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RDC : FFJ salue le pluralisme d’opinions politiques dans le média audiovisuel public

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Freedom for journalist (FFJ), organisation de défense de la liberté de la presse et du droit à l’information salue l’acceptation, peu à peu, du pluralisme d’opinions politiques à la Radiotélévision nationale congolaise (RTNC), média audiovisuel public en République démocratique du Congo (RDC).

FFJ note que le nouveau régime en place depuis le 30 décembre 2018 s’ouvre à d’autres courants politiques majeurs opposés à sa vision de la gouvernance du pays à travers la RTNC, pourtant reconnue naguère comme le vecteur principal de la pensée unique sous le régime du président Mobutu, puis celui du président Kabila, resté au pouvoir pendant 18 ans.

«Le président Tshisekedi devra accompagner la contradiction dans les médias publics, car une société où toutes les opinions sont tolérées est celle qui espère se développer », selon le communiqué de l’organisation signé par son directeur, Désiré-Israël Kazadi

La RTNC était réfractaire à toute opinion contraire à celle du régime Kabila, les rares membres de l’opposition invités dans des émissions n’avaient suffisamment pas d’épaisseur politique.

L’OZRT (Office zaïrois de radiodiffusion et de télévision), devenue RTNC, sous le maréchal Mobutu, au pouvoir durant 32 ans (1965-1997), était pris en otage, pendant les trois décennies, par le Mouvement populaire de la révolution (MPR), parti du président Mobutu, unique formation politique acceptée dans le pays avant le multipartisme lancé en 1990. «Sous Mobutu comme sous Kabila, le média audiovisuel public n’a pas contribué à la contradiction, à la pluralité d’opinions ou encore à cimenter la démocratie dans le pays. Il a plutôt servi à enraciner la dictature des deux régimes politiques précédents, et de manière éphémère, celui du président Laurent-Désiré Kabila », ajoute le communiqué.

«FFJ espère que le nouvel élan imprimé par les nouvelles autorités se poursuivra et l’engagement pris par le président Tshisekedi de redonner à la presse sa place de quatrième pouvoir sera concrétisé», souhaite l’organisation qui appelle le nouveau président à s’impliquer pour le parlement adopte une loi sur la presse, extirpée des poursuites judiciaires contre le journaliste pour avoir dit ou publié la vérité au nom de l’infraction de diffamation et imputations dommageables.

FFJ souhaite que l’Agence congolaise de presse (ACP), support public d’informations se mue comme la RTNC en un média entendu comme un service public d’intérêt général et non partisan.

L’ancien premier ministre sous le régime Kabila, Augustin Matata avait assuré solennellement de s’impliquer au processus de dépénalisation des délits de presse lors de son discours d’investiture mais a quitté le gouvernement sans une moindre avancée.

FFJ demande à la législature en cours d’installation de donner la priorité aux propositions de loi relatives à la presse laissées parmi les arriérés législatifs par les parlementaires sortants, dont celle relative à l’accès à l’information et celle relative à la liberté de la presse.

Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET

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Valentin Yves Mudimbe s’en est allé, mais sa parole demeure : l’Afrique orpheline d’un géant de la pensée

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Ce jour, la République Démocratique du Congo, l’Afrique et le monde intellectuel viennent de perdre un monument. Valentin Yves Mudimbe, philosophe, écrivain et penseur hors pair, s’est éteint aux États-Unis, laissant derrière lui une œuvre aussi dense que subversive, une parole aussi lucide qu’indomptable.

Né en 1941 à Jadotville (actuelle Likasi), en RDC, Valentin Yves Mudimbe fut l’un des intellectuels africains les plus influents du XXᵉ et du XXIᵉ siècle. Professeur émérite à l’Université Duke, anthropologue, linguiste et romancier, il a marqué les sciences humaines par sa critique radicale des épistémologies coloniales et sa déconstruction des discours dominants sur l’Afrique.

Son œuvre majeure, The Invention of Africa (1988), reste un texte fondateur des études postcoloniales. Mudimbe y démontre comment l’Afrique a été « inventée » par le regard occidental, à travers des catégories de savoir qui ont nié ses propres logiques de pensée. Pour lui, « l’Afrique n’existe pas en dehors des représentations qui la constituent », une thèse qui a révolutionné la manière d’appréhender le continent.

Yves Mudimbe n’était pas seulement un théoricien : c’était un penseur du soupçon, toujours en éveil face aux illusions des idéologies, qu’elles soient coloniales, nationalistes ou néolibérales. Dans L’Odeur du père (1982), il explore les contradictions des élites africaines post-indépendances, dénonçant leur aliénation mimétique. Son roman Entre les eaux (1973) questionne la tension entre engagement politique et spiritualité.

Il a révélé sa propre trajectoire de prêtre jésuite devenu philosophe laïc. Ses travaux sur Foucault, Derrida et les structuralistes européens en font un passeur exceptionnel entre les traditions intellectuelles africaines et occidentales. Pourtant, il refusait toute étiquette : « Je ne suis ni un afrocentriste, ni un occidentaliste. Je suis un penseur de la fracture, de l’entre-deux », disait-il.

Aujourd’hui, alors que l’Afrique est confrontée à de nouveaux défis – néocolonialismes économiques, crises démocratiques, guerres d’influence –, la pensée de Mudimbe reste d’une brûlante actualité. Son questionnement sur « les conditions de production du savoir africain » invite à repenser l’université, la recherche et les médias du continent. Il laisse derrière lui des disciples à travers le monde. Des chercheurs qui continuent de déconstruire les récits hégémoniques.

« Mudimbe nous a appris à douter, à interroger nos propres certitudes ». La RDC en deuil mais l’Afrique en héritage, conclut le polymathe, cet autre géant de la pensée post-coloniale. Le Congo pleure l’un de ses plus grands fils, mais son héritage est impérissable. Dans un pays souvent meurtri par l’amnésie historique, Yves Mudimbe rappelait que « la mémoire est un acte de résistance ».

Alors que les hommages affluent du monde entier – de Paris à Johannesburg, de Dakar à New York –, une certitude s’impose : Yves Mudimbe est mort, mais sa parole, elle, ne mourra jamais. « Les mots ne sont pas innocents. Ils portent en eux la violence de l’histoire. » — Valentin Yves Mudimbe

TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR

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