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Kongo Central: Le FONAREV annonce les premières réparations des victimes
A environ 200 km de la capitale Kinshasa, la ville de Kimpese, dans le Kongo central, a constitué le point de chute d’une longue itinérance qui a conduite la délégation du Fonarev (Fonds national de réparation des victimes des violences sexuelles liees aux conflits et autres crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité) en Ituri, au Nord et Sud-Kivu comme au Kasaï central.
Face aux femmes, Filles, enfants et autres ; adeptes du mouvement politico-religieux Bundu dia Kongo, victimes des événements sanglants entre 2007, 2008 et 2009 dans plusieurs villes du Kongo central, la délégation du FONAREV a prêté une oreille attentive pour mieux saisir les témoignages.
Pour une première depuis le début des cycles de violence dans le pays, les victimes de 5 provinces pilotes bénéficieront d’une réparation complète grâce a ce fond pour lequel, la Première dame de la République Denise Nyakeru Tshisekedi aura milité. Lucien LUNDULA LOLATUI a parlé de son institution comme un cadre de correction des erreurs du passé.
Avant Kimpese au Kongo Central, la délégation avait posé ses valises à Kananga, chef-lieu de la province du Kasaï Central.
Il s’est agi, pour Lucien Lundula, d’expliquer les missions du FONAREV dont il est le numéro Un. Il a laissé entendre que le FONAREV est un service public chargé de l’appui à l’accès à la justice, à la réparation, à l’autonomisation et au relèvement communautaire des victimes et de leurs ayants droit.
Fonctionnant sur base du décret du 23/20 du 06 juin 2023, le Fond National de Réparation des Victimes sexuelles liées au conflit et des victimes des crimes contre la paix et la sécurité d’humanité (FONAREV), est une structure permanente et pérenne de la justice transitionnelle en RDC. Il s’occupe également de la prise en charge holistique des victimes des crimes et des abus commis en RDC depuis 1993.
” Notre présence ici, c’est pour recueillir les attentes et besoins des différentes parties prenantes envie d’harmoniser les premières réparations collectives des victimes. Dans le schéma holistique de la justice transitionnelle, le FONAREV doit premièrement : aider à l’accès gratuit à la justice et à l’exécution de décisions judiciaires, deuxièmement, contribuer à la connaissance de la vérité sur ce qui s’est passé et troisièmement, offrir aux victimes, les réparations matérielles, moniteur, physique, socio-économique et psycho médical’’, explique Lucien Lundula.
Associée à cette activité, la Commission provinciale “Vérité, justice et réconciliation” a, par l’entremise du professeur Joséphine Bitota, sa vice-présidente, rassuré de la détermination des commissaires de ce service de fouiner pour connaitre la vérité sur tous les abus et graves violations des droits humains et droit international humanitaire avant de proposer ses bons offices qui sont, accès à la réconciliation et aux garanties de non répétition.
Après échanges avec des victimes, le FONAREV annonce un atelier dans les prochaines semaines avec les autorités, associations des victimes et commissaires de la Commission provinciale vérité, justice et réconciliation. Objectif : fixer les modalités concertées des premières réparations.
Plus des 10 jours sur le terrain, jour et nuits sans relâche bravant les difficultés de tout genre, la délégation du FONAREV, a réussi à se faire une idée claire des attentes et des besoins de ses compatriotes à qui la vie a tout arrachée.
La prochaine sera sans doute celle de la réparation proprement dite.
Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET
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“Les rébellions rwandaises au Kivu ( 1996-2024)” de Nicaise Kibel’Bel : Mettre fin à l’instrumentalisation de Kigali et batir, enfin, un système de défense digne d’un Congo convoité
Question : Monsieur Nicaise, votre dernier ouvrage dérange par son titre « Les rébellions rwandaises au Kivu ». Pourquoi avoir choisi ce titre ?
Nicaise Kibel’Bel Oka : Un titre n’est jamais choisi au hasard. Son choix répond au contenu et aux réalités du livre. Effectivement, le livre décrit toutes ces rébellions rwandaises depuis 1996 qui ont trouvé un terrain d’expérimentation sur le sol congolais. Pour l’illustrer par un exemple. A chaque fois qu’il y a dialogue entre le gouvernement et les « rebelles » congolais, avez-vous déjà vu les rebelles remettre armes et équipements militaires ? Ils ne peuvent pas le faire parce que ces armes ne sont pas les leurs. Et pire, ce ne sont pas les Congolais qui les manient au front.
Q. : Comment expliquez-vous alors cette stratégie du régime Kagame d’instrumentaliser des Congolais ?
N.K.O. : C’est une stratégie simple qui fonde toute la philosophie du pouvoir au Rwanda. Elle consiste à créer des zones de tensions et à les maintenir indéfiniment. Il y a des personnes, des médias et institutions payées pour alimenter ces conflits. Ces tensions sont à la base de la guerre hybride dans la région. En réalité, Kigali n’a que faire des « rebelles » congolais pour qui il n’a aucune considération. Depuis Laurent-Désiré Kabila jusqu’à Corneille Nangaa, ils sont vilipendés et jamais leurs noms ne sont cités au Rwanda.
Q. : Les rébellions rwandaises au Kivu. Comment comprendre que derrière elles, ce sont des revendications des populations d’expression kinyarwanda qui sont mises en avant ?
N.K.O. : Il faut apporter un bémol. Paul Kagame ne défend pas les populations d’expression kinyarwanda comme il a voulu longtemps le faire croire. Il défend selon lui les populations martyrisées Hamites en RDC. C’est toute la différence idéologique. Et tant qu’on ne comprendra pas cette distinction, on naviguera à vue dans la déstabilisation de la région.
Q. : Pouvez-vous être plus explicite dans ce que vous avancez ?
N.K.O. : Au Rwanda comme au Burundi, il y a trois ethnies (Hutu, Tutsi et Twa). Les Hutu et les Tutsi parlent tous le kinyarwanda mais ne sont pas des Hamites. Défendre les populations d’expression kinyarwanda signifierait défendre les Tutsi et les Hutu. Or, Kagame voue une haine viscérale contre les Hutu qu’il qualifie à tous les niveaux des « génocidaires ». Et donc, à défaut de les défendre et de les protéger, il doit les combattre, les neutraliser. C’est ce qu’il demande au gouvernement congolais. Comment la RDC perçoit la notion du génocide ? Est-ce que tous les Hutu même ceux qui sont Congolais sont des génocidaires ? Les populations Hamites du Congo subissent-elles de réprimandes ?
Q. : Selon vous, comment mettre fin alors à toutes ces rébellions rwandaises au Kivu ?
N.K.O. : Tout d’abord il faut établir une nette différence entre le Rwanda et la RDC. Cet exercice pédagogique poursuit deux finalités. Primo, faire comprendre aux populations Hamites du Congo que ce n’est pas Kigali qui va résoudre leurs problèmes. On ne peut pas indéfiniment vivre en seigneur de guerre au bénéfice d’un autre État contre son pays. Secundo, le pouvoir au Rwanda a été construit sur la violence, sur les oppositions entre Hutu et Tutsi. Ce qui n’est pas le cas pour la RDC. Il faut d’abord aider le Rwanda à trouver des solutions aux problèmes de la cohabitation entre Hutu et Tutsi. Il n’y a que le dialogue et la réconciliation comme thérapie à des tensions ethniques.
Nicaise Kibel’Bel Oka, journaliste d’investigation et auteur du livre, en méditation. Archives Les Coulisses).
Q. : Apparemment vous êtes le seul à faire ce diagnostic. N’est-ce pas que vous rêvez ?
N.K.O. : C’est le vrai diagnostic pour une paix dans la région. Et je ne suis pas le seul. De nombreux rwandais (Hutu comme Tutsi) sont convaincus qu’il faille un dialogue pour une réconciliation au Rwanda. Ceci, pour éviter le cycle infernal de tensions et de guerre. Aucune ethnie ne prendra indéfiniment le dessus sur l’autre.
L’ex-président Hutu du Rwanda, Pasteur Bizimungu, prédécesseur de Paul Kagame, a exprimé ce regret devant le Parlement avant d’être démis.
Q. : « Toutes les composantes au niveau national ne se sentent pas représentées dans l’autorité du Rwanda ».
Et d’ajouter à notre micro en 2001 : « Ce qui a déchiré le Rwanda, c’est plus particulièrement l’exclusion de certaines sections de la population. Pendant 150 années, se sont succédé des luttes de pouvoir entre les élites tutsi et hutu. Chaque fois que l’une arrivait au pouvoir, elle monopolisait à son profit excluant d’autres tout en violant les droits fondamentaux. Le FPR a suivi malheureusement le sentier bâti.
De par l’histoire de notre pays, il est démontré que les gens qui se sont emparés du pouvoir par la force militaire n’ont jamais réussi quelle que soit la durée au pouvoir. Toute exclusion mène forcément à la force ».
Au Rwanda, comme l’écrit Gaël Faye dans son livre « Jacaranda » : « La paix n’est qu’une guerre suspendue ». Le cycle de violence au Rwanda n’est que momentanément suspendu.
Q. : Votre livre parle de l’impunité dont jouit le régime de Kigali. Pourquoi les deux poids, deux mesures ? Pensez-vous que l’Occident ne comprend pas le drame de la région ?
N.K.O. : Les Occidentaux jouent au sapeur-pompier pour maintenir les tensions qui garantissent leurs intérêts. En choisissant le « Bon » et le « Mauvais » au Rwanda, ils ont tout fait pour que le FPR ne puisse jamais répondre de ses actes devant la justice internationale. Ce qui lui donne la force de narguer les autres. La logique des Occidentaux ne résiste pas à la logique normale. Prenez le cas de l’Ukraine. Ils livrent des armes à l’Ukraine mais lui interdisent de frapper des cibles russes. C’est exactement un embargo qui ne dit pas son nom. C’est le même cas avec la RDC. On nous impose de négocier avec le Rwanda qui occupe des pans entiers de notre territoire. Qui arme le Rwanda ?
Notre livre essaie de passer au peigne fin cette mésaventure tout en épinglant aussi les faiblesses dans notre système de défense qui est resté dans le ghetto et aujourd’hui incapable de faire face aux menaces actuels et à venir. Ce livre baigne dans la couleur locale. Mon livre est un appel à la prise de conscience contre l’instrumentalisation rwandaise et à la mise en place d’un système de défense digne du Congo. Rome a été hospitalière tout en étant expansionniste.
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A bâtons rompus avec Nicaise Kibel’Bel Oka
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