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Législatives 2023 : Des candidats avec leurs mamans, filles, fils, oncles et tantes « suppléants » dans la course !

La Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) a enregistré 20.000 candidats à l’élection de députés nationaux pour 500 sièges à l’Assemblée nationale en République démocratique du Congo.
Mais un constat mérite d’être signalé : plusieurs candidats ont aligné des membres de leurs familles respectives comme suppléants. Pour de nombreux observateurs, ce phénomène illustre la volonté de candidats à se succéder en « mode famille » au moment opportun, au grand dam de nombreux membres de leurs partis politiques.
Le phénomène est observable à travers toute la république. CONGOPROFOND.NET a osé ce recensement à travers le pays.
Au Kwango, à titre illustratif, c’est le candidat Doug Kulungu qui remporte la palme d’or ! Député national de son état, le candidat de l’ACR pour la circonscription électorale de Kasongo-Lunda, a aligné comme suppléants respectivement son frère et sa sœur. Dans Kenge-Territoire, le journaliste Émile Yimbu a aligné son épouse comme première suppléante. Lors d’une interview avec une radio locale, il a expliqué qu’il a sélectionné sa femme en dernier recours après avoir tenté avec plusieurs personnes. « Nombreux ne croient pas que je peux remporter l’élection, et ils choisissent de ne pas accepter de s’aligner avec moi ». En plus, « ma femme n’est pas membre de ma famille ! », a-t-il ironisé.
Le candidat Mboso N’kodia Mpwanga, leader du regroupement politique AACRD, est critiqué pour avoir aligné son fils. Plusieurs témoignages rapportent certains candidats députés ont choisi leurs mamans et papas comme suppléants.
Les réseaux sociaux, qui delivrent à la critique, signalent que le candidat Matadiwamba, député national de l’AFDC-A de Bahati Lukwebo, a aligné son fils Kapende Matadiwamba comme suppléant. Mademoiselle Muzinga Tyty a préféré ses deux sœurs Muzinga Angélique et Muzinga Merveille. L’ancien ministre Provincial de la fonction publique du Kwango, Ngangu Muputu, a aligné son fils. Le gouverneur Jean-Marie Peti-Peti Tamata s’est porté candidat dans la circonscription électorale de Kenge-Territoire. La première suppléante serait sa femme, selon ceux qui disent la connaître.
A Sakania, la candidate UDPS/Tshisekedi a aligné des enfants comme suppléants. Mais l’ancien ministre des Sports, Serge Khonde Chembo a aligné son épouse et sa belle-sœur (première et deuxième suppléantes). Le vice-gouverneur du Haut-Katanga, le candidat Jean-Claude Kamfwa, s’affiche avec sa fille comme première suppléante dans la circonscription de Lubumbashi.
Dans le territoire de Pweto, le ministre provincial de pêche et élevage Aerts Kayumba est aussi candidat. Il a sur sa liste son épouse et sa fille.
Quant à Lusenge Jérôme, député élu de Lubero, au Nord-Kivu, il a carrément « nommé » à nouveau sa femme première suppléante, son fils deuxième suppléant à la députation nationale.
A Kinshasa, la députée Colette Tshomba, membre du Bureau de l’Assemblée, a aussi placé sa propre fille comme première suppléante.
Cerise sur le gâteau, le député national Delly Sessanga qui avait initié et soutenu un projet de loi contre cette pratique à l’Assemblée nationale, a lui-même aligné sa jeune sœur comme 1ère suppléante.
Un autre fait observable : des membres qui se réclament appartenant à la Société civile ou à l’organisation théocratique dite « Témoins de Jéhovah », ont également postulé à la députation à de nombreux points du pays.
Les uns et les autres clament simplement que leur geste n’enfreint aucune disposition de la loi.
Dorcas Ntumba/CONGOPROFOND.NET
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Affaire « Mutamba » : La justice congolaise se réveille, enfin, et gifle son propre ministre !

C’est une gifle institutionnelle, brutale et symbolique. En informant le ministre d’État en charge de la Justice, Constant Mutamba, que « la phase de l’instruction étant clôturée, sa récusation n’a plus d’effet », le Parquet général près la Cour de cassation lui signifie clairement qu’il ne peut ni ralentir, ni saboter la machine judiciaire. Même en tant que Garde des Sceaux !
Cette affaire de détournement des fonds destinés à la construction des prisons, aux allures de bras de fer entre le pouvoir judiciaire et l’un des piliers de l’Exécutif, révèle une chose essentielle : la Justice congolaise, souvent brocardée pour sa soumission au politique, ose-du moins en apparence-affirmer une once d’indépendance. Et ce n’est pas rien.
Constant Mutamba, connu pour son activisme, sa rhétorique de « rupture », et son zèle au service du régime Tshisekedi, croyait peut-être pouvoir manœuvrer dans un dossier où son nom ou son influence pourraient peser. En vain. Le ministère public lui rappelle que le temps des diversions est passé, que la procédure avance, et que la République ne saurait être prise en otage par un ministre, fût-il celui de la Justice.
Mais attention : derrière cet acte de fermeté, la méfiance reste de mise. Le système judiciaire congolais n’est pas encore guéri de ses vieux démons : instrumentalisation, règlements de comptes, et juges à la carte. La procédure en cours devra donc prouver qu’elle est animée par l’intérêt général, et non par une guerre de clans déguisée en croisade pour la vérité.
Quoi qu’il en soit, ce désaveu public infligé à Constant Mutamba entame son autorité, fragilise son image, et interroge sur la suite de sa mission au sein du gouvernement. Peut-on incarner la Justice quand on est soi-même rattrapé par elle ?
L’affaire ne fait que commencer.
Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET