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L’éternité béante : Un abîme de réflexions sur le temps et l’existence
L’éternité, concept souvent romantisé et mystifié, évoque des notions de paix, d’immortalité et de transcendance. Pourtant, en y réfléchissant de manière critique, nous découvrons une vision plus complexe : celle de l’éternité béante, un gouffre qui remet en question notre compréhension du temps, de la vie et de notre place dans l’univers.
Que signifie vraiment vivre dans un monde qui pourrait être, dans un sens, infiniment vide. Traditionnellement, l’éternité est perçue comme un état d’existence sans fin, une continuité dénuée de commencement et de fin. Dans les religions, elle est souvent synonyme de paradis ou de damnation éternelle. Pourrions-nous réellement concevoir l’infini ?
Cependant, en adoptant une perspective plus séculière, nous pourrions envisager l’éternité non pas comme un refuge, mais comme une béance, un vide où le sens s’amoindrit. Si l’éternité est véritablement infinie, que signifie vivre un instant dans un continuum sans bord ? Chaque moment devient dérisoire dans le cadre d’un infini où les expériences individuelles semblent insignifiantes.
La conscience humaine est intrinsèquement liée à la temporalité. Nous vivons des moments, nous éprouvons des émotions, et nous construisons des récits. Pourtant, si nous envisageons l’éternité comme un abîme, nous sommes confrontés au paradoxe de notre propre existence. La plupart d’entre nous ressentent une angoisse face à la permanence de l’éternité.
Car elle soulève des questions existentielles : que reste-t-il de notre individualité dans un schéma où tout est éternellement répétitif ? Ce paradoxe soulève une autre interrogation : l’éternité rend-elle nos vies plus précieuses ou les dépouille-t-elle de leur sens ? Si tout est destiné à perdurer indéfiniment, la valeur de chaque instant pourrait-elle diminuer ?
Dans la culture moderne, l’éternité béante se manifeste à travers des thèmes récurrents dans la littérature, le cinéma et l’art. Des œuvres de science-fiction aux réflexions sur le transhumanisme, nous explorons des futurs où la mort est surmontée et où l’humanité est confrontée à des vies sans fin. Ces représentations évoquent souvent un sentiment de désespoir et d’aliénation.
Comme si l’éternité devenait un fardeau plutôt qu’un cadeau. L’éternité béante est également présente dans notre rapport à la technologie. Les réseaux sociaux, avec leur captation continue des moments de vie, créent une illusion d’immortalité, où chaque instant est préservé dans un flux constant. Cependant, cette immortalité numérique soulève des questions : que devient l’authenticité de nos expériences ?
L’éternité de nos images et de nos mots ne nous condamne-t-elle pas à une superficialité sans fin ? Ainsi, l’éternité béante nous invite à repenser notre rapport au temps et à l’existence. Au lieu de chercher à fuir l’idée de la mortalité, nous pourrions embrasser notre temporalité. La conscience de la finitude peut nous permettre d’apprécier la beauté éphémère de chaque instant.
Une autre approche pourrait consister à voir l’infini non pas comme une menace, mais comme une toile de fond pour notre expérience humaine. Plutôt que de nous perdre dans l’abîme de l’éternité, nous pourrions réévaluer notre existence en mettant l’accent sur le moment présent, sur la qualité des expériences vécues, et sur la profondeur de nos relations.
L’éternité béante, loin d’être un simple concept abstrait, se révèle être un miroir révélateur de nos angoisses, de nos espoirs et de notre quête de sens. En confrontant cette notion, nous sommes invités à redéfinir notre rapport au temps, à la mémoire et à notre existence. Plutôt que de percevoir l’éternité comme un horizon inaccessibile, nous pouvons la considérer comme une opportunité.
Celle de célébrer la fugacité de la vie. En embrassant notre mortalité, nous découvrons la valeur des instants, la profondeur de nos relations et la beauté intrinsèque de notre parcours. C’est dans cette acceptation que réside peut-être la véritable essence de notre humanité, où chaque moment devient une étoile dans l’immensité d’un ciel infini.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR
À la Une
Insécurité et intimidation : Un coordonnateur syndical de la santé pris pour cible à Kinshasa
Une nouvelle alerte vient raviver les inquiétudes autour de la sécurité des leaders syndicaux en République démocratique du Congo. Jean Fidèle Boyoo, coordonnateur national de l’Intersyndicale de la Santé, affirme avoir été victime d’une attaque armée dans la nuit du jeudi 11 au vendredi 12 décembre 2025, à son domicile situé à Mont Ngafula, dans l’ouest de la ville de Kinshasa.
Selon son témoignage, des hommes armés non identifiés ont tenté de l’agresser à son domicile. Le pire aurait été évité grâce à l’intervention rapide des éléments de la Police nationale congolaise affectés à un poste de garde à proximité. « C’est la deuxième fois que cela m’arrive. Je crains pour ma vie et celle de ma famille. J’appelle à l’intervention directe du chef de l’État », a-t-il déclaré dans un message rendu public.
Figure de proue du syndicalisme dans le secteur de la santé, Jean Fidèle Boyoo est engagé depuis octobre 2024 dans la lutte pour le paiement des compléments de primes des agents de santé. Il accuse les ministères du Budget et des Finances de n’avoir toujours pas validé les dossiers nécessaires, compromettant le versement des primes de fin d’année et plongeant des milliers de soignants dans l’incertitude à l’approche des fêtes.
Dans sa déclaration, le syndicaliste dénonce également les blocages liés aux exigences du système FEMI, qu’il considère comme un frein majeur à l’amélioration des conditions sociales des agents de l’État. Il fustige un mécanisme qu’il juge rigide et peu favorable aux travailleurs du secteur public, en particulier aux professionnels de santé.
Jean Fidèle Boyoo affirme avoir alerté l’ensemble des services de sécurité compétents, sans obtenir de réponse concrète à ce jour. Face à la menace persistante, il dit avoir été contraint de quitter son domicile de Mont Ngafula avec sa famille. Il estime que cette insécurité est directement liée à son engagement syndical. « Je suis syndicaliste, je défends les droits dans le cadre d’un État de droit. Pourquoi dois-je être victime pour cela ? », s’interroge-t-il.
Cet incident relance le débat sur la protection des leaders syndicaux en RDC, notamment ceux qui dénoncent ouvertement les dysfonctionnements institutionnels. Jean Fidèle Boyoo en appelle à une réaction rapide du gouvernement et sollicite la protection personnelle du Président de la République, Félix Tshisekedi, afin de garantir sa sécurité et celle de sa famille.
Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET
