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Nettoyage du fichier des enseignants : Raïssa Malu Dinanga ferait mieux d’éviter la bavure de juillet 2021 commise avant son arrivée

Le nouveau Ministre d’Etat à l’Education Nationale et Nouvelle Citoyenneté, Raïssa Malu Dinanga, est appelée à user de sa sagesse pour ne pas tomber dans la même bavure de juillet 2021, au cours de laquelle un grand nombre d’écoles furent désactivées, à l’issue d’un travail de nettoyage du fichier de paie des enseignants et ce, au motif qu’elles étaient fictives, alors qu’elles existaient bel et bien.
C’est ce que pensent certains délégués syndicaux qui ont pris part aux derniers travaux de la Commission paritaire entre le banc syndical des enseignants et le banc gouvernemental, tenus à Kinshasa-Bibwa du samedi 10 au samedi 23 août 2024.
En effet, ces assises de la commission paritaire se sont clôturées avec l’option, parmi tant d’autres, d’améliorer les conditions socio-professionnelles des enseignants, après toilettage de leur fichier jugé corrompu. Un comité interministériel composé de représentants des Ministères de la Fonction Publique, du Budget, des Finances et de l’Education Nationale, ainsi que des syndicalistes, devra être mis en place pour procéder à l’identification de tous les enseignants, en vue d’élaguer les fictifs et récupérer les ressources financières.
Cette opération, estiment les enseignants, s’avère dangereuse et risque de faire répéter l’histoire, si elle est menée avec l’idée de chercher les poux dans la calvitie, comme nous l’avions vécu par le passé. A la date d’aujourd’hui, la question des enseignants désactivés figure parmi les revendications des Syndicats, car bon nombre d’enseignants demeurent non reactivés.
« La situation des enseignants NU et NP, ainsi des enseignants désactivés par le Ministre qui vient de partir, est prise en compte dans nos revendications », a déclaré Cécile Tshiyombo à la presse, le jeudi 30 aout 2024.
Ayant requis l’anonymat, un Chef de Sous-Division dans la province éducationnelle de Kinshasa-Tshangu, reste confiant que le nouveau Ministre, se servant de cette bavure du passé, n’admettra pas qu’il ait des cas de désactivation abusive.
« La désactivation des écoles en juillet 2021, aura été la première erreur commise par les anciens dirigeants du Ministère de l’EPST, qui auraient été induits en erreur par un rapport tronqué que les services leur ont présenté. C’est un précédent fâcheux qui continue à opposer, jusqu’à présent, les enseignants non réactivés à l’employeur qui est l’Etat. Nous osons croire que le nouveau Ministre d’Etat à l’Education Nationale et Nouvelle Citoyenneté, Raïssa Malu, à l’occasion de la prochaine opération d’identification, passera au peigne fin tous les rapports, avant de prendre une décision », nous a-t-il déclaré.
Cependant, rappelons-le, nous assistons maintenant à un cercle vicieux sur cette question des effectifs des enseignants. Le service de communication de l’ancien Ministre de l’EPST, Tony Muaba Kazadi, ont listé 77 grandes actions réalisées par ce dernier, en trois ans de règne à la tête du Ministère, parmi lesquelles sont citées la maitrise des effectifs et la fiabilisation du fichier de paie des enseignants. Il est donc étonnant que la question soit encore d’actualité.
La nouvelle opération d’identification ne remet-elle pas en cause, le travail fait par Tony Muaba Kazadi, qui a procédé de la même manière après le départ de Willy Bakonga ? A quand la maitrise réelle des effectifs des enseignants ?
Une certaine opinion soutient que la grande difficulté pour l’amélioration des conditions sociales des enseignants craie à la main, demeure la pléthore des effectifs dans les bureaux gestionnaires et services centraux, notamment la DINACOPE, EDUC-TV et la DGC.
Au cours d’un entretien accordé à la rédaction de CONGOPROFOND.NET la semaine dernière, le Secrétaire Général du SYECO, Cécile Tshiyombo, a donné sa signification de vrais enseignants.
« Ce sont les enseignants debout qui enseignent les élèves dans les écoles. Les administratifs ne sont pas des enseignants. Ils sont appelés enseignants tout simplement pour brouiller les effectifs. Et donc, il y a lieu de nous poser la question de savoir combien d’écoles publiques avons-nous et pour combien d’enseignants ? C’est là où réside le problème », nous a-t-elle indiqué.
A en croire le VPM de la Fonction Publique, Jean-Pierre Lihau Ebua, les affectations des agents dans l’administration publique dans son ensemble, se sont faites sans respect des cadres organiques, mais sur base de clientélisme, népotisme et militantisme. C’est ce qui est à la base, selon lui, à la pléthore des effectifs qui devient une charge lourde pour le Trésor public.
Le Ministre Raïssa Malu Dinanga est appelée, par plusieurs opérateurs pédagogiques, à faire œuvre utile en se démarquant de tous ses prédécesseurs. Pour rappel, plusieurs écoles étaient désactivées du fichier de paie en juillet 2021, laissant les enseignants sans salaires pendant 5 mois. Ceux de Kinshasa, à l’instar de l’E.P NYEMBA à Kimbanseke, l’E.P LUYINDULA à Bumbu et l’INST. TOCO à N’djili, ayant été révoltés par l’aggravation de leur souffrance, ont organisé, en décembre de la même année, des Sit-in devant le cabinet de l’ancien Ministre Tony Muaba Kazadi qu’ils accusaient être responsable de leur désactivation. La pression fut tellement grande que ce dernier a fini par céder. Ils ont commencé à percevoir manuellement leurs salaires de décembre, en attendant leur réactivation par suite. Néanmoins, ils continuent à revendiquer leurs arriérés non payés, auprès de nouvelles autorités qui payent le pot cassé, au nom de la continuité de l’Etat.
Bref, le Ministre d’Etat Raïssa Malu doit user de sa sagesse, pour que l’histoire ne se répète pas. Ravir les salaires des enseignants qui sont actifs en de les redéployer ailleurs au profit d’autres enseignants, c’est de déshabiller Saint Pierre, pour habiller Saint Paul. Ça sera un contentieux de plus.
Jules KISEMA KINKATU/CONGOPROFOND.NET
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Braquages en série à Lemba : Une police dépassée face à l’insécurité galopante

Depuis trois ans, la commune de Lemba, autrefois considérée comme relativement paisible au cœur de Kinshasa, est devenue le théâtre récurrent de braquages spectaculaires. Ces actes criminels, souvent commis en plein jour, se sont multipliés sous le regard impuissant, voire complice, d’une police de plus en plus critiquée pour son inefficacité.
Le dernier épisode en date illustre crûment cette dérive sécuritaire : ce lundi 28 avril 2025, aux alentours de 16 heures, un commerce situé à Lemba Terminus a été violemment attaqué par des individus armés. Ce braquage a de quoi choquer d’autant plus qu’il s’est produit à quelques mètres seulement d’un poste de police censé garantir la sécurité des riverains et des commerçants.
Pour les habitants de Lemba, ce nouvel incident n’est qu’un triste écho d’une réalité désormais banalisée. « Nous ne sommes plus en sécurité, même en plein jour et sous les yeux de ceux qui sont censés nous protéger », témoigne un commerçant du quartier, visiblement écoeuré.
Depuis 2022, Lemba a connu une série de braquages visant tantôt des boutiques, tantôt des cambistes, souvent sans qu’aucune arrestation sérieuse ne soit enregistrée. Les braqueurs agissent avec un sang-froid inquiétant, comme s’ils savaient d’avance qu’ils bénéficieraient d’une impunité totale. Comment expliquer qu’un commerce puisse être attaqué à proximité immédiate d’un poste de police sans que les agents n’interviennent rapidement ? À Lemba, la question ne fait plus débat : pour beaucoup, la police est non seulement inefficace, mais parfois soupçonnée de collusion avec les malfrats.
Face à la recrudescence de ces attaques, les autorités locales restent étrangement silencieuses, se contentant de promesses vaines après chaque drame. Pendant ce temps, l’insécurité s’enracine, forçant les commerçants à vivre dans la peur et parfois à recourir à des moyens privés pour assurer leur protection.
La situation de Lemba est un reflet inquiétant d’une réalité plus large : tant que l’impunité prévaudra, tant que la police restera passive-ou pire, complice-la sécurité des citoyens de Kinshasa restera un mirage lointain.
Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET