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Nord-Ubangi : les humanitaires à l’œuvre pour la cohabitation entre autochtones et réfugiés centrafricains à Yakoma
L’accueil et la protection des réfugiés dans un pays sont régulés par des instruments juridiques internationaux. L’asile est un droit, et le pays d’accueil, en cas de nécessité, est soumis à certaines exigences imposées par la communauté internationale.
Mais le cas de l’asile des Rwandais à l’est de la République démocratique du Congo, fuyant la guerre d’épuration ethnique entre Hutus et les Tutsis a donné à la RDC un précédent fâcheux, au point que les Congolais ne sont pas assez prêts pour revivre les scénarii qui ont suivi les années 1994. Ce que l’on ne veut pas se rappeler, c’est que les Rwandais, accueillis comme nécessiteux sur le sol congolais, se sont mués en conquérants.
Une expérience que personne ne rêverait revivre, tant du côté des Etats que des populations.
Lors de rencontres avec les humanitaires basés à Yakoma au Nord-Ubangi et qui interviennent dans l’encadrement des réfugiés centrafricains, nous avons posé la question sur les garde-fous que les structures mettent en place pour prévenir des comportements éventuels de la part des hôtes des Congolais.
Des structures qui accompagnent le HCR (Haut commissariat pour les réfugiés), il s’avère que l’AIDES (Action et intervention pour le développement et encadrement social) et l’ADSSE (Association pour le développement social et sauvegarde de l’environnement) s’emploient à encadrer les réfugiés et les communautés autochtones pour un vivre-ensemble entre peuples.
Le chef de bureau du HCR à Yakoma, Simplice Kpanzi, a expliqué à la presse que les réfugiés centrafricains et les autochtones congolais sont les mêmes peuples sur divers points. Les deux communautés ont des liens historiques, se marient, partagent les mêmes langues, la même culture et se connaissent. Pour lui, c’est un facteur qui favorise et facilite la coexistence.
Pour le HCR, ce facteur a contribué à la mise en œuvre d’une nouvelle approche de “hors-camp”, qui consiste à localiser les réfugiés dans des sites (des villages), à l’opposé de “camps des réfugiés’. Simplice Kpanzi a expliqué que l’approche de “camp de réfugiés” n’a pas favorisé la cohésion sociale. Tandis que la nouvelle approche permet aux réfugiés de s’intégrer facilement dans la communauté qui les reçoit et faire bénéficier à la population locale les avantages liés à l’aide humanitaire.
Action et intervention pour le développement social (AIDES), un partenaire du HCR, considère Yakoma dans sa stratégie comme un cas d’urgence, au regard de l’afflux des réfugiés centrafricains.
Ainsi, elle intervient dans le domaine de la santé et nutrition, la lutte contre les violences sexuels basés sur le genre (VSBG), la prévention, etc.
Jacques Mbungu, le chef d’antenne de “Aides” à Yakoma, a expliqué aux journalistes que dans le secteur de la santé et nutrition, elle se déploie en vue de l’amélioration de la santé de populations (gratuité des soins de santé en faveur des réfugiés et des populations locales). Elle appuie, pour ce faire, les structures de santé (zone de santé de Yakoma et Wasolo) en matériels et médicaments essentiels. “Aides” aide aussi à l’insertion socioéconomique des réfugiés et des populations locales hôtes.
Pour contribuer à la coexistence ou au bon-vivre, l’AIDES facilite des activités conjointes entre les deux peuples : débats, activités culturelles, rencontres sportives, etc.
Avec l’appui de la Commission Nationale pour les Réfugiés (CNR), l’AIDES a mis en place un Comité mixte de leaders de deux communautés. Ce comité mixte est chargé de résoudre et d’arbitrer des conflits éventuels entre membres de deux communautés.
Grâce à l’appui de la CNR, l’AIDES a également obtenu l’accès aux ressources naturelles (eaux, forêts arables) en faveur des réfugiés centrafricains.
L’ADSSE est un autre champion dans la mobilisation communautaire pour le vivre-ensemble entre les deux peuples.
Pour le compte du HCR, cette structure promue par le député national élu de Tshangu (Kinshasa) Mbakata Freddy, organise notamment des activités socio-culturelles. Selon son assistant logistique, Isaac Malumba Tshovo, le comité mixte d’accueil mis en place est chargé, à titre symbolique, d’organiser des activités relatives à l’accueil des réfugiés. Des activités musicales, footballistiques, etc. sont, par exemple, organisées à l’arrivée de nouveaux réfugiés sur le site, pour agrémenter leur entrée sur la nouvelle terre.
L’ADSSE accompagne également les enfants des réfugiés à l’école. Cet accompagnement s’avère nécessaire pour leur acceptation et leur insertion sociale.
Pour le compte du Pam (Programme alimentaire mondial), l’ADSSE distribue chaque mois une assistance financière que les humanitaires appellent “Cush Ground” dans leur jargon.
Sur fonds reçus de l’UNICEF, l’ADSSE a construit des forages d’eau potable et des latrines et douches dans les villages de Ndayo et de Nganzamba.
Les structures humanitaires sont une chance pour les réfugiés centrafricains et les populations locales. Les infrastructures construites ou appuyées (structures de santé, écoles, sources d’eau, etc.) profitent indistinctement aux Congolais et aux réfugiés.
Émile Yimbu/CONGOPROFOND.NET
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ONU, Francophonie, processus de Luanda : La RD Congo est de retour en force !
On ne l’attendait sans doute pas à ce niveau-là. Surtout pas en un moment où les éléments semblaient s’aligner pour précipiter la chute de la « bête », et offrir sa peau aux prédateurs. L’hallali était décrété mais les étoiles en ont décidé autrement.
Dans son rôle de porte-parole de toutes les causes perdues, Fridolin Ambongo Besungu a de nouveau embouché sa trompette pour entonner l’arlésienne de la faillite de l’état congolais, dont il se garde de situer le début dans le temps et l’espace, apparemment pour mieux épouser le tempo des réseaux sociaux et récolter leurs vivats.
Le cardinal ne s’est pas contenté de tâter le terrain. Il est allé plus loin en revendiquant les attaques les plus invraisemblables déversées par les croisés de la nouvelle révolution. Ces derniers, comble d’ironie, se sont comme par hasard donné rendez-vous dans la capitale du Royaume de Belgique transformée comme dans les années Mobutu en place forte de la subversion. Mais aussi à Genève devant le Conseil des Nations Unies pour les droits de l’homme, ainsi qu’à New York pour ceux qui ont fait le choix des soirées arrosées en copinant avec les multinationales, ou de se faire coacher par quelques démocrates dans l’espoir d’arracher une improbable légitimité.
Bref, le casting comme le timing avaient permis de surfer sur des relations qui se dégradent à vue d’œil entre la RDC et l’Union Européenne. Dont les principaux leaders ont fait le choix incroyable du double standard plutôt que celui de la justice pour asseoir des relations internationales plus saines et plus équitables ; mais aussi dans l’ambiguïté de l’attitude américaine face à la crise aujourd’hui tri-décennale de l’Est de la République Démocratique du Congo. Avec des conflits qui se suivent et se ressemblent, attisant les tribalismes et les irrédentismes, entretenant les égoïsmes pour mieux souffler sur les braises de la division et du pillage des ressources.
Les observateurs congolais sont des gens si subtils que ce qu’ils proclament comme analyses ne sont en réalité que des litanies d’émotions et frustrations qu’ils espèrent cacher à leurs compatriotes forcément naïfs sous le drap d’un flux d’informations ramassées vaille que vaille et qui n’ont pas toujours entre elles un lien logique.
Seulement voilà. Il y a des moments où la réalité, après avoir atteint et dépassé le stade de la fiction, confine au paradoxe pour les faibles d’esprit. Ceux qui voyaient, notamment, dans les voyages de Félix Antoine Tshisekedi de simples villégiatures destinées à égayer ses proches et à distraire ses compatriotes avouent désormais, quoique du bout des dents, leur surprise. Un : la plupart des états du monde n’hésitent plus aujourd’hui pour considérer le Rwanda comme un pays agresseur, tout en lui exigeant de retirer ses troupes de la RDC et de stopper les pillages découlant de son occupation. Deux : lentement mais sûrement, l’armée congolaise se reconstruit et conclut des alliances qui portent sur la durée. Trois : un nouveau rapport de force se dessine de plus en plus en s’inscrivant dans la durée face à des voisins qui regardent désormais la RDC d’un œil moins condescendant et plus respectueux.
La RD Congo est de retour
La politique des petits pas offre cette vertu rare que, comme la marche du caméléon, elle tient à s’assurer de ne pas se jeter les yeux fermés juste pour flatter son orgueil blessé, sans offrir la garantie de la justesse et de la fermeté de chaque pas engagé.
Qu’on le veuille ou non, qu’on s’en félicite ou qu’on le déplore, la République Démocratique du Congo est bel et bien de retour sur la scène internationale. Passé les effets pervers et déformants de la communication cathodique, souvent boursouflée et chaotique, où chacun des acteurs a tendance à se considérer comme le « nec plus ultra » sinon le nombril de la terre, force est de se rendre à l’évidence que, bon an mal an, la RD Congo est de nouveau là, en tout cas sur tous les théâtres où le dossier congolais se traite, afin d’être défendu par ses propres enfants.
La récente sortie fracassante de Félix Antoine Tshisekedi de son 19ème sommet de Paris a sonné comme l’amorce d’une nouvelle ère au sein de la francophonie, faisant bouger les lignes au point d’aboutir à la condamnation de la présence du Rwanda sur le territoire congolais et à la réaffirmation du principe de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation. Le prochain rendez-vous de Luanda devrait entériner cette évolution en exigeant un plan détaillé des troupes de Kigali, l’acceptation du principe de la responsabilité et de la judiciarisation des actes posés dans le cadre d’un éventuel accord.
Alors qu’on attend dans les prochaines semaines le dénouement du dossier du vote des membres non permanents du Conseil de sécurité (2025-2027), pour lequel la RDC jouit des chances réelles, force est de saluer, du coup, les efforts de la diplomatie de Félix Tshisekedi, même s’il y en a toujours parmi les Congolais qui trouvent des raisons de faire la fine bouche. La RDC est à nouveau un acteur sur lequel on peut compter et avec lequel il faut compter. Tous ces développements sont adossés à la signature d’une série d’accords inédits et dans plusieurs secteurs avec Pékin, mais aussi d’un partenariat non exclusif, centré sur la sécurité et la défense, avec la Russie.
L’amertume des partisans d’une approche par émotions, genre coup sur coup excluant une démarche réfléchie sur le long terme, ne se consolent pas. Leur amertume les pousse jusqu’à bouder le fait pourtant visible que la marge de manœuvre du Rwanda se réduit chaque jour sensiblement, et qu’à l’intérieur du pays des mille collines, le volcan de la contestation est proche de vomir sa lave incandescente.
Consolider le front intérieur
Il restera évidemment à assainir la scène politique nationale en l’expurgeant de tous ses moutons noirs au profit des cadres compétents certes, mais surtout, dont la loyauté est indiscutable. D’ici-là, Il est pour le moins symptomatique que pour des besoins de positionnement personnel sur la scène politique ou de buzz sur les réseaux sociaux, certains Congolais ne s’accordent aucune limite. Quitte, par exemple, à remettre à des calendes incertaines l’urgence de la question de la constitution, au motif pernicieux qu’elle ne résout ni celle du pain ni celle du miel.
S’il est vrai que ventre affamé n’a point d’oreille, il est tout aussi vrai, d’expérience, que ceux qui ont vendu leurs pays à travers l’histoire avaient toujours ventre rebondi et panse pleine, estimant néanmoins que leur boulimie ne pouvait pas s’arrêter en si bon chemin.
Sont tout aussi pathétiques ceux qui, après avoir soutenu à cors et à cris la loi Tshiani sur la nationalité lors de la campagne électorale, récusent désormais le principe d’une constitution qui lui accorderait pourtant la préférence, en raison des motivations et des frustrations d’ordre manifestement personnel. Au nom des mêmes motivations personnelles, on devrait ainsi s’abstenir de corriger les dérives du parlementarisme, l’impact négatif des assemblées provinciales et de leur émanation qui est le sénat, l’excès des immunités accordées aux anciens dirigeants, le poids des critères excessivement complaisants dans le choix des candidats aux fonctions politiques et managériales, la question de l’abandon de la souveraineté au profit d’une hypothétique unité africaine…
L’homme, dit le Sage, ne vit pas que du pain. Mais aussi de l’esprit qui est en lui et qui s’abreuve à la seule source qui le relie aux générations présentes, passées et à venir. Une évaluation rigoureuse de leur démarche globale devrait convaincre les Congolais que la faillite de l’état que déplore avec un certain aplomb le cardinal Ambongo, s’il n’était pas complaisant, plonge en réalité ses racines loin dans une décolonisation ratée depuis 1960 et non depuis l’accession au pouvoir de Félix Tshisekedi.
Jean Kenge Mukengeshayi
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