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Le tribalisme institutionnel en RDC : un frein majeur au développement national

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La République Démocratique du Congo (RDC), pays d’une immense diversité ethnique et culturelle, fait face à un défi de taille : le tribalisme institutionnel. Ce phénomène, s’est amplifié ces dernières années et constitue un obstacle majeur au développement harmonieux du pays. Notre analyse se penche sur la manière dont cette pratique s’est enracinée dans les sphères religieuses et académiques, deux piliers essentiels de la société congolaise.

L’héritage colonial et ses répercussions actuelles

L’histoire de la RDC est profondément marquée par son passé colonial. La stratégie du “diviser pour régner” employée par les autorités belges a laissé des cicatrices durables dans le tissu social du pays. Cette politique a exacerbé les divisions ethniques, créant un terrain fertile pour le tribalisme qui persiste jusqu’à aujourd’hui.

Les données démographiques, bien qu’anciennes, témoignent de la complexité ethnique du pays. Le dernier recensement officiel, datant de 1984, dénombrait plus de 350 groupes ethniques distincts. Cette diversité, qui pourrait être une source de richesse culturelle, est souvent instrumentalisée à des fins politiques et économiques.

Les communautés religieuses : un miroir des divisions ethniques

Les grandes communautés religieuses de la RDC, notamment les églises évangéliques, sont au cœur de cette problématique. Des observations sur le terrain et des analyses de la composition des organes de direction de ces institutions révèlent une tendance inquiétante à la surreprésentation de certains groupes ethniques.

Prenons l’exemple de la Communauté Baptiste du Centre de l’Afrique (CBCA), une institution majeure dans l’est du pays. Bien qu’opérant dans une région multi-ethnique, la composition de ses instances dirigeantes semble favoriser de manière disproportionnée les membres d’une ethnie particulière.

De même, la Communauté Presbytérienne de Kinshasa (CPK), qui se veut une église nationale, présente une structure de leadership qui reflète une forte concentration régionale, avec une majorité de ses cadres supérieurs provenant d’une seule province.

Ces pratiques, loin d’être isolées, semblent être répandues dans de nombreuses institutions religieuses à travers le pays. Elles soulèvent des questions importantes sur l’inclusivité et l’équité au sein de ces communautés, censées promouvoir l’unité et l’égalité.

Le monde académique : reproduction des schémas tribaux

Le secteur de l’enseignement supérieur n’échappe pas à cette dynamique. Des observations dans plusieurs universités majeures du pays, tant publiques que privées, mettent en lumière des schémas similaires de favoritisme ethnique.

L’analyse de la composition du corps professoral et des postes administratifs dans certaines institutions révèle une surreprésentation flagrante de certains groupes ethniques. Cette situation est particulièrement prononcée dans les universités régionales, où le corps enseignant et l’administration reflètent souvent la composition ethnique locale, au détriment de la diversité nationale.

Cette pratique a des conséquences graves sur la qualité de l’enseignement et de la recherche. Elle limite la diversité des perspectives, freine l’innovation et perpétue un système où le mérite est souvent secondaire par rapport à l’appartenance ethnique.

Impact sur le développement national

Les répercussions du tribalisme institutionnel vont bien au-delà des murs des églises et des campus universitaires. Elles affectent profondément le développement économique et social du pays dans son ensemble.

Les indicateurs de développement placent systématiquement la RDC parmi les pays les moins avancés. Selon l’Indice de Développement Humain, la RDC se classe régulièrement dans le dernier quart du classement mondial. Bien que de nombreux facteurs contribuent à cette situation, le tribalisme institutionnel joue un rôle non négligeable en entravant la méritocratie et l’allocation efficace des ressources humaines.

Dans le secteur privé, des enquêtes menées auprès d’entrepreneurs révèlent que la discrimination basée sur l’origine ethnique reste un obstacle majeur dans l’accès aux opportunités d’affaires et aux financements. Cette situation freine l’innovation et la croissance économique, privant le pays de talents et d’idées qui pourraient contribuer à son développement.

Le jeu dangereux des alliances politiques

L’analyse des nominations à des postes clés au sein des institutions religieuses et académiques révèle souvent des coïncidences troublantes avec les changements politiques au niveau national ou provincial. Ces observations suggèrent l’existence d’un système d’échange de faveurs entre certaines communautés religieuses, des universités et le pouvoir politique.

Ce système de clientélisme basé sur l’appartenance ethnique perpétue un cercle vicieux où le mérite et les compétences sont relégués au second plan. Il contribue à maintenir en place des structures de pouvoir qui ne reflètent pas la diversité du pays et ne servent pas nécessairement ses intérêts à long terme.

Vers des solutions : initiatives et perspectives

Face à ce constat, des voix s’élèvent dans la société civile congolaise pour demander un changement. Des propositions émergent, telles que l’instauration de quotas ethniques dans les institutions publiques et parapubliques pour garantir une représentation équitable de toutes les communautés.

Certaines universités ont commencé à mettre en place des programmes visant à promouvoir la diversité ethnique au sein de leur corps enseignant et étudiant. Bien que ces initiatives soient encore à leurs débuts, elles représentent un pas dans la bonne direction.

L’inclusion : un défi pour l’avenir de la RDC

Le tribalisme institutionnel en RDC est un phénomène complexe, profondément enraciné dans l’histoire et la culture du pays. Son éradication nécessitera des efforts concertés de la part de tous les acteurs de la société congolaise.

La lutte contre cette pratique est essentielle pour l’avenir du pays. Elle est indispensable pour garantir l’égalité des chances pour tous les Congolais, indépendamment de leur origine ethnique, et pour permettre au pays de tirer pleinement parti de la richesse de sa diversité.

Le chemin vers une société plus égalitaire et méritocratique sera long, mais il est crucial pour la cohésion nationale et le développement durable du pays. Les années à venir seront déterminantes pour voir si la nation congolaise saura relever ce défi et transcender ses divisions pour construire un avenir commun prospère.

Franck Tatu


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ONU, Francophonie, processus de Luanda : La RD Congo est de retour en force !

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On ne l’attendait sans doute pas à ce niveau-là. Surtout pas en un moment où les éléments semblaient s’aligner pour précipiter la chute de la « bête », et offrir sa peau aux prédateurs. L’hallali était décrété mais les étoiles en ont décidé autrement.

Dans son rôle de porte-parole de toutes les causes perdues, Fridolin Ambongo Besungu a de nouveau embouché sa trompette pour entonner l’arlésienne de la faillite de l’état congolais, dont il se garde de situer le début dans le temps et l’espace, apparemment pour mieux épouser le tempo des réseaux sociaux et récolter leurs vivats.

Le cardinal ne s’est pas contenté de tâter le terrain. Il est allé plus loin en revendiquant les attaques les plus invraisemblables déversées par les croisés de la nouvelle révolution. Ces derniers, comble d’ironie, se sont comme par hasard donné rendez-vous dans la capitale du Royaume de Belgique transformée comme dans les années Mobutu en place forte de la subversion. Mais aussi à Genève devant le Conseil des Nations Unies pour les droits de l’homme, ainsi qu’à New York pour ceux qui ont fait le choix des soirées arrosées en copinant avec les multinationales, ou de se faire coacher par quelques démocrates dans l’espoir d’arracher une improbable légitimité.

Bref, le casting comme le timing avaient permis de surfer sur des relations qui se dégradent à vue d’œil entre la RDC et l’Union Européenne. Dont les principaux leaders ont fait le choix incroyable du double standard plutôt que celui de la justice pour asseoir des relations internationales plus saines et plus équitables ; mais aussi dans l’ambiguïté de l’attitude américaine face à la crise aujourd’hui tri-décennale de l’Est de la République Démocratique du Congo. Avec des conflits qui se suivent et se ressemblent, attisant les tribalismes et les irrédentismes, entretenant les égoïsmes pour mieux souffler sur les braises de la division et du pillage des ressources.

Les observateurs congolais sont des gens si subtils que ce qu’ils proclament comme analyses ne sont en réalité que des litanies d’émotions et frustrations qu’ils espèrent cacher à leurs compatriotes forcément naïfs sous le drap d’un flux d’informations ramassées vaille que vaille et qui n’ont pas toujours entre elles un lien logique.

Seulement voilà. Il y a des moments où la réalité, après avoir atteint et dépassé le stade de la fiction, confine au paradoxe pour les faibles d’esprit. Ceux qui voyaient, notamment, dans les voyages de Félix Antoine Tshisekedi de simples villégiatures destinées à égayer ses proches et à distraire ses compatriotes avouent désormais, quoique du bout des dents, leur surprise. Un : la plupart des états du monde n’hésitent plus aujourd’hui pour considérer le Rwanda comme un pays agresseur, tout en lui exigeant de retirer ses troupes de la RDC et de stopper les pillages découlant de son occupation. Deux : lentement mais sûrement, l’armée congolaise se reconstruit et conclut des alliances qui portent sur la durée. Trois : un nouveau rapport de force se dessine de plus en plus en s’inscrivant dans la durée face à des voisins qui regardent désormais la RDC d’un œil moins condescendant et plus respectueux.

La RD Congo est de retour

La politique des petits pas offre cette vertu rare que, comme la marche du caméléon, elle tient à s’assurer de ne pas se jeter les yeux fermés juste pour flatter son orgueil blessé, sans offrir la garantie de la justesse et de la fermeté de chaque pas engagé.

Qu’on le veuille ou non, qu’on s’en félicite ou qu’on le déplore, la République Démocratique du Congo est bel et bien de retour sur la scène internationale. Passé les effets pervers et déformants de la communication cathodique, souvent boursouflée et chaotique, où chacun des acteurs a tendance à se considérer comme le « nec plus ultra » sinon le nombril de la terre, force est de se rendre à l’évidence que, bon an mal an, la RD Congo est de nouveau là, en tout cas sur tous les théâtres où le dossier congolais se traite, afin d’être défendu par ses propres enfants.

La récente sortie fracassante de Félix Antoine Tshisekedi de son 19ème sommet de Paris a sonné comme l’amorce d’une nouvelle ère au sein de la francophonie, faisant bouger les lignes au point d’aboutir à la condamnation de la présence du Rwanda sur le territoire congolais et à la réaffirmation du principe de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation. Le prochain rendez-vous de Luanda devrait entériner cette évolution en exigeant un plan détaillé des troupes de Kigali, l’acceptation du principe de la responsabilité et de la judiciarisation des actes posés dans le cadre d’un éventuel accord.

Alors qu’on attend dans les prochaines semaines le dénouement du dossier du vote des membres non permanents du Conseil de sécurité (2025-2027), pour lequel la RDC jouit des chances réelles, force est de saluer, du coup, les efforts de la diplomatie de Félix Tshisekedi, même s’il y en a toujours parmi les Congolais qui trouvent des raisons de faire la fine bouche. La RDC est à nouveau un acteur sur lequel on peut compter et avec lequel il faut compter. Tous ces développements sont adossés à la signature d’une série d’accords inédits et dans plusieurs secteurs avec Pékin, mais aussi d’un partenariat non exclusif, centré sur la sécurité et la défense, avec la Russie.

L’amertume des partisans d’une approche par émotions, genre coup sur coup excluant une démarche réfléchie sur le long terme, ne se consolent pas. Leur amertume les pousse jusqu’à bouder le fait pourtant visible que la marge de manœuvre du Rwanda se réduit chaque jour sensiblement, et qu’à l’intérieur du pays des mille collines, le volcan de la contestation est proche de vomir sa lave incandescente.

Consolider le front intérieur

Il restera évidemment à assainir la scène politique nationale en l’expurgeant de tous ses moutons noirs au profit des cadres compétents certes, mais surtout, dont la loyauté est indiscutable. D’ici-là, Il est pour le moins symptomatique que pour des besoins de positionnement personnel sur la scène politique ou de buzz sur les réseaux sociaux, certains Congolais ne s’accordent aucune limite. Quitte, par exemple, à remettre à des calendes incertaines l’urgence de la question de la constitution, au motif pernicieux qu’elle ne résout ni celle du pain ni celle du miel.

S’il est vrai que ventre affamé n’a point d’oreille, il est tout aussi vrai, d’expérience, que ceux qui ont vendu leurs pays à travers l’histoire avaient toujours ventre rebondi et panse pleine, estimant néanmoins que leur boulimie ne pouvait pas s’arrêter en si bon chemin.

Sont tout aussi pathétiques ceux qui, après avoir soutenu à cors et à cris la loi Tshiani sur la nationalité lors de la campagne électorale, récusent désormais le principe d’une constitution qui lui accorderait pourtant la préférence, en raison des motivations et des frustrations d’ordre manifestement personnel. Au nom des mêmes motivations personnelles, on devrait ainsi s’abstenir de corriger les dérives du parlementarisme, l’impact négatif des assemblées provinciales et de leur émanation qui est le sénat, l’excès des immunités accordées aux anciens dirigeants, le poids des critères excessivement complaisants dans le choix des candidats aux fonctions politiques et managériales, la question de l’abandon de la souveraineté au profit d’une hypothétique unité africaine…

L’homme, dit le Sage, ne vit pas que du pain. Mais aussi de l’esprit qui est en lui et qui s’abreuve à la seule source qui le relie aux générations présentes, passées et à venir. Une évaluation rigoureuse de leur démarche globale devrait convaincre les Congolais que la faillite de l’état que déplore avec un certain aplomb le cardinal Ambongo, s’il n’était pas complaisant, plonge en réalité ses racines loin dans une décolonisation ratée depuis 1960 et non depuis l’accession au pouvoir de Félix Tshisekedi.

Jean Kenge Mukengeshayi


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Bientôt le magazine CONGO PROFOND dans les kiosques à journaux : Simplicité, Pertinence et Découverte