale : la diaspora congolaise plaide pour un renforcement de la souveraineté économique et de la sous-traitance locale
Présent à Kinshasa dans le cadre de la table ronde nationale sur l’emploi et l’entrepreneuriat des jeunes, Bob Kabeya, entrepreneur et membre de la délégation de la diaspora, a livré une analyse approfondie des enjeux soulevés lors de ces trois jours d’échange. Selon lui, cette rencontre, initiée par le Chef de l’État, marque un tournant historique dans la collaboration entre les institutions nationales et la diaspora, longtemps restée en marge des décisions structurantes. Il souligne que les travaux menés ont permis de poser un diagnostic clair et d’identifier des solutions concrètes aux obstacles qui freinent l’accès des Congolais au marché du travail.
L’un des points centraux évoqués par Bob Kabeya concerne la question de la sous-traitance. Pendant des années, les entreprises étrangères ont justifié la présence massive de travailleurs venus d’ailleurs par l’absence d’expertise locale. Une affirmation que les représentants de la diaspora réfutent désormais avec fermeté. « Nous avons démontré qu’il existe une expertise congolaise solide, tant au pays qu’à l’étranger », insiste-t-il. Pour cette raison, la délégation recommande de renforcer la loi sur la sous-traitance et de l’étendre au domaine des ressources humaines afin que les postes qualifiés, stratégiques et décisionnels reviennent prioritairement aux Congolais.
Pour la diaspora, l’enjeu est double : réduire la dépendance aux compétences étrangères et augmenter la présence des Congolais dans les emplois mieux rémunérés. Bob Kabeya affirme qu’actuellement entre 30 % et 40 % des postes à forte valeur ajoutée dans certains secteurs, notamment celui de la sous-traitance, sont occupés par des expatriés. Selon lui, l’application rigoureuse des recommandations pourrait faire chuter ce taux à moins de 4 %, générant ainsi un impact majeur sur l’emploi et la croissance nationale. Une telle évolution constituerait un tournant considérable pour l’accès des jeunes aux opportunités professionnelles.
Pour y parvenir, la délégation préconise de renforcer les mécanismes de contrôle en imposant à toute entreprise souhaitant recruter un travailleur étranger de collaborer étroitement avec l’ARSP et l’ONEM. Cette procédure devrait permettre de vérifier systématiquement l’indisponibilité préalable d’un Congolais qualifié, que celui-ci soit basé en RDC ou dans la diaspora. Bob Kabeya estime que cette approche favoriserait non seulement la protection du marché de l’emploi, mais également la souveraineté économique du pays. Il espère que ces recommandations seront adoptées et appliquées avec rigueur afin d’offrir aux jeunes Congolais les opportunités qu’ils méritent.
Dorcas Mwavita
Actualité
Crispin Mbadu à Paris : Une nouvelle ère pour la diaspora congolaise en France s’annonce
Lors d’une rencontre historique avec le COACOF, le Ministre Délégué à la Diaspora a dévoilé un plan d’action ambitieux et inédit, promettant de renforcer les liens entre Kinshasa et ses filles et fils établis en France. Une onde d’optimisme a parcouru la communauté congolaise de France ce samedi 1er novembre, à l’occasion de la visite du Ministre Délégué à la Diaspora et à la Francophonie, Crispin Mbadu.
Dans le cadre dynamique de sa tournée européenne, l’émissaire du gouvernement a choisi la capitale française pour lancer les bases d’un partenariat rénové et audacieux avec la diaspora congolaise qui est une force pour le développement. Face aux membres actifs du Collectif des Associations et Organisations des Congolais de France (COACOF), le ministre Crispin Mbadu n’a pas simplement écouté : il a proposé.
Avec une franchise et une volonté politique saluées par l’assemblée, il a présenté une feuille de route concrète, conçue pour répondre aux préoccupations de longue date des Congolais de l’étranger. Parmi les annonces les plus acclamées figure la création d’une carte “OKAPi”. Cette initiative, aussi symbolique que pratique, vise à inclure formellement les Congolais ayant acquis une autre nationalité, qui se trouvaient jusqu’ici dans un angle mort administratif.
En leur offrant des avantages et une reconnaissance officielle, la RD Congo envoie un message fort : aucun de ses enfants n’est oublié, quelle que soit sa situation juridique. C’est une mesure d’intelligence et de cœur qui comble un vide criant. Le ministre Crispin Mbadu a également montré une oreille particulièrement attentive aux demandes de représentation politique en se déclarant favorable à la réouverture du débat sur la double nationalité.
En soutenant l’idée de l’élection de députés représentant les circonscriptions de l’étranger, il ouvre la voie à une participation pleine et entière de la diaspora à la vie démocratique nationale. La diaspora n’est plus perçue comme une entité lointaine, mais comme un pilier incontournable du développement du pays. La proposition de création d’une banque dédiée, bien que relevant du ministère des Finances, démontre une vision économique à long terme.
Elle reconnaît le potentiel d’investissement et la contribution financière de la diaspora. Couplée à la création d’un Conseil de la Diaspora, cette mesure vise à institutionnaliser le dialogue et à offrir un cadre structuré pour canaliser l’expertise et les capitaux vers la mère patrie.
Enfin, la promesse d’un suivi personnalisé des dossiers consulaires est une réponse directe à une source majeure de frustration. Elle marque la volonté de l’administration de passer d’une logique procédurière à une logique de service, centrée sur les besoins des citoyens. Couronnant cette série d’engagements, le ministre Mbadu a annoncé l’organisation imminente d’un grand forum ou d’états généraux de la diaspora.
Cet événement, qui devrait rassembler les forces vives des Congolais du monde entier, sera l’occasion de concrétiser ces propositions et de sceller définitivement le nouveau partenariat. La visite du ministre Crispin Mbadu à Paris marque un tournant décisif. Elle brise le mur de la défiance et instaure un cycle vertueux de confiance et de collaboration. Par sa posture ouverte, ses propositions innovantes et sa vision inclusive, le ministre incarne une nouvelle génération de leadership.
Celui qui comprend que la force de la RDC réside aussi dans celle de ses enfants dispersés à travers le globe. La diaspora congolaise en France a désormais des raisons tangibles de croire en un avenir commun, plus connecté et plus prospère. Le message est clair : la République a besoin de tous ses talents, et elle est enfin prête à leur tendre la main.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR
