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Mois de la Femme 2023 : Le thème de cette année était factice et fantaisiste ! ( Interview avec Belinda Dongo, Entrepreneure et Activiste)
La célébration de la journée de lutte pour les Droits de la femme est une occasion de réfléchir, notamment sur les droits et les conditions spécifiques des femmes. La RDC a prolongé la “journée” de la femme sur tout le mois de mars. Une touche particulière, un exploit inédit dû au génie créateur de la RDC. Mais plusieurs observateurs se plaignent du manque de concrétisation des différents messages des thèmes conçus en marge de la célébration et d’initiatives dans le chef des femmes de la RDC et des politiques publiques claires dans le sens de faire avancer la situation de la femme en termes de Droits et d’opportunités.
En revanche, la célébration de la journée internationale des droits de la femme (ou le “mois de la femme”) a été réduite en une journée ou un mois de réjouissances. D’autres mettent la barre très haut, en fustigeant le fait que cette célébration est devenue un “jour de pagne”, une fête du pagne. Belinda Dongo, entrepreneure et membre de la société civile en RDC, estime qu’il est temps de faire changer les choses. “Dédier tout le mois de mars [à la célébration de la journée internationale des droits de la femme, NDLR] démontre la situation peu reluisante de la femme congolaise dans les sphères décisionnelles du pays”, dit-elle.
Pour elle, le thème de cette année consacré au numérique est factice, simplement fantaisiste, tant que la gouvernance ne tient pas compte de besoins concrets des populations avant de prendre ce qui convient de suivre.
CONGOPROFOND.NET l’a approchée pour lui donner l’occasion d’expliciter son attitude vis-à-vis de l’organisation de la célébration du mois de la femme ou de la journée internationale des droits de la femme en République démocratique du Congo.
Congoprofond : Votre présentation. Que peut-on retenir de vous ? Qui êtes-vous ?
Belinda Dongo : Je suis Belinda L. Dongo, passionnée de l’Afrique et Entrepreneure. Je suis Directrice de “Virtual Masq Sarlu”, une entreprise de communication tournée vers le digital, et je suis la Promotrice du “Made In Africa Identity”, un évènement panafricain de promotion de la peau noire, des cheveux crépus et de la mode africaine.
Je suis aussi la représentante RDC de “Maman soloeotop”, organisation qui milite pour l’autonomisation de la cheffe de famille monoparentale.
Si je ne suis pas bavarde, je suis aussi la Présidente Nationale de la Jeune Chambre Internationale RDC, une organisation de jeunes de 18-40 ans qui a pour objectif d’offrir aux jeunes des opportunités de développement du leadership en leur donnant la capacité de créer des changements positif.
Congoprofond : La RDC a dédié tout le mois de mars à la femme. Que cela vous inspire-t-il ? En quoi la célébration du mois de la femme est-elle bénéfique pour la femme congolaise ou pour le pays ?
Belinda Dongo : La femme est le levier par lequel la RDC prendra son envol en terme de développement. Cependant, dédier tout le mois de mars à la célébration démontre simplement la situation peu reluisante de la femme congolaise dans les sphères décisionnelles du pays.
Cela indique que la conscience collective féminine a besoin d’être renforcée par une serie d’actions propres aux femmes. Ce qui m’attriste, c’est que la célébration en elle-même a été tournée en foire aux pagnes, aux fêtes et en fête de couple. Juste une fête de plus pour faire plaisir aux femmes fragiles ! Arrêter de travailler pour que les femmes se reposent.
Voyons les choses autrement. Un mois entier pour des activités féminines crée déjà un climat d’inégalité de genre. Or la journée de la femme est à la base une journée d’auto-évaluation en termes du droit humain auquel les femmes n’avaient jadis pas droit.
Ainsi, après cette évaluation, on continuerait le combat pour les droits de la femme quotidiennement toute l’année pour rétablir l’équilibre sociétale qui fait défaut. Il est aussi important de conscientiser en même temps les hommes à prendre leurs responsabilités afin d’atteindre cet équilibre sociétal tant recherché par les femmes.
Pour moi, je pense que le mois de mars doit être un moment de dialogue sincère entre les genres et non un mois où les inégalités de genre sont plus accentuées mais cette fois vis-à-vis des hommes.
Congoprofond : Dans le cadre de vos différentes structures de la société civile où vous avez des responsabilités, avez-vous des activités en marge du mois de la femme (dans le passé et pour 2023)?
Belinda Dongo : Personnellement, non. Je bosse pour le changement de mentalités de la femme congolaise chaque jour. Et je pense que attendre un mois particulier pour le faire est du pur suivisme et de l’opportunisme. Nos soeurs ont besoin d’attention particulière au quotidien !_
Congoprofond : Le thème retenu par ONU Femmes pour la célébration de la journée de la femme cette année est: « Education numérique égalitaire pour la paix et l’autonomisation des femmes et des filles en RDC ». Que veut-il dire pour vous ? Quel regard avez-vous de l’éducation de la Femme en RDC ?
Comment, selon vous, le numérique peut-il contribuer à l’autonomisation des Femmes et filles de la RDC ?
Belinda Dongo : Sincèrement, ce thème ne m’inspire pas grand-chose. En toute franchise, c’est un peu hors contexte. La malnutrition serait à un niveau le plus élevé en RD-Congo (42%). Demander à une personne qui n’a pas accès au basique de se munir du digital est absurde. Cela équivaut à limiter la thématique annuelle à une certaine minorité minoritaire.
On va donc continuer à multiplier les mois de mars pour une certaine classe perdant que le besoin réel de la femme congolaise pour son autonomisation est ailleurs.
Pour bien étudier, par exemple, il faut manger sainement. C’est le besoin basique à pourvoir pour amorcer le développement. Si j’ai faim, l’accès au digital devient un superflu : “primo manducare, deinde philosophare”, disent les Romains.
Encore une année checkbox de plus. Dommage !
Propos recueillis par Émile Yimbu
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Top 50 Forum : 50 femmes juristes honorées et primées en RDC
Le magazine Top 50 RDC Forum a récompensé 50 femmes juristes, le vendredi 6 septembre dernier, dans la salle du Capitole de Rotana hôtel, en leur dotant des prix et certificats d’honneur.
Cette première édition a été marquée par le prix « Spécial women Lawyer » qui a été remis à Me Eulalie Kibaka, première femme juriste congolaise, Me Cherine Luzaïsu bâtonnière du Kongo-Central et Me Rose Tumba Kaja, première femme bâtonnière de la RDC et bâtonnière honoraire du Haut-Katanga.
Leurs expériences, expertises, courages, déterminations, bons témoignage résument la raison de leurs sélections pour cet événement.
« La femme n’est plus un problème, la femme est une pièce maîtresse des solutions sur les problèmes sociétaux que nous avons. Nous connaissons les problèmes qu’a notre pays. Le chef de l’Etat se plaint de la situation juridique de la RDC gangréne par la mafia (…). C’est à partir de là qu’on s’est dit pourquoi ne pas commencer par les femmes juristes ? Car la justice élève une nation… » s’est exprimé Elysé Zoé Bumba, l’organisateur.
Top 50 RDC a valorisé le talent de la femme congolaise dans le domaine juridique mais sa mission dans les jours à venir est de reconnaître d’autres talents ainsi que de valoriser les femmes et façonner de l’avenir en RDC.
Dorcas MwavitaMwavita/CONGOPROFOND.NET
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