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RDC-COVID19 : » déjà 10,7 millions USD décaissés » (Ilunga Ilunkamba aux sénateurs)
Comme prévu, le chef du gouvernement, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, était ce jeudi 21 mai 2020 devant les élus des élus pour répondre à la question orale, avec débat sur la gestion de la Covid19 en RDC, lui adressée par le sénateur Jean Bakomito.
Dans sa réponse, le professeur Sylvestre Ilunga Ilunkamba a dressé d’abord la situation de la pandémie depuis l’enregistrement du premier cas jusqu’à nos jours. S’inspirant de plusieurs flambées épidémiques qui ont frappé la RDC, Sylvestre Ilunga Ilunkamba a fait savoir que le pays dispose d’un Plan de Préparation et de Riposte contre l’épidémie au COVID-19 élaboré avec l’appui des partenaires pour des actions d’un coût global de 135 millions de dollars américains.
Ce Plan s’articule autour de neuf (9) objectifs suivants :
▪ Renforcer la gouvernance ;
▪ Organiser les structures de prise en charge des malades covid-19 ;
▪ Renforcer les capacités de diagnostic et de laboratoire ;
▪ Renforcer les capacités de surveillance et d’investigation des cas ;
▪ Améliorer la prévention et le contrôle des infections dans toutes les structures de santé et dans la communauté ;
▪ Renforcer la communication sur les risques et l’engagement communautaire ;
▪ Renforcer le système logistique d’urgence de covid-19 ;
▪ Assurer la prise en charge psychosociale et nutritionnelle ;
▪ Mettre en œuvre les mesures de distanciation sociale ou physique.
S’agissant particulièrement de la prise en charge médicale, Ilunga Ilunkamba a indiqué que le gouvernement a entrepris de concentrer l’action sur une dizaine
de structures sanitaires.
Il s’agit des hôpitaux suivants : Clinique Ngaliema, Clinique Kinoise, Hôpital du Cinquantenaire, Hôpital Sino- Congolais de Ndjili, Centre Médical Vijana, Centre Médical de Monkole, HJ Hospital, Centre Médical de Kinshasa, Hôpital St Joseph, Cliniques Universitaires de Kinshasa.
« Ces formations sanitaires constituent, depuis, le cœur de notre stratégie de prise en charge. C’est pourquoi, ces hôpitaux continuent de bénéficier des soutiens financiers et logistiques de votre Gouvernement, pour
une bonne prise en charge des malades », a-t-il fait remarquer.
Et d’ajouter : » Plus de 500 lits, des tonnes des médicaments correspondant au protocole validé par la Commission de prise en charge, des matériels de protection, commandés par le Gouvernement, ont été remis aux hôpitaux sélectionnés. De la même manière, des équipements et appareils médicaux pour la prise en charge des cas ont été mis à la disposition de ces hôpitaux ».
18,7 milliards de francs congolais, soit 10,7 millions de dollars américains déjà décaissés
A ce jour, a-t-il déclaré, le Gouvernement a déjà décaissé, pour le compte de la riposte contre le COVID-19, une somme de 18,7 milliards de francs congolais, soit 10,7 millions de dollars américains.
Concernant les prévisions en matière de financement des dépenses COVID-19, il est retenu dans le plan de trésorerie du Gouvernement pour le deuxième trimestre 2020, un montant de 231,3 milliards de francs congolais, soit 132,2 millions de dollars américains à raison de 121,1 millions de dollars sur ressources extérieures et 11 millions de dollars sur r propres.
« Les ressources extérieures proviennent d’une quotité de la facilité de financement de 363 millions de dollars américains accordés par le Fonds Monétaire International au titre d’appui à la balance des paiements, convertis en appui budgétaire », a précisé le patron du gouvernement devant les sénateurs.
À l’en croire, les principaux axes d’intervention visés par le montant de 231,3 milliards de FC concernent :
• les opérations strictement sanitaires pour un import de 185,3 milliards de FC, soit 105,9 millions de dollars américains;
• les opérations sécuritaires dans le cadre des mesures de confinement et d’isolement pour un import de 31 milliards de FC, soit 17,7 millions de dollars américains;
• les opérations humanitaires connexes pour un montant de 15 milliards de FC, soit l’équivalent de 8,6 millions de dollars américains.
Les interventions sanitaires concernent la réfection et la construction, le cas échéant, des hôpitaux, l’acquisition des médicaments et équipements ad hoc comme les détecteurs dans le cadre de dépistage de la maladie, les respirateurs dans le cadre de traitement, la formation du personnel médical, le financement de la pharmacopée locale.
Par ailleurs, il a fait savoir que la Banque Mondiale s’est engagée pour des interventions de de l’ordre de 47,3 millions de dollars américains dont le décaissement pourra intervenir à partir du troisième trimestre de cette année, dès ratification de l’accord de crédit par le Parlement.
Si les actions dans la riposte à la pandémie du COVID-19 semblent concentrées sur la capitale Kinshasa, Sylvestre Ilunga Ilunkamba a rassuré les sénateurs que le gouvernement n’a rien négligé quant à la gestion de la problématique au niveau des provinces où vit
l’écrasante majorité de nos compatriotes.
« Chaque province est actuellement prise en charge par un Comité provincial de coordination présidé par le Gouverneur de province et assisté du Ministre provincial en charge de la Santé et du Chef de Division Provinciale de la Santé.
Chaque province dispose aujourd’hui d’un plan provincial de riposte, grâce à l’appui du Gouvernement et d’un protocole national de traitement COVID-19 », a déclaré Sylvestre Ilunga Ilunkamba.
