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Procès Bukanga-Lonzo : Matata Ponyo et ses coaccusés brillent par leur absence

Le procès relatif au projet agro-industriel de Bukanga-Lonzo s’est poursuivi ce mercredi 23 avril 2025 devant la Cour constitutionnelle, en l’absence des principaux prévenus : Augustin Matata Ponyo, député national et ancien Premier ministre, Déogratias Mutombo, ancien gouverneur de la Banque centrale du Congo, et Grobler Christo Stephanus, homme d’affaires sud-africain.
Absence des prévenus et poursuite de l’instruction
Le ministère public a exprimé sa préoccupation quant à l’absence des accusés, la qualifiant de “mépris de la juridiction”. Il a requis que le procès se poursuive par défaut, estimant que les prévenus ont été régulièrement convoqués et qu’aucun obstacle légal ne justifie leur non-comparution.
Arguments des prévenus et position de l’Assemblée nationale
Augustin Matata Ponyo justifie son absence par ses immunités parlementaires, invoquant une décision de l’Assemblée nationale du 17 avril 2025 qui juge les poursuites “inconstitutionnelles” en l’absence de levée préalable de son immunité. Dans une correspondance officielle adressée à la Cour, il affirme se conformer à la position de l’institution parlementaire, exigeant que la Cour respecte la procédure légale. Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale, a rappelé que la levée des immunités relève de la compétence exclusive du Parlement, demandant à la Cour constitutionnelle de régulariser sa demande selon les règles établies.
Position du parti LGD
Le parti Leadership et Gouvernance pour le Développement (LGD), dirigé par Matata Ponyo, a annoncé dans un communiqué daté du 22 avril 2025 que son président national, ainsi que ses avocats, ne comparaîtront pas à l’audience prévue ce mercredi 23 avril. Le LGD considère la procédure engagée comme “irrégulière, illégale et inconstitutionnelle”, dénonçant l’absence de garanties pour un procès équitable et la méconnaissance du droit à la défense tel que prescrit par la Constitution.
Contexte du procès
Le procès porte sur des allégations de détournement de fonds durant la gestion du projet Bukanga-Lonzo sous le mandat de Matata Ponyo comme Premier ministre (2012-2016). Les fonds publics alloués au parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo sont estimés à plus de 285 millions de dollars. L’ancien chef de gouvernement dénonce un “procès politique” visant à entraver ses ambitions électorales, notamment sa candidature à la présidentielle de 2023 et son refus de participer aux récentes consultations politiques demandées par le chef de l’État en vue de la formation d’un gouvernement d’union nationale.
Poursuite du procès
Malgré les contestations, la Cour constitutionnelle a confirmé la poursuite des audiences publiques dans l’affaire opposant le ministère public aux prévenus. Des sources proches de la Cour rapportent que celle-ci va poursuivre sa procédure dans l’affaire de la débâcle du projet de Bukanga-Lonzo, malgré la démarche de l’une des parties visant à se soustraire à la procédure en cours
D. N
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Quand la mode défie la loi : L’habillement provocant face au Code pénal congolais ( Par Adeodat LIKINDA, juriste)

Dans les rues de Kinshasa et d’autres villes de la RDC, une tendance vestimentaire de plus en plus audacieuse s’impose, particulièrement chez les jeunes filles. Entre mini-jupes, tenues transparentes, pantalons moulants et crop tops, le débat s’enflamme : s’agit-il d’une expression légitime de la liberté ou d’un véritable outrage public aux bonnes mœurs, réprimé par la loi congolaise ?
Le choc des cultures et des valeurs
Pays profondément attaché à ses traditions chrétiennes et coutumières, la RDC se retrouve aujourd’hui face à une jeunesse influencée par les codes de la mondialisation et des réseaux sociaux. Pour certains, s’habiller de manière “sexy” relève d’une affirmation identitaire et d’une liberté individuelle assumée. Pour d’autres, c’est le signe d’une décadence morale et une offense à l’ordre public.
Que dit la loi congolaise ?
Le Code pénal congolais, en son article 176, réprime l’outrage public aux bonnes mœurs, notamment par des actes, gestes ou comportements indécents dans les lieux publics. Bien que la loi ne définisse pas avec précision les limites de “l’indécence vestimentaire”, certains magistrats, policiers ou autorités locales s’en servent pour interpeller, avertir ou même arrêter des jeunes filles jugées provocantes.
Liberté individuelle ou norme collective ?
La Constitution congolaise garantit la liberté d’expression et de mouvement, incluant implicitement le droit de s’habiller selon ses choix. Cependant, dans une société où la moralité publique demeure très conservatrice, cette liberté entre rapidement en tension avec les sensibilités collectives.
Une ligne fragile à ne pas franchir
Les appels à un encadrement vestimentaire dans les écoles, universités, institutions publiques et lieux de culte se multiplient. Certaines structures ont déjà instauré des codes vestimentaires stricts. La difficulté demeure toutefois de déterminer jusqu’où la liberté individuelle peut aller sans heurter les valeurs sociales ?
En conclusion, l’outrage aux bonnes mœurs par l’habillement demeure une infraction en droit congolais, à la croisée de l’éthique et de la culture. Il est donc recommandé d’adopter une tenue respectueuse des sensibilités publiques, sous peine de poursuites pouvant aller jusqu’à un an d’emprisonnement.
Adeodat LIKINDA “Bulldozer” / CongoProfond.net