Politique
Ituri : 4 groupes armés locaux signent, à Aru, un protocole d’accord pour la paix et la sécurité
FRPI, FPIC, URDPC/CODECO et MAPI, quatre des groupes armés locaux opérant en Ituri ont signé, le jeudi 1er juin 2023, un protocole d’accord au chef-lieu du territoire d’Aru dans la province de l’Ituri. C’était en présence du commandant 32ème région militaire qui présidait les assises, la MONUSCO, les administrateurs des territoires et d’autres parties prenantes.
À travers cet accord, ces miliciens manifestent leur ferme détermination à cesser toutes les violences contre les civils; Laisser la libre circulation des personnes et de leurs biens; Faciliter le retour des déplacés ; Ne plus circuler avec des armes ou indices militaires; Matérialiser leur adhésion au P-DDRCS et autres.
Ces miliciens se sont aussi dits disponibles pour participer à la défense de la patrie conformément aux textes légaux en la matière.
Cependant, ces engagements doivent être mariés aux actes pour effectivement offrir une nouvelle ère à la province de l’Ituri. Estimant que la solution ne viendra que des Ituriens, le Général Major Peter Chirimwami y croit. Lui qui a eu le privilège de représenter l’autorité provinciale, le lieutenant-Général Luboya N’kashama Johnny.
Notons que la signature de ce protocole d’accord trouve un écho favorable chez Christophe Munyanderu. Cet activiste de la CRDH IRUMU attend, cependant, voir ces engagements être respectés sur terrain.
Satisfaction aussi du côté du territoire de Djugu où opère notamment la CODECO.
Le député provincial Mugisa Byarufu, élu du coin, insiste «qu’aussi longtemps ces miliciens sont cajolés par le gouvernement, la population ne sera pas à l’abri». Pour lui, les miliciens doivent être forcés à déposer les armes.
Débutés le 26 mai, ces assises se sont clôturées le 1er juin 2023.
Verite Johnson/ CONGOPROFOND.NET
Actualité
Kisangani : Quand les victimes de la guerre de 6 jours se rebellent contre la corruption au FRIVAO
Un quart de siècle après le drame, les survivants handicapés refusent le silence et interpellent l’État sur la justice qui leur échappe encore._
Sous le soleil pesant de la Tshopo, ce week-end, ils sont venus, béquilles et cicatrices en avant, porter une même plainte, celle de la dignité bafouée. Les victimes de la guerre de 6 jours, ce conflit sanglant de juin 2000 qui avait opposé les armées rwandaise et ougandaise au cœur de Kisangani, ne demandent plus la pitié. Elles réclament des comptes.

Devant le ministre d’État en charge de la Justice, Guillaume Ngefa, un groupe de survivants a brisé le silence. Ces hommes et femmes, marqués à vie par la guerre, dénoncent aujourd’hui un nouveau fléau : la corruption au sein du Fonds pour la Réparation et l’Indemnisation des Victimes de l’Agression Ougandaise (FRIVAO). « Nous sommes venus voir le ministre pour lui montrer une situation indécente qui se passe ici à la Tshopo », confie Moïse Ndawele, amputé de la jambe droite depuis cette guerre.
« Les agents du FRIVAO nous réclament 500 dollars américains pour être enregistrés sur les listes d’indemnisation. Et si tu n’as pas cet argent, ils te proposent d’y figurer en échange de la moitié de ton indemnité. »
Un témoignage glaçant, partagé par de nombreuses autres victimes.
Ces pratiques présumées ternissent le visage d’un programme censé incarner la justice réparatrice voulue par l’État congolais. Pour ceux qui ont tout perdu, l’attente d’une compensation tourne à la désillusion, voire à l’humiliation.
Face à la gravité des faits rapportés, le ministre Guillaume Ngefa a promis d’agir. Selon les plaignants, il aurait assuré qu’il portera le dossier au Conseil des ministres et qu’il s’engage à « remettre de l’ordre » dans cette affaire. Une promesse saluée avec prudence par les victimes, qui redoutent que le dossier ne s’enlise dans les méandres administratifs, comme tant d’autres avant lui.
Mais à Kisangani, l’heure n’est plus à la résignation.
Les survivants de la guerre de 6 jours, dont beaucoup vivent aujourd’hui dans la pauvreté et l’oubli, veulent croire que leur combat pour la reconnaissance et la justice trouvera enfin un écho réel au sommet de l’État. « Nous ne voulons pas de faveur, seulement la justice. Nous avons assez attendu », lance l’un d’eux, le regard ferme.
À travers leur voix s’exprime toute une génération de Congolais meurtris, témoins d’un passé sanglant mais toujours debout, décidés à ne plus être les oubliés de l’histoire.
Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET
