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Linafoot/Phase retour: présidents des clubs, arbitres et supporters placés devant leurs responsabilités

Trois jours intenses pour les membres de la commission de la Ligue Nationale de Football ( Linafoot) sont occupés aux derniers réglages avant le début de la phase retour de la 25e édition du championnat de la Ligue I.
En effet, la Linafoot a rassemblé autour d’elle, d’abord le mardi 07 janvier, les présidents des supporters des clubs; ensuite, le mercredi 08 janvier, les présidents des clubs et pour finir, le jeudi 09 janvier les arbitres de son championnat.
Les supporters interpellés sur la violence
A l’endroit des présidents des supporters, il était question de les sensibiliser à l’encadrement des supporters au civisme en marge de la manche retour qui démarre incessamment. Mais aussi sur la vente des cartes *KANDA* pour l’accès aux matchs.
Avec les présidents des clubs, les violons se sont accordés
Le mercredi 08 janvier, c’était le tour des présidents des clubs pour harmoniser sur certains points, notamment le calendrier d’autant plus que l’organisation du CHAN 2020 se tiendra au mois d’avril 2020. « Nous échangions tous les jours pour améliorer la ratio de notre championnat. Nous sommes satisfaits de cet échange. Le grand problème, c’est l’organisation du CHAN Cameroun qui tombe au mois d’avril. Donc ça va sans doute gêner le championnat. Il fallait qu’on se mette d’accord sur ça. Nous aurions souhaité que le championnat puisse terminer avant le CHAN. Nous avons voulu aussi que les dirigeants sensibilisent quand même leurs supporters sur la violence aux stades », a évoqué le président de la Linafoot, Bosco Mwehu Kofela Beya, à la sortie de cette réunion tenue au siège national de la FECOFA
Les arbitres interpellés sur la moralité
La troisième et dernière étape a eu lieu le jeudi 09 janvier. Cette-fois-ci au siège de la Linafoot où les membres de la commission étaient en face des arbitres. Plusieurs fois indexés d’être au centre des violences, les arbitres n’ont pas été oubliés par l’organisateur qui les a sensibilisés sur leur moralité.
« On nous a interpellés par rapport à la phase retour. Nous devons faire un plus par rapport à la première phase, surtout sur la moralité. Vous savez que le championnat est serré et dans des moments pareils les arbitres sont indexés en premier. Je crois que nous ferons l’essentiel, surtout de ne pas trébucher », a dit le nouvel arbitre international, Makombo Neushiye.
Signalons par ailleurs que l’annonce officielle du démarrage de la phase retour sera faite un de ces quatre matins par la commission nationale de la Linafoot devant la presse.
Jolga Luvundisakio/CONGOPROFOND.NET
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Valentin Yves Mudimbe s’en est allé, mais sa parole demeure : l’Afrique orpheline d’un géant de la pensée

Ce jour, la République Démocratique du Congo, l’Afrique et le monde intellectuel viennent de perdre un monument. Valentin Yves Mudimbe, philosophe, écrivain et penseur hors pair, s’est éteint aux États-Unis, laissant derrière lui une œuvre aussi dense que subversive, une parole aussi lucide qu’indomptable.
Né en 1941 à Jadotville (actuelle Likasi), en RDC, Valentin Yves Mudimbe fut l’un des intellectuels africains les plus influents du XXᵉ et du XXIᵉ siècle. Professeur émérite à l’Université Duke, anthropologue, linguiste et romancier, il a marqué les sciences humaines par sa critique radicale des épistémologies coloniales et sa déconstruction des discours dominants sur l’Afrique.
Son œuvre majeure, The Invention of Africa (1988), reste un texte fondateur des études postcoloniales. Mudimbe y démontre comment l’Afrique a été « inventée » par le regard occidental, à travers des catégories de savoir qui ont nié ses propres logiques de pensée. Pour lui, « l’Afrique n’existe pas en dehors des représentations qui la constituent », une thèse qui a révolutionné la manière d’appréhender le continent.
Yves Mudimbe n’était pas seulement un théoricien : c’était un penseur du soupçon, toujours en éveil face aux illusions des idéologies, qu’elles soient coloniales, nationalistes ou néolibérales. Dans L’Odeur du père (1982), il explore les contradictions des élites africaines post-indépendances, dénonçant leur aliénation mimétique. Son roman Entre les eaux (1973) questionne la tension entre engagement politique et spiritualité.
Il a révélé sa propre trajectoire de prêtre jésuite devenu philosophe laïc. Ses travaux sur Foucault, Derrida et les structuralistes européens en font un passeur exceptionnel entre les traditions intellectuelles africaines et occidentales. Pourtant, il refusait toute étiquette : « Je ne suis ni un afrocentriste, ni un occidentaliste. Je suis un penseur de la fracture, de l’entre-deux », disait-il.
Aujourd’hui, alors que l’Afrique est confrontée à de nouveaux défis – néocolonialismes économiques, crises démocratiques, guerres d’influence –, la pensée de Mudimbe reste d’une brûlante actualité. Son questionnement sur « les conditions de production du savoir africain » invite à repenser l’université, la recherche et les médias du continent. Il laisse derrière lui des disciples à travers le monde. Des chercheurs qui continuent de déconstruire les récits hégémoniques.
« Mudimbe nous a appris à douter, à interroger nos propres certitudes ». La RDC en deuil mais l’Afrique en héritage, conclut le polymathe, cet autre géant de la pensée post-coloniale. Le Congo pleure l’un de ses plus grands fils, mais son héritage est impérissable. Dans un pays souvent meurtri par l’amnésie historique, Yves Mudimbe rappelait que « la mémoire est un acte de résistance ».
Alors que les hommages affluent du monde entier – de Paris à Johannesburg, de Dakar à New York –, une certitude s’impose : Yves Mudimbe est mort, mais sa parole, elle, ne mourra jamais. « Les mots ne sont pas innocents. Ils portent en eux la violence de l’histoire. » — Valentin Yves Mudimbe
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR
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