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Kenge Mukengeshayi sonde l’ultime slogan : « Le Congo aux Congolais ! »

Après son analyse de la semaine dernière sur le déroulement de la campagne électorale et les chances du chef de l’Etat actuel de se succéder à lui-même, nous avons une nouvelle fois sollicité Jean Kenge Mukengeshayi pour jeter avec lui un regard sur la troisième semaine de campagne électorale qui a commencé. Entre les lignes, on croit lire une conviction forte. A savoir que les jeux sont déjà faits.
CONGOPROFOND.NET : Jean Kenge Mukengeshayi, voici que nous abordons la troisième semaine de la campagne électorale. Quel est votre regard ?
Kenge Mukengeshayi : Ma conviction est que les jeux sont déjà faits. La plupart de nos compatriotes ont pris leur décision sur la base d’analyses et de convictions fortes. Il reste maintenant à séduire les indécis, une catégorie des gens plus enclins à suivre le mouvement de la foule qu’à se déterminer par eux-mêmes. Mais les foules, on a vu la dynamique depuis le début. Il y a comme une lame de fond.
CONGOPROFOND.NET: Expliquez-vous.
KGM : Sauf à passer par la case des assassinats qui risquent de brûler le pays, l’échec des recettes offertes par les experts occidentaux oublie une dimension essentielle. A savoir que l’âme des Africains s’est forgée sur base des frustrations, des blessures, du désir de revanche et d’affirmation. Il suffit qu’un leader sache parler ce langage et tenir ce discours pour être suivi. Il suffit que ce leader représente ce que l’histoire a produit comme attentes et espérances pour que la mayonnaise tienne.
CONGOPROFOND.NET : Que donne cette théorie appliquée à la situation de la RD Congo ?
KGM : Premièrement, qu’un leader n’émerge pas à la faveur des circonstances. C’est un long processus de représentation, d’identification et de projection. Deuxièmement, que plus on agresse ce leader, plus des foules de plus en plus hystériques s’attachent à son combat. C’est de la simple psychologie.
CONGOPROFOND.NET: la troisième semaine de la campagne qui a commencé correspond à quelle étape de ce processus psychologique ?
KGM : Nous sommes maintenant dans la ligne droite. Les convictions se sont déjà formées pour l’essentiel. On a déjà entamé puis dépassé l’apogée du processus. Il ne reste plus que la stabilisation, la consolidation et le ratissage. L’insistance, notamment, de Félix Tshisekedi sur le Grand Equateur, la Grande Orientale et le Kongo Central obéit à cette logique qui correspond à une extraordinaire débauche des moyens et d’énergie. Le « Kivu Holding », le Grand Katanga et le Grand Bandundu constitueront les étapes majeures de cette consolidation. Le Grand Kasaï et Kinshasa seront les principales étapes du ratissage, tant ils constituent des bastions historiques…Ce ratissage concernera aussi les candidats qui vont commencer à se rallier d’une manière ou d’une autre à Félix Tshisekedi après la militaire et diplomatique qui est en train de se dessiner.
CONGOPROFOND.NET : Tout est donc parfait dans la campagne de Félix Tshisekedi ?
KGM : Pas du tout. Il s’agit d’une œuvre humaine. Il y a sans doute eu des faiblesses dans l’organisation de la campagne et dans la communication. L’essentiel a cependant été fait. On ne jettera pas le bébé avec l’eau du bain, surtout que la campagne ne s’arrêtera pas aux élections. Celle-ci devra se poursuivre pour offrir la meilleure image possible du vainqueur et soutenir la mise en œuvre de son programme. Les critiques serviront par conséquent de révélateur pour les mises en place et le casting à opérer après la victoire. Sans euphorie excessive mais avec un sens élevé de responsabilité. On se souviendra, s’agissant de Félix Tshisekedi, que ce sera son dernier mandat. Certains compatriotes, s’ils ont le sentiment d’avoir perdu pour rien dix années de leur vie, seront encore plus impitoyables si des correctifs ne sont pas apportés dans la démarche globale.
CONGOPROFOND.NET : quels sont les facteurs qui vous semblent avoir été déterminants dans les dernières évolutions ?
KGM. : Commençons par une observation. La dernière posture adoptée par l’Union Européenne dans sa démarche pour l’observation des élections est la preuve qu’elle a parfaitement décrypté le message du terrain et qu’elle ne peut continuer dans sa conspiration sans s’opposer brutalement aux Congolais et s’aliéner l’opinion nationale dans sa majorité. Cela étant, trois autres facteurs me semblent avoir scellé définitivement le cours des événements. D’abord, contrairement à l’opinion répandue, le passage du directeur des renseignements américains au début de la campagne a été l’occasion pour le chef de l’Etat congolais de réaffirmer, preuves à l’appui, le fait que c’est le Rwanda qui a attaqué la RDC et qui entretient un corps expéditionnaire dans notre pays, pas le contraire. La désescalade devrait donc commencer par les décisions pertinentes de Kigali. Deuxième facteur : la confusion dans le déploiement de la mission d’observation de l’UE a confirmé non seulement que celle-ci était engagée dans une vaste conspiration, mais surtout qu’elle n’a plus que le choix de se repentir pour espérer se réconcilier avec les Congolais. Combinée avec la victoire militaire qui est en train de se dessiner sur le terrain, cette évolution permettra à Félix Tshisekedi de se vêtir du costume du héros et de communier davantage avec les Congolais. Enfin, il y a une dimension spirituelle importante qu’il ne faut pas négliger. Les Congolais continuent de dédier leur pays à Dieu, dont les lois et les voies sont insondables. C’est un facteur d’union et de cohésion spirituelle qui a été scellée avec le pèlerinage effectué par Félix Tshisekedi la semaine dernière à Nkamba. Ce qui devrait, en plus, constituer pour lui un réservoir électoral important des voix kimbanguistes là où d’autres confessions religieuses ne sont pas en mesure d’être suivies à l’esprit et à la lettre par leurs fidèles. Il faudra y ajouter l’apport des églises dites de réveil régulièrement humiliées par les églises catholique et protestante.
C : Tout est donc bien qui évolue bien ?
KGM. : Il faudra encore et toujours faire preuve de vigilance. Les risques et les menaces ne vont en effet pas manquer. Il faudra aussi faire preuve de sagesse pour accueillir ceux des candidats et de nos compatriotes qui vont tenter de rallier l’attelage, y compris ceux qui ont insulté et menti. La réconciliation est une condition sine qua non pour sceller la cohésion nationale et lancer définitivement la RDC sur la voie de l’émergence. Il faudra enfin éviter l’arrogance et la tentation d’humilier les autres.
CONGOPROFOND.NET: C’est tout comme recette à cette étape de la campagne ?
KGM. : Sans doute pas. A l’étape de la consolidation des acquis, il faut souder les Congolais. Il faut un message fort pour les convier à se mobiliser sans relâche, à s’identifier à leur pays, à leur héros, à l’urgence et à la nécessité de défendre leur pays envers et contre tous, y compris contre l’infiltration qui nous a fait tant de mal, mais aussi contre ceux d’entre nous qui ont la vocation d’être les représentants de l’étranger. L’ultime slogan de mobilisation et de ralliement, à ce stade, devra donc être « Le Congo aux Congolais ! »
Propos recueillis par Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET
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Kinshasa : Le braqueur « Congo » balance tout et accuse des officiers supérieurs

Pris en flagrant délit lors d’une tentative de braquage ratée à Mont-Ngafula, le tristement célèbre braqueur « Congo » fait des révélations explosives depuis son lit de douleur. Il met en cause plusieurs hauts gradés de l’armée et de la police, accusés d’être les cerveaux de ses opérations criminelles.
Il est allongé au sol, blessé, le souffle court. La vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux montre « Congo », l’un des braqueurs les plus redoutés de Kinshasa, confessant avec une étonnante lucidité les dessous de ses crimes. Ce bandit multirécidiviste, arrêté pour la troisième fois, parle sans filtre : noms, opérations, complicités internes… tout y passe.
Selon ses dires, plusieurs attaques à main armée survenues à Lemba, en avril et juin 2025, ont été organisées par un certain Colonel Ramazani, présenté comme le cerveau de l’opération. Il cite également un commandant Imoti, chef d’escorte, comme celui qui aurait facilité son évasion de l’auditorat militaire le mois précédent, en échange de 1 200 dollars américains envoyés via Mobile Money. « Mon complice Panzu avait pris une arme à un militaire, et moi, je suis allé chercher une moto pour le transporter », confesse-t-il, visiblement affaibli.
« Congo » affirme que lors du braquage d’un shop au terminus de Lemba, ils étaient sept membres du gang, dont lui-même, John, Éric, Samson, Danny, Jonathan, etc. Certains seraient des conducteurs de taxi-motos. Cette même équipe serait responsable du braquage d’une chambre froide à Lemba, d’un autre forfait à Salongo, à la terrasse du boxeur Martin Bakole, etc.
A Lemba, indique-t-il, c’est son complice Panzu qui avait abattu un policier voulant intervenir.
Balançant ses deux autres complices, Éric et Samson, Congo précise qu’ils sont en l’instant en fuite à Mbuji-Mayi, alors qu’un autre est à Boma. « A UPN, c’est une équipe dirigée par Muluba qui est auteur du braquage spectulaire qui y a eu lieu… »,a-t-il déclaré.
Fin de cavale à Mont-Ngafula
Le jeudi 12 juin 2025, le gang a tenté un nouveau coup à Mont-Ngafula, précisément dans le quartier Masangambila, sur l’avenue Tshakwiva. Mais cette fois-ci, leur cavale s’est heurtée à la réactivité des unités de la Police nationale congolaise.
C’est après une course-poursuite engagée sur la route By-pass, à la hauteur de l’arrêt « Bel Air », que la voiture des braqueurs, en mauvais état, est tombée en panne. Une aubaine pour les forces de l’ordre qui ont rapidement maîtrisé la situation. Grièvement blessé par balle, le chef du gang « Congo » a été capturé sur-le-champ.
Les habitants du quartier ont salué la rapidité et l’efficacité des policiers, alors que l’enquête a été confiée aux autorités compétentes.
Des complicités au sommet ?
Les accusations de « Congo » jettent une lumière crue sur l’ampleur des complicités au sein même de l’appareil sécuritaire. Si ses dires sont confirmés, il s’agirait d’un véritable réseau mafieux mêlant criminels de terrain et officiers en uniforme.
La Police nationale appelle à la vigilance et à la collaboration de la population pour faire tomber ces réseaux tentaculaires et rétablir la sécurité dans la capitale congolaise.
Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET