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RDC : La tragi-comédie du pouvoir ou l’art de danser sur un volcan en éruption

Si l’absurde était un art, la RDC en serait le Michel-Ange. Un pays où le grotesque le dispute au macabre, où les promesses politiques se dissolvent plus vite que l’argent public dans les comptes offshore, et où l’on parle d’« échéances de 2028 » alors que des millions de citoyens luttent pour survivre à la journée. Tout cela serait hilarant si ce n’était pas une insulte à l’intelligence et à la dignité humaine.
Mais assez de complaisance. Il est temps de pulvériser les miroirs déformants de la rhétorique pour imposer une vérité alternative : celle d’un peuple pris en otage par des élites cyniques et une communauté internationale hypocrite. En RDC, la politique est un spectacle où les acteurs changent de costume mais jamais de script. Ceux qui se disputent aujourd’hui ont tous été acteurs coalisés hier.
Les mêmes figures usées, les mêmes discours creux, les mêmes « projets de société » recyclés comme des vieux slogans publicitaires. Pendant ce temps, l’Est du pays brûle, les minerais sanglants alimentent nos smartphones, et les bailleurs de fonds applaudissent poliment en échange de concessions minières. La farce est si bien réglée qu’on en oublierait presque que derrière le rideau, il y a des charniers.
Les « élections » ? Une mascarade où le comptage des voix rivalise avec la magie noire pour son opacité. Les « opposants » ? Souvent d’anciens caciques recyclés en sauveurs autoproclamés, aussi crédibles qu’un requin prêchant la sobriété en mer. Et le citoyen ? Un figurant condamné à choisir entre la peste et le choléra, pendant qu’on lui serine que « la démocratie est un processus ».
Un processus… vers quoi ? L’éternel recommencement ? La RDC n’est plus un pays. C’est devenu un buffet à volonté. Un festin où multinationales, voisins prédateurs et politiciens locaux se servent à pleines mains, laissant les miettes aux 100 millions d’habitants ahuris. Le cobalt, l’or, le coltan — ces minerais qui font tourner le monde « civilisé » — sont maudits pour ceux qui les extraient ou vivent juste à côté des carrières.
Pendant que l’Occident verdit ses industries avec des batteries « éthiques », des enfants congolais creusent la terre sous les balles des milices locales et des terroristes Rwandais du RDF/M23. L’éthique, ici, a le goût du sang et la couleur de la boue. Et que dire de ces « partenariats gagnant-gagnant » sur le papier? Un doux euphémisme pour décrire un viol économique abject et dégradant.
Un acte imposé où la RDC, droguée à l’aide humanitaire et aux prêts du FMI, vend son sous-sol pour des clopinettes. Le vrai « gagnant » est toujours le même : celui qui tient la calculatrice. Il est temps de déclarer la mort cérébrale du récit dominant. Assez de ces débats stériles entre « démocrates amoureux des mascarades électorales » et « libérateurs vassalisés par le Rwanda », qui masquent une triste réalité.
La classe politique congolaise, toutes tendances confondues, est une oligarchie vampirique.
La « vérité alternative » que nous proposons n’a rien à voir avec les fakes news : c’est un refus radical de la fatalité. Elle prône :
– Fin de la comédie électorale : Plus de « processus » sans fin. Exigeons des élections surveillées par des citoyens, pas par des ONG complices. Des candidats non-alignés, issus de la société civile, avec un programme clair : trahison = prison.
– Souveraineté réelle ou guerre : Renégocier tous les contrats miniers sous supervision internationale indépendante. Nationaliser les ressources stratégiques. Si le FMI proteste, qu’il aille se faire cuire un œuf avec ses conditionnalités.
– Éducation révolutionnaire : Une génération entière a été élevée dans la résignation. Créons des écoles formant non pas des bureaucrates, mais des ingénieurs, des juristes et des agriculteurs capables de reconstruire le pays.
– Justice immédiate : Un tribunal spécial pour juger les détourneurs de fonds, avec restitution obligatoire. Confisquer les villas de Dubaï, Paris, Bruxelles, Washington ou Montréal pour financer les hôpitaux.
– Panafricanisme offensif : La RDC doit cesser d’être le ventre mou de l’Afrique. Forger des alliances avec les pays refusant toute forme de prédation néo-coloniale.
Proposer une monnaie soutenue par les réserves d’or et une armée nationale dépouillée de toute personne à loyauté douteuse. En 2100, la RDC aura 140 ans d’« indépendance ». Soit un siècle et demi à répéter les mêmes erreurs, ou un siècle et demi à renaître. Le choix est entre les mains d’une jeunesse qui, aujourd’hui, n’a même pas accès à l’électricité pour charger son téléphone. La « nouvelle pensée » n’est pas un slogan. C’est un ultimatum. Aux élites : dégagez ou soyez balayées. À la communauté internationale : assez de leçons, assez d’ingérence.
Au peuple : réveillez-vous, organisez-vous, prenez ce qui vous appartient. Le temps des pleureuses est terminé. Place aux incendiaires de l’espoir. C’est notre cri de cœur, un acte de foi d’un polymathe qui n’en peut plus de cette comédie macabre ; Un électrochoc d’un journaliste. À ceux qui crieraient à l’utopie, rappelons que l’Afrique a déjà vaincu des empires plus puissants. Il suffit d’y croire et de s’y mettre.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR
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Katanda : Quand le pacte de paix révèle son pouvoir mystique

La localité de Katanda est le théâtre d’événements pour le moins insolites depuis la signature d’un pacte de paix et de vivre-ensemble historique entre les communautés Bena Muembia, Bena Kapuya et Bena Nshimba. Cet accord, fruit de longues négociations et de la médiation des grands chefs coutumiers de la région, visait à mettre un terme aux tensions et aux conflits intercommunautaires qui ont, par le passé, assombri la vie de ces populations.
Si le pacte a engendré une atmosphère d’harmonie et de fraternisation inédite, des incidents récents ont suscité l’étonnement et l’interprétation au sein de la communauté, certains y voyant la manifestation d’un pouvoir mystique inhérent à cet engagement solennel.
Les faits rapportés, bien que distincts, ont en commun leur caractère singulier et leur survenance dans la période consécutive à la signature du pacte de paix. Le premier incident concerne une femme de la communauté Bena Nshimba qui s’était rendue à Katabua, une localité voisine, dans le but de collecter du bois mort. Selon les témoignages recueillis sur place, alors qu’elle déterrait des maniocs dans un champ qui ne lui appartenait pas, elle a été victime de la morsure simultanée de trois serpents.
Le second incident, tout aussi étrange, s’est déroulé à Dipumba. Un jeune homme, dont l’appartenance communautaire n’a pas été officiellement précisée mais qui, selon certaines sources locales, serait lié à l’une des communautés autrefois en conflit, se serait accidentellement tiré dessus en manipulant une arme à feu. L’arme en question aurait été initialement apportée dans le but d’une attaque, vestige des anciennes animosités intercommunautaires.
Ces deux incidents, survenus dans un laps de temps relativement court après la signature du pacte de paix, sont perçus par une partie significative de la population locale comme étant plus que de simples coïncidences. Certains habitants y voient une manifestation tangible du pouvoir mystique qui sous-tend l’accord de paix et de vivre-ensemble, auquel ont participé les plus hauts dignitaires coutumiers de la région. L’interprétation dominante suggère que ces événements pourraient être des avertissements ou des conséquences liés au non-respect des termes tacites ou explicites du pacte, ou encore des manifestations de forces spirituelles veillant au maintien de la nouvelle harmonie.
Mike Tyson Mukendi / CONGOPROFOND.NET