En vue de relever les défis qui se posent dans la prise en charge des malades, Ilunga Ilunkamba a laissé entendre que le Gouvernement s’attèle à renforcer les hôpitaux dédiés au COVID-19 en équipements de protection et en divers appareils médicaux tels les respirateurs et les appareils de radiologie.
« L’approvisionnement en médicaments non seulement pour la prise en charge de COVID-19 mais aussi pour les comorbidités comme l’hypertension artérielle, le diabète, l’asthme, ainsi que les autres maladies respiratoires et cardiaques. Nous travaillons déjà sur les possibilités de décentralisation des moyens de diagnostic et de dépistage », a conclu le professeur Sylvestre Ilunga Ilunkamba.
MUAMBA MULEMBUE CLÉMENT/CONGOPROFOND.NET
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Guerre du M23/Rwanda : Des milliers de personnes fuient les combats en direction de Goma et au-delà
Les violents affrontements autour de la localité de Sake, dans l’est de la RDC, qui opposent l’armée congolaise, appuyée par ses alliés locaux, et le M23, soutenu par le Rwanda, poussent des milliers d’habitants de la région à fuir les combats. Si la plupart vont chercher refuge à Goma, le chef-lieu de la province du Nord-Kivu situé à seulement une vingtaine de kilomètres de là, d’autres préfèrent aller au-delà et franchir la frontière avec le Rwanda. Reportage.
À Goma, en RDC, l’angoisse est palpable sur la route principale qui relie les quartiers de Ndosho et de Katindo. Des colonnes de déplacés circulent à pied, à moto ou en bus en direction du chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Désespérées, Alice et Kanyere racontent leur calvaire. « Il y a de nombreuses détonations et des avions qui bombardent là d’où nous venons. Il y a aussi beaucoup de militaires sur la route. Tout le monde s’enfuit ! », confie la première. « Beaucoup de bombes explosent et les balles sifflent. Nous avons dû quitter les huttes de notre camp, témoigne la seconde, dépitée, avant de poursuivre : je n’ai pas de famille à Goma. Il faut que le gouvernement termine la guerre ! »
Âgé d’une trentaine d’années, Haguma Banga marche, lui, avec un matelas sur la tête. Après avoir fui Sake, il est toujours sans nouvelle de sa famille. « Je ne sais pas où sont ma femme et mes cinq enfants. Ce serait un miracle de les retrouver », se désole-t-il.
A l’hôpital CBCA Ndosho, le personnel soignant s’active pour recevoir les blessés qui affluent également en masse, comme Mariam Kashindi, 22 ans, qui a quitté Sake en urgence après avoir reçu un éclat d’obus dans le bras. « Nous avions commencé à fuir, nous étions devant le marché de Mubambiro quand ma fille a été touchée par une bombe dont les éclats m’ont atteint, raconte-t-elle avant de poursuivre : nous fuyons le M23. J’ai trois enfants. L’un a été blessé, quant à l’autre, je ne sais pas où il est ».
« Nous étions un groupe de femmes, plusieurs sont mortes sur le coup »
Un peu plus loin, Neema Jeannette pleure allongée sur un lit. Elle a été touchée par une explosion alors qu’elle se trouvait avec un groupe d’amies. « Une bombe est tombée sur nous. Nous étions un groupe de femmes, plusieurs sont mortes sur le coup. Moi, je suis la seule survivante. Je remercie le CICR de m’avoir prise en charge à l’hôpital », sanglote-t-elle.
Cheffe de la sous-délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Nord-Kivu, Miriam Favier explique que l’établissement a été contraint d’activer ses quatre blocs opératoires en raison de l’afflux de blessés. « Depuis ce matin, plus de 70 patients sont déjà arrivés et ce n’est pas fini. C’est assez inquiétant », déplore-t-elle.
Si, à Goma, les autorités militaires comme la société civile appellent au calme, des écoles et plusieurs boutiques ont toutefois fermé leurs portes, tout comme l’Institut français, qui a décidé de suspendre temporairement ses activités. Les billets de tous les spectacles annulés seront intégralement remboursés, explique la structure dans un communiqué.
« Même ici, on vient d’entendre un obus tomber »
Anticipant une nouvelle dégradation de la situation sécuritaire, certains habitants ont, quant à eux, décidé de prendre les devants et sont passés au Rwanda voisin, où ils ont trouvé refuge dans la ville frontalière de Rubavu pour la plupart. « Mon mari habite ici, il m’a dit de le rejoindre pour fuir la panique qui s’empare de la ville de Goma », déclare ainsi Amina, une valise à la main et accompagnée de ses deux enfants.
Innocent, lui, a trouvé une chambre dans un hôtel. « Il y avait foule au niveau de la douane, c’était plein à craquer, rapporte-t-il. Alors, quand on a des enfants en bas âge, on ne va pas attendre la dernière minute pour partir, car on ne sait pas vraiment ce qu’il va se passer, on n’est pas sur la ligne de front. Même ici, on vient d’entendre un obus tomber, alors imaginez : quand on est à Goma, c’est comme si l’explosion avait lieu dans la parcelle d’à côté. Voilà pourquoi on a décidé de partir » poursuit celui-ci.
Comme beaucoup d’autres habitants du chef-lieu du Nord-Kivu, Innocent prévoit de rester à Rubavu, le temps de voir comment évolue la situation, avec l’espoir de pouvoir rentrer chez lui le plus rapidement possible.
RFI
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