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RDC : OLPA exige une enquête après l’agression de 2 journalistes à Mbuji-Mayi

L’Observatoire de la Liberté de la Presse en
Afrique (OLPA), organisation indépendante de défense et de promotion de la liberté de presse, exige une enquête après l’agression de Serge Kayeya et de Jean Baptiste Kabeya, journalistes à la Radio Fondation Daniel Madimba (FDM Radio), station communautaire émettant à Mbuji mayi, chef-lieu de la province du Kasaï oriental, au centre de la République démocratique du Congo (RDC).
Serge Kayeya et Jean Baptiste Kabeya ont été agressés, le 8 mai 2020 à 20 heures (heure locale), au péage du pont Lubilanji à l’entrée de la ville de Mbuji mayi, par un groupe d’agents de la Direction générale des recettes du Kasaï oriental (DGRKOR) commis au péage de Lubilanji et se réclamant proches de M. Jean Maweja Muteba, gouverneur de la province du Kasaï oriental. C’était au moment où ils revenaient du tournage d’une émission dans le territoire de Katanda à 60 kms de Mbuji mayi.
Ces agents ont confisqué tout ce que les journalistes détenaient par devers eux (deux téléphones, trois casques du studio, deux enregistreurs) avant de les assener des coups de poing. Ils ont eu la vie sauve grâce à l’intervention des éléments de la Police nationale congolaise (PNC/Mbuji mayi). Ils accusaient les journalistes d’appartenir à un média qui diffuse les informations qui minimisent les actions du gouverneur de province.
Eu égard à ce qui précède, OLPA condamne cette agression des journalistes. Il s’agit manifestement d’une violation de la législation congolaise et des instruments juridiques internationaux relatifs aux droits de l’homme.
Par voie de conséquence, OLPA exige une enquête afin d’identifier les auteurs de ces actes et les déferrer devant les juridictions compétentes, ainsi que la restitution des effets confisqués.
Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET
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Kinshasa perd une plume d’or : Sénado alias « Général Bowane » s’en est allé

Kinshasa pleure l’un de ses enfants prodiges. Sénado Mananasi, connu encore sous le nom de « Général Bowane », s’est éteint, emportant avec lui un pan discret mais fondamental de l’histoire musicale congolaise. Auteur, compositeur, parolier de l’ombre, il était pourtant la source lumineuse derrière des tubes devenus cultes dans les années 80 et 90.
Natif de Kingasani, dans le district populaire de la Tshangu, Sénado a été bercé dès l’enfance par l’effervescence musicale de Kinshasa. Vers le milieu des années 1980, il entre dans les orchestres Balafon et Select Musica de Malembe Chant, où sa voix suave et son sens inné de la mélodie le rendent vite incontournable.
Mais c’est surtout par la plume que le Général Bowane se distingue. Il signe en effet « Sai Sai », chanson mythique interprétée par Papa Wemba, devenue un succès planétaire. Un titre qui a traversé les frontières du Congo pour résonner jusqu’en Europe et dans les diasporas africaines. Peu savent que derrière cette pépite, se cachait ce parolier modeste, attaché à sa Tshangu natale.
Sénado a également prêté son talent à de nombreuses formations musicales de Kinshasa. Plusieurs chansons interprétées par le clan Wenge Musica portent sa signature, preuve de son ancrage profond dans la sève artistique qui a nourri une génération entière. Les archives officieuses de la musique congolaise regorgent de ces refrains populaires dont il fut l’architecte discret.
Par ailleurs, il était le grand frère de Chai Ngenge, ancien membre éminent du groupe Wenge BCBG de JB Mpiana. Une fratrie musicale donc, dont l’influence s’étend sur plusieurs décennies de rumba, de ndombolo et de toutes les hybridations qui ont fait la renommée du « son kinois ».
L’annonce de sa mort a suscité une vive émotion parmi les mélomanes, les artistes, et ceux qui, dans l’ombre comme lui, œuvrent à l’immortalité de la culture congolaise. Les hommages affluent, mais nombreux sont ceux qui regrettent que Sénado n’ait jamais reçu de reconnaissance à la mesure de son apport. Comme tant d’autres génies silencieux de la scène congolaise, il s’en va sans disques d’or, mais avec l’or des cœurs.
Son parcours rappelle cruellement combien la mémoire musicale congolaise est souvent injuste avec ses bâtisseurs. Le Général Bowane n’était pas une figure de paille : il était un passeur d’émotion, un faiseur de classiques, un pilier invisible d’une époque d’or.
Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET