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Kinshasa: 250 filles ex Kulunas ont enterré leur ancienne vie de violence ce mercredi à Kinsuka !
Un événement haut en couleur a été organisé ce mercredi 9 mars 2022 à l’Espace Tatem à Kinsuka où 250 jeunes filles, anciennes membres des gangs de délinquants de la capitale, communément appelés » Kulunas », ont décidé de renoncer publiquement aux activités illicites d’antan qui les caractérisaient. Témoins de l’événement : une délégation des partenaires suédois ayant contribué à ce succès.
Au cours de cette descente de terrain, plusieurs ex Kulunas ont témoigné de la qualité de la formation qu’elles ont reçue et qui leur a permis aujourd’hui de se réinsérer dans la société. » J’ai personnellement abandonné le trottoir et surtout la drogue. Je suis rentrée dans la parcelle familiale où je me suis décidée de prendre soin de mes deux enfants en exerçant un commerce qui me permet de une vie saine… », a déclaré Judith M., ancienne enfant vivant dans la rue, aujourd’hui transformée en vendeuse d’eau potable.
Notons que cette visite de terrain de cette délégation avait pour objectif d’évaluer le progrès réalisé par le projet triennal de WFAD (Fédération mondiale contre la drogue) financé par la coopération suédoise. Ce projet mis en oeuvre avec les partenaires locaux Syfes, Dasod et Interactions RDC vise à aider les jeunes kulunas à quitter les écuries et empêcher les autres de rejoindre ces écuries en les accompagnant mentalement et psychosocialement pour abandonner la drogue et la violence urbaine pour une autonomisation par la suite à travers les emplois, les formations et les activités créatrices de revenus. Dans le lot de ces activités, il y a la mise en place d’un forage d’eau dans la commune de Makala.
La délégation suédoise était composée de Madame Karin Anderson/ Directrice régionale adjointe à Sida(Agence suédoise de développement et coopération Internationale) pour la région Afrique; madame Magdalena Tham Lindell, Directrice au Département pour le développement international de FBA- Agence suédoise pour la paix, la sécurité et le développement, M. Léonard Forsberg, Chef de programme Senior à l’Ambassade de la Suède en RDC et Madame Charlotte Makulu, Manager à l’Ambassade de la Suède en RDC.
Rappelons que chaque année, 500 kulunas, soit 250 filles et 250 garçons, sont encadrés dans un projet qui a pour objectif d’encadrer un total de 1500 kulunas pour leur réinsertion dans la société afin de contribuer à la paix dans les familles et communautés. Ceci grâce à l’appui financier de la Coopération suédoise et la supervision de WFAD dont le bureau pays est dirigé en RDC par M. Dandy Yela Y’Olemba. » Nous sommes heureux de constater cette volonté affichée par ces jeunes filles qui ont décidé d’abandonner leur ancienne vie. Nous sommes déterminées à les accompagner dans ce changement positif. C’est bien de voir des anciennes Kulunas redevenir des citoyennes ordinaires… », a déclaré le Directeur Pays, Dandy Yela Y’Olemba.
Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET
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Guerre du M23/Rwanda : Des milliers de personnes fuient les combats en direction de Goma et au-delà
Les violents affrontements autour de la localité de Sake, dans l’est de la RDC, qui opposent l’armée congolaise, appuyée par ses alliés locaux, et le M23, soutenu par le Rwanda, poussent des milliers d’habitants de la région à fuir les combats. Si la plupart vont chercher refuge à Goma, le chef-lieu de la province du Nord-Kivu situé à seulement une vingtaine de kilomètres de là, d’autres préfèrent aller au-delà et franchir la frontière avec le Rwanda. Reportage.
À Goma, en RDC, l’angoisse est palpable sur la route principale qui relie les quartiers de Ndosho et de Katindo. Des colonnes de déplacés circulent à pied, à moto ou en bus en direction du chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Désespérées, Alice et Kanyere racontent leur calvaire. « Il y a de nombreuses détonations et des avions qui bombardent là d’où nous venons. Il y a aussi beaucoup de militaires sur la route. Tout le monde s’enfuit ! », confie la première. « Beaucoup de bombes explosent et les balles sifflent. Nous avons dû quitter les huttes de notre camp, témoigne la seconde, dépitée, avant de poursuivre : je n’ai pas de famille à Goma. Il faut que le gouvernement termine la guerre ! »
Âgé d’une trentaine d’années, Haguma Banga marche, lui, avec un matelas sur la tête. Après avoir fui Sake, il est toujours sans nouvelle de sa famille. « Je ne sais pas où sont ma femme et mes cinq enfants. Ce serait un miracle de les retrouver », se désole-t-il.
A l’hôpital CBCA Ndosho, le personnel soignant s’active pour recevoir les blessés qui affluent également en masse, comme Mariam Kashindi, 22 ans, qui a quitté Sake en urgence après avoir reçu un éclat d’obus dans le bras. « Nous avions commencé à fuir, nous étions devant le marché de Mubambiro quand ma fille a été touchée par une bombe dont les éclats m’ont atteint, raconte-t-elle avant de poursuivre : nous fuyons le M23. J’ai trois enfants. L’un a été blessé, quant à l’autre, je ne sais pas où il est ».
« Nous étions un groupe de femmes, plusieurs sont mortes sur le coup »
Un peu plus loin, Neema Jeannette pleure allongée sur un lit. Elle a été touchée par une explosion alors qu’elle se trouvait avec un groupe d’amies. « Une bombe est tombée sur nous. Nous étions un groupe de femmes, plusieurs sont mortes sur le coup. Moi, je suis la seule survivante. Je remercie le CICR de m’avoir prise en charge à l’hôpital », sanglote-t-elle.
Cheffe de la sous-délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Nord-Kivu, Miriam Favier explique que l’établissement a été contraint d’activer ses quatre blocs opératoires en raison de l’afflux de blessés. « Depuis ce matin, plus de 70 patients sont déjà arrivés et ce n’est pas fini. C’est assez inquiétant », déplore-t-elle.
Si, à Goma, les autorités militaires comme la société civile appellent au calme, des écoles et plusieurs boutiques ont toutefois fermé leurs portes, tout comme l’Institut français, qui a décidé de suspendre temporairement ses activités. Les billets de tous les spectacles annulés seront intégralement remboursés, explique la structure dans un communiqué.
« Même ici, on vient d’entendre un obus tomber »
Anticipant une nouvelle dégradation de la situation sécuritaire, certains habitants ont, quant à eux, décidé de prendre les devants et sont passés au Rwanda voisin, où ils ont trouvé refuge dans la ville frontalière de Rubavu pour la plupart. « Mon mari habite ici, il m’a dit de le rejoindre pour fuir la panique qui s’empare de la ville de Goma », déclare ainsi Amina, une valise à la main et accompagnée de ses deux enfants.
Innocent, lui, a trouvé une chambre dans un hôtel. « Il y avait foule au niveau de la douane, c’était plein à craquer, rapporte-t-il. Alors, quand on a des enfants en bas âge, on ne va pas attendre la dernière minute pour partir, car on ne sait pas vraiment ce qu’il va se passer, on n’est pas sur la ligne de front. Même ici, on vient d’entendre un obus tomber, alors imaginez : quand on est à Goma, c’est comme si l’explosion avait lieu dans la parcelle d’à côté. Voilà pourquoi on a décidé de partir » poursuit celui-ci.
Comme beaucoup d’autres habitants du chef-lieu du Nord-Kivu, Innocent prévoit de rester à Rubavu, le temps de voir comment évolue la situation, avec l’espoir de pouvoir rentrer chez lui le plus rapidement possible.
RFI
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