Sécurité
RDC : Emile Mapatano Kamboris appelle à une vigilance accrue après l’accord-cadre entre Kinshasa et l’AFC-M23
L’accord-cadre signé le weekend dernier entre le gouvernement congolais et l’Alliance Fleuve Congo / M23 continue de susciter des réactions au sein de la société civile. Pour Emile Mapatano Kamboris, activiste et défenseur des droits humains, ce document constitue une étape diplomatique importante, mais ne doit en aucun cas être considéré comme un aboutissement.
Dans une déclaration publique, il prévient que l’accord reste fragile et dépend fortement de sa mise en œuvre. « Il ne saurait être considéré comme un traité de paix définitif », affirme-t-il, et rappelle que le texte se limite à une feuille de route et à des engagements préliminaires.
Au-delà des considérations politiques, l’activiste insiste sur la situation dramatique que vivent les habitants de l’Est de la RDC. « Les populations locales vivent dans des conditions extrêmement précaires », souligne-t-il, évoquant les familles déplacées entassées dans les camps, les enfants déscolarisés, les violences sexuelles persistantes ainsi que le manque d’accès aux soins et à la nourriture.
Pour lui, toute démarche diplomatique qui ne tient pas compte de ces réalités resterait « une simple déclaration » sans impact concret sur la vie des millions de personnes directement touchées par le conflit.
Emile Mapatano rappelle également que les populations doivent être associées aux protocoles en préparation, notamment ceux relatifs à la justice transitionnelle, au retour des déplacés, et à la réinsertion des ex-combattants. « Les populations locales, souvent victimes directes, doivent être pleinement impliquées », insiste-t-il.
Il met en garde contre les accords annoncés sans mécanismes robustes de suivi. « La réussite de cet accord dépend de la bonne foi des signataires et de la vigilance des acteurs internationaux et nationaux », affirme-t-il encore, et appelle à un suivi indépendant et transparent.
Malgré ses réserves, l’activiste reconnaît que le texte de Doha constitue un pas en avant. « Je salue cette initiative comme un pas dans la bonne direction », admet-il, mais il avertit qu’il faudra veiller à ce que « l’espoir suscité ne se transforme pas en illusion ».
Pour lui, la priorité doit rester la protection et le soulagement des populations prises au piège du conflit, ce qui reste un objectif qui dépend désormais de la capacité des signataires à transformer leurs engagements en actions concrètes.
Franck Kaky/CONGO PROFOND.NET
Sécurité
CIRGL : Les 11 États membres reconnaissent officiellement le Rwanda comme « pays agresseur » de la RDC
Les onze États membres de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) ont reconnu, dans une déclaration finale publiée à l’issue du 9ᵉ Sommet tenu à Kinshasa, le Rwanda comme pays agresseur de la République démocratique du Congo, conformément à la résolution 2773 du Conseil de sécurité de l’ONU. La présidence de la CIRGL a été officiellement transférée à la RDC pour un mandat de deux ans, en marge de ce sommet organisé sous le thème : « Consolider la paix et la sécurité pour le développement durable dans la région des Grands Lacs ».
Lors d’un briefing de presse conjoint, lundi 17 novembre, avec le ministre de la Communication Patrick Muyaya, le ministre de l’Intégration régionale, Floribert Anzuluni, a salué une « avancée majeure » dans la reconnaissance internationale des agressions dont est victime la RDC. « Les Chefs d’État ont appelé, je cite, à exiger le retrait sans délai du territoire congolais des troupes du pays agresseur, conformément à la Résolution 2773 », a-t-il déclaré.
Pour le ministre Anzuluni, la précision apportée par la déclaration de la CIRGL ne laisse aucune ambiguïté sur l’identité de ce pays. « La Déclaration parle non pas d’un pays agresseur, mais bien du pays agresseur. Celui-ci est clairement identifié depuis que le Conseil de sécurité a demandé à la Force de défense rwandaise de se retirer immédiatement du territoire de la RDC, sans conditions préalables », a-t-il rappelé. Il a qualifié cette reconnaissance collective de « valeur ajoutée politique majeure » du sommet.
Ce 9ᵉ Sommet de la CIRGL s’est tenu dans un climat de fortes tensions entre Kinshasa et Kigali, alors que les hostilités se poursuivent dans l’Est du pays. Grand absent de cette rencontre, le Rwanda, accusé de soutenir le M23 et l’AFC, a rejeté les résolutions du sommet par la voix de son ministre des Affaires étrangères. Sur le terrain, le contraste entre les engagements diplomatiques et la réalité militaire continue d’inquiéter plusieurs acteurs régionaux et internationaux.
Alors que le processus de Luanda est considéré comme en échec après la chute de Goma et Bukavu, l’Accord de Washington et le processus de Doha constituent désormais les deux principaux volets diplomatiques en cours pour tenter d’aboutir à une désescalade durable. Malgré ces efforts, plusieurs partenaires internationaux, dont l’Union européenne, appellent à une implication renforcée des organisations régionales afin d’appuyer une solution africaine à la crise opposant la RDC au Rwanda et aux groupes armés actifs dans la région.
Exaucé Kaya
